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2019, l'année de toutes les manifestations ?

L'année 2019 a été marquée par de nombreux mouvements de protestation à travers le monde. Malgré leur diversité, ceux-ci ciblaient généralement la classe politique et les gouvernements, le plus souvent suite à des lois augmentant le coût de la vie.

De la France à la Bolivie, de Hong Kong à Alger, les quatre coins du monde ont, au cours de l'année écoulée, été le théâtre de manifestations dirigées contre les gouvernements en place, et plus généralement contre la classe politique. Si les revendications des protestataires étaient diverses (protestation contre la hausse du niveau de vie, la perte de pouvoir d'achat, ou la corruption généralisée des gouvernants, mais parfois aussi défiance envers le gouvernement en place), ces mouvements traduisaient la plupart du temps un sentiment de déconnexion entre la classe politique et la population. Tandis que la réponse sécuritaire du pouvoir s'abattait parfois sur les manifestants, les différents mouvements ont souvent été marqués par des affrontements avec les forces de l'ordre, provoquant, tous pays confondus, des dizaines de morts, des milliers de blessés et encore davantage d'individus interpellés. Que retenir des principaux mouvements sociaux qui ont agité cette année 2019 ? 

France

Gilets jaunes

Le 16 novembre, le mouvement des Gilets jaunes a célébré son premier anniversaire au cours de l’acte 53. Un an avant, c'est la nouvelle taxation sur l'essence en 2018 qui avait été la goutte faisant déborder le vase pour une partie de la population française. Il n'aura pas fallu davantage pour que la contestation explose publiquement. Peu concernée par les dynamiques des métropoles, cette frange importante de la population a vu au fil des années – bien avant l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron – la situation sociale et économique se compliquer. La politique macronienne de mai 2017 à septembre 2018 n'a fait que confirmer la tendance : hausses continues du prix de l'électricité ou du gaz, stagnation des salaires, baisse du pouvoir d'achat des petits retraités, guerre contre la voiture diesel (largement adoptée par les non-urbains pour sa rentabilité), limitation des routes nationales à 80 km/h (impactant davantage les zones rurales), entre autres.

En un an de mobilisation sociale des Gilets jaunes, 11 personnes ont perdu la vie en marge du mouvement (dans des circonstances diverses), au moins 4 439 individus ont été blessés, selon un décompte du ministère de l'Intérieur arrêté au 4 octobre cité par L’Express, dont 2 495 côté Gilets jaunes et 1 944 du côté des forces de l’ordre. Parmi les manifestants blessés, au moins 24 ont été éborgnés, cinq ont perdu une main, un a été amputé d’un testicule et un autre a perdu l’odorat, d’après le journaliste indépendant David Dufresne. Par ailleurs, parmi les manifestants Gilets jaunes, au moins 12 107 individus ont été interpellés, dont 10 718 ont été placés en garde à vue, toujours d’après la place Beauvau, citée par L’Express. Le ministère de la Justice fait état de près de 2 000 condamnations qui s'ajoutent à ce tableau, dont 40% à de la prison ferme, tandis que de nombreuses affaires ont été classées sans suite.

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Grève intersyndicale illimitée

Moins d’un mois après l’anniversaire des Gilets jaunes, 800 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, et environ 1,5 million selon la CGT, sont descendues dans la rue, le 5 décembre partout en France, marquant le début d'un nouveau mouvement social français, désormais plus long que la grève de 1995. Des secteurs entiers d'activité ont tourné (et continuent à tourner) au ralenti dans le cadre d'une mobilisation massive contre la réforme des retraites prônée par Emmanuel Macron.

Le mot d'ordre : le retrait pur et simple du projet gouvernemental de réforme des retraites, tel que présenté par Edouard Philippe. La réforme avait par ailleurs été fragilisée par la démission, le 16 décembre, du Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye après des révélations concernant ses activités et mandats non déclarés, sur fond de soupçon de conflit d'intérêts. Cheminots, enseignants, mais aussi avocats et magistrats, sont entre autres venus grossir les rangs des manifestants dans l'ensemble du pays. Des internes, médecins et soignants, descendirent également dans la rue pour réclamer davantage de moyens pour les hôpitaux.

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Algérie

L'Algérie a connu cette année une effervescence politique, notamment via le puissant mouvement de contestation du Hirak qui secoue le pays depuis le 22 février, et d'une ampleur jamais vue depuis plusieurs décennies. A la mi-février démarraient des manifestations massives à travers tout le territoire pour protester contre le fait que le président Abdelaziz Bouteflika, lourdement handicapé par un AVC en 2013, ait voulu à nouveau se présenter pour briguer un cinquième mandat à l'élection présidentielle qui devait se tenir initialement le 18 avril.

Cette initiative a fait exploser une colère longtemps contenue dans la population algérienne qui soupçonnait les proches d'Abdelaziz Bouteflika et certains généraux d'usurper le pouvoir en se livrant une guerre de clans dont le peuple faisait les frais.

Sous la pression populaire, le chef de l'Etat a renoncé le 11 mars à briguer un cinquième mandat à la tête du pays. Forts de cette victoire, les manifestants réclament notamment la fin d’un système politique considéré comme inique, le départ de l’ensemble de la classe politique et une transition politique.

Aux traditionnelles manifestations bihebdomadaires du mardi et du vendredi, s’était ajoutée, du 8 au 12 décembre, une grève générale : dans certaines régions du pays, notamment en Kabylie, la plupart des commerçants ont décidé de cesser leurs activités pour s'opposer au scrutin tout en diversifiant leur action de protestions. C'est dans ce contexte particulièrement tendu que s'est tenue l'élection présidentielle algérienne le 13 décembre. Alors que l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a proclamé la victoire d'Abdelmadjid Tebboune, les opposants au scrutin poursuivent leur mobilisation dans plusieurs villes du pays. 

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Hong Kong

A l’occasion du 70e anniversaire de la République populaire de Chine, Hong Kong traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession par le Royaume-Uni en 1997. Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue dès le 9 juin pour protester, au départ, contre un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine, que l'exécutif local a finalement retiré.

Les manifestations massives, d'abord pacifiques, se sont ensuite transformées en affrontements de plus en plus violents entre certains protestataires et les forces de l'ordre. A tel point que les manifestants ont intégré dans leurs revendications, en plus de l’introduction du suffrage universel, l'ouverture d'une enquête «indépendante» concernant l'usage de la force par la police hongkongaise. Les protestataires ont eux aussi eu recours à la violence, certains ayant même emporté avec eux des arcs et des flèches lors des manifestations.

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Venezuela

Les convulsions qui ébranlent le Venezuela ne cessent de s’accentuer. Depuis la mort de Hugo Chavez en 2013, une crise politique s’additionne à une situation économique désastreuse, résultant notamment des lourdes sanctions économiques infligées par les Etats-Unis. Les revenus pétroliers, principale ressource du pays, en chute libre et l’hyperinflation provoquent de graves pénuries alimentaires et de médicaments, ainsi que l'exode de plusieurs millions de Vénézuéliens. De plus, en août dernier, les Etats-Unis, qui ne font pas mystère de leur volonté de voir tomber le gouvernement de Nicolas Maduro, déclaraient le gel total des avoirs du gouvernement vénézuélien, plaçant le pays dans la même situation d'embargo total que la Corée du Nord ou Cuba.

Alors que l’investiture, le 20 mai 2018, de Nicolas Maduro pour un second mandat est contestée, l'opposant pro-étatsunien Juan Guaido s'autoproclame président de la République par intérim le 23 janvier 2019, sans toutefois posséder de pouvoir effectif. Dans la foulée, Juan Guaido est reconnu dans ses fonctions autoproclamées par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, la Colombie, le Pérou ou encore la France, tandis que des pays comme la Russie, la Chine ou la Turquie ne reconnaissent que le seul président élu de ce pays, Nicolas Maduro.

La crise présidentielle au Venezuela a provoqué une série de manifestations et parfois d'affrontements, les rassemblements de soutien au dirigeant socialiste alternant avec ceux de l'opposition. Des morts et des blessés sont à déplorer. De son côté, l'armée vénézuélienne, le Tribunal suprême de justice et l'Assemblée nationale constituante continuent à soutenir Nicolas Maduro.

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Espagne (Catalogne)

La mobilisation qui a secoué la Catalogne a officiellement commencé le 14 octobre quand Tsunami Democràtic, un énigmatique groupe, a diffusé sur l'application cryptée Telegram le mot d'ordre «Tothom a l’aeroport», «Tous à l’aéroport» en catalan. Une réaction à l’annonce du jugement contre les neuf dirigeants séparatistes catalans condamnés le même jour par la Cour suprême d'Espagne à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. S'en sont suivies de nombreuses manifestations, à Barcelone notamment, où de vives tensions ont pu être observées entre les forces de l'ordre et les indépendantistes catalans. 

Par ailleurs, en proie à l'instabilité politique depuis 2015, l'Espagne est retournée aux urnes le 10 novembre, pour la quatrième fois en quatre ans, sept mois seulement après les dernières législatives. Le Parti socialiste (PSOE) du Premier ministre Pedro Sanchez est arrivé en tête. Le parti de droite nationaliste Vox est de son côté devenu la troisième force du Parlement.

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Liban 

Par dizaines de milliers, les manifestants ont envahi régulièrement, en cette fin d'année 2019, les rues de différentes villes du Liban pour exprimer leur colère face à la classe politique, épinglée pour sa conduite des affaires du pays. La genèse de cette série de manifestations remonte au 17 octobre, lorsque le gouvernement libanais a décidé d'imposer une taxe sur les appels effectués via les applications de messagerie instantanée comme WhatsApp, mais aussi sur les cigarettes ou l’essence. Si la mesure impopulaire a été aussi tôt annulée, les Libanais continuent d’exprimer leur ras-le-bol face à une corruption jugée endémique.

Dans le collimateur des contestataires figure en bonne place le gouvernement. «Révolution, révolution», «Le peuple veut la chute du régime» ont été quelques-uns des mots d'ordre scandés dans la rue par les manifestants.

Peu de temps après, le 29 octobre, le Premier ministre libanais Saad Hariri a présenté la démission de son gouvernement au président de la République Michel Aoun. Beyrouth ainsi que plusieurs villes libanaises ont été le théâtre de nouvelles manifestations sporadiques dans la nuit du 12 au 13 novembre à l’issue de l’intervention du président Michel Aoun. Lors d'une déclaration télévisée, celui-ci a notamment proposé la constitution d’un gouvernement composé de technocrates et d'hommes politiques. Une proposition de sortie de crise qui ne satisfait pas nombre de Libanais appelant de leurs vœux un gouvernement composé uniquement d'indépendants et de technocrates.

Le 19 décembre, un nouveau Premier ministre a été désigné, Hassan Diab, sans toutefois satisfaire la rue libanaise. Moins de dix jours après sa nomination, des manifestants se sont effectivement rassemblés devant son domicile afin d'appeler à sa démission. 

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Equateur 

La hausse spectaculaire du prix du carburant de plus de 100% est à l'origine d'une flambée de colère populaire qui se fait ressentir de part et d'autre du territoire équatorien. Le prix du diesel a, lui, plus que doublé, passant de 1,03 dollar à 2,29 dollars, soit une augmentation de 123%. Celle-ci découle d'un accord signé au mois de mars dernier, entre l'actuel président équatorien et le Fonds monétaire international (FMI), prévoyant un programme de réformes économiques échelonné sur trois ans, qui prévoit la suppression des subventions sur les carburants, d'un montant total de 1,3 milliard de dollars.

Cette mesure a provoqué le début d'un mouvement social de grande ampleur. Le secteur des transports, qui réunit plusieurs fédérations dans le pays, a appelé à une grève nationale le 3 octobre et a reçu le soutien d'autres secteurs. Des manifestations ont éclaté dans la quasi-totalité du pays, dégénérant en émeutes, au cours desquelles au moins une trentaine de personnes ont été blessées. Le président de l'Equateur, Lenin Moreno, a alors décrété le 4 octobre l'état d'urgence dans tout le pays «afin d'assurer la sécurité des citoyens et d'éviter le chaos, […] au niveau national»,.

Dans la foulée de l'instauration de l'état d'urgence, l'Equateur a été le théâtre d’impressionnantes scènes de guérilla urbaine. De fait, les forces de l'ordre ont multiplié les interventions dans plusieurs provinces du pays pour tenter de mettre un terme aux blocages de routes et aux manifestations. 

Le président de l'Equateur Lenin Moreno, cible du mouvement de protestation de grande envergure, a quitté Quito, le 7 octobre, accompagné de tout son gouvernement dont il a déplacé le siège à Guayaquil, la deuxième ville du pays située au sud-ouest de l'Equateur. Depuis cette cité portuaire, il a accusé son prédécesseur Rafael Correa et le président vénézuélien Nicolas Maduro d'être derrière les troubles.

Un nouveau décret prévoit l’annulation du décret 883 sur l’essence qui avait provoqué l’insurrection populaire. Néanmoins, le bilan de la crise sociale qui vient de traverser l’Equateur est de huit morts et plus de 1 000 blessés.

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Chili

Incendies, dégradations, affrontements : la situation a brutalement dégénéré le 18 octobre à Santiago, la capitale chilienne, après qu'une augmentation du prix des transports, dont les tickets de métro, a entraîné d'importantes manifestations, les plus impressionnantes connues par ce pays depuis des décennies. En conséquence, le président du pays, Sebastián Piñera, a décrété l'état d'urgence et fait appel à l'armée dès la fin de journée face au chaos qui s'est abattu sur la capitale. 

En raison du mouvement inédit de contestation, le président chilien a annoncé le 30 octobre que son pays renonçait à organiser la Conférence de Santiago de 2019 sur les changements climatiques – la COP25 – qui devait s'y tenir du 2 au 13 décembre, ainsi que le sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC).

Le bilan des manifestations est lourd : plus de 200 éborgnés, 20 morts dont cinq après l'intervention des forces de l'ordre, 3 000 blessés et 15 000 détenus. Malgré cela, les manifestations restent massives. L'Institut national de droits humains (INDH), un organisme indépendant, souligne aussi que «le nombre le plus élevé de décès et la proportion de lésions oculaires et autres blessures» se sont produits pendant la période de l'état d'urgence, qui a duré neuf jours après le début du mouvement social. Au 30 novembre, l'INDH avait déclaré avoir déposé 476 plaintes pour torture, traitements cruels, inhumains ou dégradants, en faveur de 586 victimes, qui désignent des agents de l'Etat comme leurs auteurs. Dans les détails, 433 plaintes visent des policiers, 33 des membres des forces armées et 10 des membres de la police d'investigation.

En outre, le Congrès chilien a adopté le 19 décembre un texte permettant l'organisation le 26 avril 2020 d'un référendum pour savoir si la Constitution héritée de l'ère Pinochet devait être remplacée ou non, ce qui constituait l'une des exigences des manifestants qui ont participé au récent mouvement social au Chili. Ce texte, adopté par 38 voix contre trois, doit toutefois encore être examiné en janvier par le Sénat.

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Bolivie

De violents heurts entre les forces de l'ordre et les opposants au président sortant Evo Morales ont éclaté dans plusieurs villes du pays les 22 et 23 octobre, après la publication des résultats préliminaires de l'élection présidentielle bolivienne. Evo Morales, en poste depuis 2006, avait remporté le scrutin dès le premier tour, avec plus de 40% des voix. Toutefois, les résultats ont été annoncés après une suspension pendant 24 heures du décompte par le Tribunal suprême électoral bolivien (TSE) le soir des élections, le 21 octobre, ce qui est assimilable selon les opposants du président de gauche à une fraude. Un incident qui a suscité de vives accusations de la part du centriste Carlos Mesa, arrivé second, et de l'Organisation des Etats américains (OEA, dont le siège est situé à Washington), qui avait déployé des observateurs sur place. Rapidement, les violences se succèdent : logements de membres du gouvernement incendiés, prises d'otages ou encore humiliations.

A Sucre (sud-est), la capitale constitutionnelle, des manifestants de l'opposition, qui refusent de reconnaître les résultats, ont en outre mis le feu au tribunal électoral départemental. Le local de campagne du parti au pouvoir (le Movimiento al socialismo, MAS) a par ailleurs été saccagé à Oruro (ouest). Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se sont en outre produits à La Paz (ouest) et Potosi (sud-ouest), et des incidents ont été signalés dans les villes de Tarija (sud), Cochabamba (centre) et Cobija (nord).

Le 10 novembre, le président bolivien a annoncé la convocation de nouvelles élections, comme le réclamait l'opposition au début, pour amorcer un retour au calme et enrayer la crise que traverse la Bolivie. Mais cela n'a pas suffi. En effet, pressé de toutes parts, notamment par le chef de l’armée, celui de la police nationale et l’opposition, Evo Morales a annoncé sa démission le même jour lors d'une allocution télévisée. Le dirigeant démissionnaire a dénoncé un «coup d'Etat», qui a par ailleurs a été fustigé par Moscou et nombre de figures de la gauche latino-européenne et européenne.

Depuis le retour de la droite bolivienne au pouvoir, les manifestations de soutien à Evo Morales, brutalement réprimées, se multiplient dans le pays, notamment dans les fiefs indigènes. Les affrontements d’une rare violence entre partisans et opposants du dirigeant en exil n'ont, quant à eux, pas cessé. Au moins 32 personnes ont perdu la vie depuis le début du mouvement contestataire et le Défenseur du peuple, organe public chargé de protéger les droits et libertés des Boliviens, réclame depuis lors qu'une enquête soit ouverte par les autorités intérimaires.

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Iran

Le 15 novembre et pendant deux semaines, des Iraniens sont descendus dans les rues de nombreuses villes du pays pour réclamer l’abrogation d'une mesure gouvernementale visant à augmenter le prix du carburant à la pompe d’au moins 50%. L'administration américaine avait immédiatement apporté son soutien aux manifestants par la voix de Mike Pompeo, ce qui a été dénoncé comme un «complot ennemi» par les dirigeants iraniens. Selon les chiffres officiels iraniens, la vague de contestation a fait cinq morts (un civil et quatre membres des forces de l'ordre) et d'importants dégâts matériels. Le bilan humain est contesté par l’ONG Amnesty International, qui estime, pour sa part, qu'au moins 143 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre. 

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Russie

Chaque samedi à partir du 20 juillet et ce jusqu'en septembre, plusieurs milliers de militants de l’opposition ont défilé à Moscou, après le refus par la commission électorale de valider une soixantaine de candidatures en vue des élections au Parlement de la ville, fixées au 8 septembre. La Commission avait argué que ces annulations étaient liées à des fraudes dans les procédures de recueil des signatures, l'opposition soupçonnant de son côté le maire, Sergueï Sobianine, de vouloir la faire taire. Alors que certaines manifestations ont été autorisées par les autorités de la ville, quelques-unes ont été interdites. Ces dernières ont entraîné plusieurs milliers d'interpellations qui se sont parfois soldées par des procès. Dans certains cas, le parquet demandait jusqu'à 6 ans de prison ferme.

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Soudan

Le président soudanais, Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies a été destitué le 11 avril par l’armée au terme d’un mouvement de contestation populaire. Omar el-Béchir, qui a pris le pouvoir en 1989 par un coup d’Etat, a vu son autorité remise en cause depuis la décision du gouvernement de tripler le prix du pain le 19 décembre 2018. Après avoir décrété l'état d'urgence à l'échelle nationale le 22 février, plusieurs dizaines de milliers de Soudanais se sont mobilisés du 6 avril - anniversaire de la révolte de 1985, qui avait permis de renverser l’ancien chef d’Etat, Gaafar Nimeiry - au 12 avril, pour demander le départ d’Omar el-Béchir. Depuis le début des troubles en décembre 2018, le bilan officiel fait état de 31 morts, selon Libération. L’ONG Human Rights Watch dénombre quant à elle 51 victimes.

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Irak

Le Parlement irakien a accepté le 1er décembre la démission du gouvernement d'Adel Abdel Mahdi, dans un pays traversé depuis le 1er octobre par un mouvement contestataire d'ampleur, qui a donné lieu à des scènes de grande violence, durant lesquelles 420 personnes auraient trouvé la mort et des milliers d'autres ont été blessées, selon l'AFP. Les manifestants ont protesté contre leurs dirigeants politiques, qu’ils jugeaient incompétents et corrompus et contre la déliquescence des services publics, sur fond de lutte d'influence dans ce pays entre les Etats-Unis et l'Iran.

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Alexandre Job