Evo Morales se dit «convaincu» d'avoir été renversé en raison des réserves de lithium de Bolivie
Evo Morales a dénoncé un «coup d'Etat national et international» perpétré contre son parti en vue de prendre le contrôle des réserves de lithium de Bolivie et critiqué le choix de la droite au pouvoir d'adhérer au groupe de Lima sur le Venezuela.
En exil à Buenos Aires, l'ex-président bolivien Evo Morales a accordé un entretien à l'AFP publié le 24 décembre dans lequel il déclaré être «absolument convaincu» qu'un coup d'Etat «préparé à l'avance» a été perpétré contre lui en raison des richesses en lithium que renferment le sol Bolivien.
On sait que nous avons les réserves les plus importantes au monde, 16 000 km2 de lithium
«En tant que petit pays de 10 millions d'habitants, d'ici peu nous allions définir le prix du lithium. On sait que nous avons les réserves les plus importantes au monde, 16 000 km2 de lithium», a-t-il déclaré, évoquant un coup d'Etat perpétré contre son parti.
Premier président indigène de Bolivie, Evo Morales a démissionné le 10 novembre sous la pression de manifestations de l'opposition – qui contestait sa réélection au premier tour pour un quatrième mandat – et après avoir été lâché par l'armée. La crise post-électorale en Bolivie a fait une trentaine de morts et des centaines de blessés.
«Même si on ne compte pas les 226 procès-verbaux mis en cause par le rapport de l'OEA [Organisation des Etats d'Amérique]. Même si ces votes allaient à la droite, nous avons gagné dès le premier tour», a affirmé Evo Morales, convaincu d'avoir remporté haut la main l'élection. Il a appelé de ses voeux à la mise en place d'une «mission [d'observation] internationale» pour les présidentielles à venir sous l'égide «d'organismes internationaux comme le Centre Carter, ou un conseil de Prix Nobel de la Paix, le pape François, les Nations unies ou quelqu'un de reconnu dans le monde».
Dans l'incapacité de rentrer dans son pays où il est sous le coup d'un mandat d'arrêt émis le 18 décembre dans le cadre d'une enquête ouverte pour sédition et terrorisme, l'ancien chef d'Etat a fait savoir que son parti, Mouvement vers le socialisme (MAS), allait désigner un candidat pour le scrutin.
Le groupe de Lima, une perte de souveraineté pour la Bolivie ?
Questionné sur l'adhésion récente de son pays au groupe de Lima, une instance régionale formée en 2017 dans le but de chercher une issue à la crise au Venezuela, l'ancien président bolivien y a vu une renonciation du pays à sa souveraineté.
C'est perdre notre souveraineté et l'indépendance de l'Etat, perdre la dignité et l'identité du peuple bolivien
«Etre membre du Groupe de Lima, c'est comme être membre de l'Alca (Aire de libre-échange des Amériques), c'est être soumis aux politiques des Etats-Unis comme à celles du Fonds monétaire international. C'est revenir en arrière pour la Bolivie, c'est perdre notre souveraineté et l'indépendance de l'Etat, perdre la dignité et l'identité du peuple bolivien», a-t-il déclaré. La droite bolivienne menée par la présidente par intérim Jeanine Añez a opéré en quelques semaines un virage à 180 degrés dans la politique étrangère du pays. La Bolivie a ainsi reconnu Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela contre le président Nicolas Maduro, qui était jusqu'alors soutenu par Evo Morales.
L'enjeu du #Lithium au cœur de la démission forcée d'Evo Morales 🇧🇴 ? #Bolivie#EvoMorales
— RT France (@RTenfrancais) November 28, 2019
(Re)voir 💬 #LaGrandeInterview 📹 :
⏯ https://t.co/fP9cwt2op5pic.twitter.com/CKOQatVdRe
Le Groupe de Lima, auquel la Bolivie est venue se greffer le 22 décembre, comprend une douzaine de pays latino-américains et le Canada, généralement hostiles à Nicolas Maduro à qui ils ont demandé de quitter le pouvoir le 25 février dernier, à l'issue d'une réunion en présence du vice-président américain Mike Pence et de Juan Guaido. En novembre, la Bolivie a par ailleurs nommé un ambassadeur aux Etats-Unis, une première depuis 11 ans et l'expulsion réciproque des représentants des deux pays sous Evo Morales.
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