Violences policières à Aulnay : ni défendre l'indéfendable, ni condamner l'ensemble de la profession

Violences policières à Aulnay : ni défendre l'indéfendable, ni condamner l'ensemble de la profession© GEOFFROY VAN DER HASSELT Source: AFP
Trois policiers surveillent la Cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois après plusieurs nuits de violences.
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Le député UDI Bertand Pancher revient sur les violences en Seine-Saint-Denis depuis l'arrestation et le viol de Théo. Pour lui, dans une société où quartiers et policiers sont sous pression, la transparence et l’honnêteté permettront l'apaisement.

RT France : Théo et sa famille ont appelé à l'arrêt des violences à Aulnay-sous-Bois et dans les villes de Seine-Saint-Denis. De son côté, le gouvernement a déclaré vouloir agir avec fermeté contre les policiers incriminés. Tout cela sera-t-il suffisant pour que ce contexte tendu s'apaise ou se dirige-t-on vers plusieurs nouvelles nuits de débordements ?

Bertrand Pancher (B. P.) : J'espère qu'il y aura maintenant de l'apaisement. J'ai beau être un député de l'opposition, je pense que le gouvernement a bien fait de faire des déclarations de ce type. Il faut réagir lorsqu'il y a des accusations aussi graves. Je pense que c'est comme cela que l'on évite de défendre l'indéfendable et de stigmatiser ce qui ne devrait pas l'être. 

J'ai été frappé par la dignité de la famille de Théo et par sa confiance dans la justice. J'espère que tout cela va se résoudre très rapidement. Que l'on aura les informations nécessaires. Pour l'instant, cette histoire semble très grave et lorsqu'arrivera le moment des sanctions, il faudra les prendre avec beaucoup de fermeté.

Ce n'est pas parce qu'il y a une brebis galeuse que l'ensemble de la profession est à condamner

RT France : Pourrait-on imaginer voir la police officiellement manifester sa désolidarisation envers les policiers incriminés ?

B. P. : Cela ne me choquerait pas. Vous savez, il y a des abrutis partout. Il y en a dans tous les domaines. Je pense que ce n'est pas rendre service aux actions que l'on mène de défendre ce qui est inacceptable. Cela ne veut pas dire que la police n'est pas respectable. Je la respecte profondément. C'est un métier difficile. Mais ce n'est pas pour cela non plus que ces gestes ne sont pas condamnables. Il faut réagir avec honnêteté et lucidité. Ce n'est pas parce qu'il y a une brebis galeuse que l'ensemble de la profession est à condamner. Je suis au quotidien le travail des policiers, notamment dans des quartiers compliqués. Je leur rend un grand hommage. Mais s'il y a des actes indéfendables, il ne faut pas les défendre.

RT France : Vous avez réagi sur Twitter en parlant de «quartiers, de policiers et d'une société sous tension». Dans ce climat de défiance et d'insécurité ressenti de tous les côtés, comment recréer des liens de confiance entre forces de l'ordre et citoyens ?

B. P. : Il faut de la transparence en permanence dans les actions que l'on mène. Je pense qu'on a un rapport à reconstruire avec notre démocratie en général. Les citoyens sont de plus en plus formés et informés. Ils ont une vraie soif de justice et il faut rendre hommage à cette attente. Il faut traiter tout cela avec de la dignité et du respect. Avec nos valeurs. Tout cela passe par une grande transparence généralisée. L'attente est réelle.

On ne peut pas mettre des caméras partout et tout surveiller

RT France : De nouvelles mesures pourraient-elles permettre cette plus grande transparence ? Des caméras embarquées sur les policiers lors de leurs interventions ?

B. P. : Le risque zéro n'existe pas. Il faut faire très attention à ce que les remèdes ne soient pas plus compliqués à mettre en oeuvre. Il faut garder en tête le fait que nous ne vivons pas dans un monde parfait. Le risque serait de voir des mesures jusqu’au-boutistes entraîner des procédures et des coûts financiers exorbitants qui s'avèreraient finalement contreproductifs ou impossible à mettre en place. Il faut se faire confiance et essayer en permanence d'améliorer nos dispositifs. Notre police a l'effectif que l'on connait et qu'on ne peut augmenter continuellement. On ne peut pas mettre en permanence les moyens partout et dans tous les domaines. Il est vrai qu'il y a des solutions comme les caméras embarquées. De telles mesures ne peuvent pas être mises en place dans n'importe quelle condition et ne régleront pas tout. On ne peut pas ni mettre des caméras partout, ni tout surveiller. C'est malheureusement la réalité. Il faut essayer d'améliorer nos systèmes, notamment d'intervention, qui sont perfectibles. Il faut également prendre le temps d'expliquer à nos citoyens comment l'on agit. Nous vivons dans une société qui est tellement sous tension, qu'il faut expliquer qu'on ne traite pas de manière systématique telle ou telle catégorie. Ce serait tellement réducteur. Il ne faut pas se lancer dans des mesures qui n'auront de sens qu'à exacerber les tensions.

Tous les problèmes ne se règlent pas uniquement à l'aune de l'augmentation des moyens

RT France : Jusqu'à présent, dans la campagne présidentielle, les débats autour de la police et des quartiers difficiles se sont cristallisés sur la question des effectifs. A la lueur des événements d'Aulnay, doivent-ils se concentrer sur celle de la formation ?

B. P. : On ne réglera pas tous les problèmes de la police uniquement avec les effectifs. Quant à la formation, il y a déjà beaucoup d'efforts effectués en ce sens. La professionnalisation s'améliore en permanence. Il faudrait peut-être adapter tout cela selon les circonstances ; ajouter des effectifs, augmenter l'armement ou au contraire l'abaisser selon les besoins. Il y a sans doute des façons d'agir pour améliorer le quotidien des policiers. Pas que pour eux d'ailleurs. La question peut se poser pour les médecins, les pompiers, les infirmiers, les services des urgences qui ont besoin dans certains endroits que l'on adapte les moyens. Néanmoins, je pense que cela doit également passer par l'information, la communication et l'éducation des citoyens. Tous les problèmes ne se règlent pas uniquement à l'aune de l'augmentation des moyens.

Lire aussi : Aulnay-sous-Bois : comment apaiser les relations entre la police et les citoyens ?

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