La résolution contre les médias russes du Parlement européen : «Un mauvais jour pour la démocratie»

La résolution contre les médias russes du Parlement européen : «Un mauvais jour pour la démocratie» © Vincent Kessler Source: Reuters
Jean-Claude Juncker au Parlement européen
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Laurent Jacobelli, secrétaire général adjoint de Debout la France, estime que l'establishment européen ne comprend pas les processus qui se développent dans le monde et que la déception des gens envers le système aboutira à une reprise du pouvoir.

RT : Le Parlement européen a voté en faveur de la résolution qui compare la Russie à l’Etat islamique, quand il s’agit d’une menace informationnelle pour l’Europe. Toutefois, si on prend en compte, le nombre d'abstentions, on pourrait soutenir que, malgré son adoption, cette initiative n'est pas représentative. Qu'en pensez-vous ?        

Laurent Jacobelli (L. J.) : C’est honteux. Le Parlement européen et la Commission européenne deviennent fous, ils perdent le contrôle. Quand les gens n’acceptent plus les débats, ni un autre point de vue, nous ne pouvons plus les appeler démocrates. Le comportement de la Commission européenne ressemble de plus en plus à une dictature : ils n’acceptent pas la voix du peuple, ils n’acceptent pas d’autres opinions. Ils croient qu’ils ont raison et ils veulent que nous l’admettions. C’est pourquoi ils ont adopté cette résolution contre Russia Today, parce que vous êtes un réseau médiatique indépendant, vous dites ce que vous voulez, et eux, ils ne peuvent plus le supporter. C’est une honte et c’est un mauvais jour pour la démocratie.     

RT :La rhétorique antirusse est-elle encore pertinente aujourd’hui ? Pourquoi l'establishment la met toujours en avant ?  

L. J. : Elle n’est plus du tout cohérente. Vous savez, je suppose, que la Russie est une sorte de miroir pour beaucoup de pays européens, dans lequel ils se voient comme de bons pays mais qui en réalité ne le sont plus. Parce que la Russie est très fière de son peuple et de son histoire, elle prend en compte la sécurité de ses citoyens, ce que nous ne faisons plus dans la plupart des pays européens. Et ils essaient de décrire la Russie comme un pays non démocratique, simplement pour justifier le fait qu'ils ne sont plus patriotiques et qu'ils n’essaient plus d’assurer la sécurité de leurs nations.

Nous devons conduire nos affaires d’une manière plus pragmatique et répondre en tant qu’un pays indépendant 

RT : L’OTAN a placé la Russie au rang de menace principale. Pourquoi la Russie sert-elle d'épouvantail, pour justifier l’existence de l’Alliance atlantique ?

L. J. : En fait, je suppose que les Etats-Unis et la plupart des pays européens ont un vieux schéma dans la tête et partagent le monde en deux : d’un côté se trouvent les pays occidentaux qui sont bien et de l’autre côté, c’est la méchante Russie. Maintenant, c’est différent. Il faut coopérer avec les autres, les Etats-Unis, par exemple, mais il faut aussi collaborer avec la Russie pour éradiquer le terrorisme aujourd’hui. Alors, j’estime que nous devons conduire nos affaires d’une manière plus pragmatique et répondre en tant que pays indépendant. Cela veut dire, s’il faut travailler avec les Etats-Unis, faisons-le ; s’il faut travailler avec la Russie, faisons-le aussi. Nous ne sommes pas une colonie américaine.

RT :L’Europe, a-t-elle vraiment besoin de l’OTAN pour se protéger de la Russie et a-t-elle vraiment besoin d’une telle protection ?

L. J. : Il y a de bons aspects, mais il faut aussi renouveler tout le processus de coopération, pour ne pas avoir à choisir de quel côté on se trouve, si vous êtes avec les Etats-Unis ou avec la Russie. Un pays indépendant doit se sentir libre de collaborer avec tout pays démocratique tous les cas.

RT : Le Brexit et la victoire de Trump à l'élection présidentielle aux Etats-Unis peuvent être considérés comme s'inscrivant dans une grande tendance anti-establishment. Pourquoi les politiciens libéraux semblent-ils de perdre du terrain ?    

L. J. : Ce qui c’est passé au Royaume-Uni avec le Brexit et aux Etats-Unis avec l’élection de Donald Trump, c’est une réaction violente contre l'establishment. Ce que les sondages et les médias nous disent, c’est que les citoyens libres peuvent choisir librement celui qu’ils souhaitent. Ils sentent maintenant la liberté d’expression, c’est pourquoi ils tentent de présenter Russia Today comme le diable. Nous, les gens libres, avons compris que la vérité ce n’est pas ce qu’ils nous racontent du matin au soir, et cette vérité se révèle d’une manière ou d’une autre, car il est impossible de la contrôler et de lui imposer des bornes. La vérité ce n’est pas obligatoirement la mondialisation, nous pouvons dessiner un autre avenir, il y a d'autres modèles. La population des Etats-Unis et de la Grande Bretagne l’ont compris. Ils nous ont montré que les sondages n’avaient aucune importance, pour que l'establishment entende la voix du peuple. Ce sont de bonnes nouvelles.

L’Union européenne n’est pas une démocratie, c’est une dictature

RT :Il semble que des changements majeurs s'opèrent dans la politique européenne. Comment pourriez-vous les caractériser et où peut-on déjà les observer ?

L. J. : Je crois que les Français, aussi bien que les autres nations européennes ont pleine conscience que l’Union européenne n’est pas une démocratie, c’est une dictature. Certains représentants, qui n’ont pas été élus par la population, décident ce qui est propre pour nous et nous disent qu’il faut juste accepter et obéir à ce que la Commission européenne demande. Nous ne sommes plus un pays indépendant. Juste un exemple : en 2005, les Français ont dit qu’ils ne voulaient pas d’UE avec sa nouvelle Constitution. Devinez quoi ? Ils nous ont obligé de nous y soumettre, malgré ce résultat. Les gens ont compris qu’ils ne vivent plus dans une société démocratique et, croyez-moi, ils vont réagir dans les années à venir et ils essaieront de sortir de ce système terrible.

RT :Donald Trump va renoncer au TPP qui était un accord de libre-échange cher au président sortant, Barack Obama et loué par son allié allemande, Angela Merkel… Qualifieriez-vous le TPP comme un autre projet de l'establishement qui capote sous la pression des peuples ?   

L. J. : Oui, absolument. Ce traité, par exemple, a été négocié par les Etats-Unis et la Commission européenne, sans que nos membres du Parlement puissent même jeter un coup d’œil sur le document. Tout se passe dans l’obscurité, personne ne demande rien aux citoyens. Pourquoi ? Parce que ce n’est qu’une affaire commerciale, le commerce et l’argent sont en première place, ils sont plus importants que la culture. C’est une honte. Et les gens comprennent que leur mode de vie est en danger à cause de ce traité. Et nous voyons maintenant que le président américain est peu disposé à le signer, ce qui me donne l’espoir qu’on va rejeter ce document et l’oublier pour toujours, afin de protéger nos employés et le mode de vie français.

RT :L'establishment européen est-il capable de comprendre ce qui se passe maintenant partout dans le monde et en Europe et quelles seront les conséquences ?

L. J. : Ce qu’on appelle l'establishment est si loin des citoyens, ils sont loin de comprendre tous ces processus et les mouvements qui se développent partout dans le monde, en particulier, dans les pays occidentaux. Ils ne changeront jamais leur comportement. Ils essaieront de défendre leur modèle jusqu’au bout, c’est leur vie. Depuis des décennies, ils disent que c’est le seul modèle qui est juste et qui apportera la paix et le bonheur. Ce n’est pas le cas, mais ils ne veulent pas le comprendre. Croyez-moi, la Communauté européenne devient de moins en moins démocratique, parce que la voix du peuple lui fait peur. Par exemple, Jean-Claude Juncker, le chef de l'exécutif européen, déclare que si les gens ne sont pas d’accord avec eux, ils le feront tout seul. Vous vous imaginez ? Donc, non, l'establishment n’en est pas conscient, mais ils auront des problèmes avec la Grande Bretagne et avec Donald Trump aux Etats-Unis.

RT :Si on jette un coup d’œil sur toutes les tendances mentionnées, croyez-vous que ce soit le signe d'un remaniement politique global ? L'establishment est-il prêt à l’accepter et peut-il s’y adapter ?

L'establishment est toujours le dernier à comprendre la révolte des gens

L. J. : En France, nous avons l’exemple de la Révolution française, ce qui signifie que le peuple français a privé le roi de son pouvoir. Quelques jours avant ces événements, le roi observait les émeutes dans les rues, en estimant que tout serait bientôt réglé et qu’on trouverait une solution. Et après, c’était la révolution. L'establishment est toujours le dernier à comprendre la révolte des gens. Mais les gens en ont ras-le-bol du système et ils reprendront le pouvoir.

Lire aussi : Marie-Françoise Bechtel sur la victoire de Trump : «C’est l’effet de la colère des peuples»                  

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