Un rapport affirme que le gouvernement britannique ne sait pas comment sortir de l’UE
Le journal The Times s’est procuré un rapport concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. D'après ce document, le gouvernement de Theresa May n’a pas de plan. Il aurait, par ailleurs, besoin de 30 000 fonctionnaires supplémentaires.
Mise à jour sur le Brexit. Un titre sobre pour un rapport explosif daté du 7 novembre et réalisé de sa propore initiative par la firme d'audit et de conseil Deloitte, que le célèbre quotidien britannique The Times a pu se procurer. A la lecture des informations contenues dans ce document, le moins que l’on puisse dire, c’est que le Brexit semble poser de grandes difficultés au pouvoir en place.
Il manquerait ainsi 30 000 fonctionnaires pour faire face à la surcharge de travail découlant de la décision de quitter l'Union européenne. Le recrutement serait trop lent et pour cause, le cabinet de Theresa May et le Trésor mettraient la pression aux différents ministères pour qu’ils se débrouillent avec les budgets existants.
A leaked memo suggests Tories have no plan for Brexit. As @Keir_Starmer says we need certainty, stability & plan to put jobs & economy first pic.twitter.com/rOxcal1AjK
— Jeremy Corbyn MP (@jeremycorbyn) 15 novembre 2016
Autre information de taille, le gouvernement britannique ne suivrait pas de plan cohérent afin de mener à son terme le Brexit. «Malgré de nombreux débats entre les membres du gouvernement, aucune stratégie commune n’a émergé», précise le rapport qui rappelle aussi que plus de 500 projets en lien avec le Brexit sont «au-delà des capacités» du gouvernement.
Ce document met en avant le manque de stratégie globale. Si chaque ministère a développé son propre scénario du pire destiné à anticiper les éventuels dégâts causés par le Brexit, une vue d’ensemble ferait défaut. «Bien que nécessaires, ces initiatives ne correspondent pas à un plan gouvernemental pour gérer le Brexit car il n’y a aucune priorité ni aucun lien avec une stratégie globale de négociation», explique le rapport.
Critiques en provenance de l’opposition
Le document prévient que ce manque de maîtrise pourrait donner des idées au secteur des affaires. Les grandes compagnies pourraient «pointer un pistolet sur la tête du gouvernement». Selon The Independant, des garanties ont récemment été données au constructeur automobile Nissan concernant les règles commerciales post-Brexit.
Tim Farron, leader des Libéraux démocrates, a appelé le gouvernement à répondre en urgence aux «questions clés» sur les termes précis du Brexit, notamment le marché commun. «Ce désordre au coeur du gouvernement confirme que la seule raison pour laquelle Theresa May ne nous informe pas de son plan concernant le Brexit c’est parce qu’elle n’en a pas», a-t-il analysé. Il n’a pas hésité à faire part de son inquiétude : «Son gouvernement se dirige vers le pire résultat possible : un Brexit expédié et destructeur qui causera des dommages incalculables aux emplois britanniques et à l'économie.»
Sans surprise, du côté de Chris Grayling, actuel ministre des Transports, le son de cloche est différent. Au micro de BBC Radio 4 le 15 novembre, il a commencé par affirmer qu’il ne savait pas d’où venait ce rapport avant de livrer son sentiment sur ce qu'il contient : «Ma propre expérience est très différente de cela. Je ne vois tout simplement pas le défi décrit.»
Concernant le chiffre des 30 000 fonctionnaires manquants cité dans le document de Deloitte, il assure ne pas être en mesure de donner «un nombre exact» mais selon lui, il ne faut pas aller chercher dans les dizaines de milliers.
Il a également remis en cause la légitimité du rapport : «Ce n’est pas un rapport gouvernemental et nous ne reconnaissons pas son contenu.» «Nous sommes concentrés sur notre travail et il consiste à s’assurer que le Brexit soit un succès», a-t-il ajouté.
Les travaillistes ne veulent pas jouer les saboteurs
Malgré la situation difficile décrite dans le rapport de Deloitte, Theresa May a récemment reçu une bonne nouvelle. Le Parti travailliste a assuré qu’il ne tenterait pas de bloquer ni de retarder l’activation de l’article 50 des traités européens qui permet à une nation de quitter l’Union européenne, même si plusieurs députés du parti souhaitaient l'organisation d'un second référendum. Dorénavant, les Travaillistes appellent à plus de «positivité» concernant le Brexit. L’article 50 devrait être enclenché d’ici le mois d’avril 2017.
#TheresaMay & #RoyaumeUni en "lune de miel" car "après #Brexit, les travaillistes ont plongé dans une crise interne" https://t.co/Ij6cJOVciwpic.twitter.com/WmG6PmjIEr
— RT France (@RTenfrancais) 4 novembre 2016
John McDonnell, actuel chancelier de l'Echiquier du cabinet fantôme, poste informel dans l’opposition chargé d’observer le ministre chargé des finances et du trésor, a prononcé un discours allant dans ce sens le 15 novembre. «Nous ne devons pas tenter de combattre le résultat du référendum ni pousser pour un second vote. Et si l’article 50 doit être activé au Parlement, nous ne chercherons pas à le bloquer ni à retarder l’échéance», a-t-il déclaré.
Avant de glisser un petit tacle aux élites : «Agir autrement placeraient les travaillistes face au souhait de la majorité des Britanniques et du côté de certaines élites qui ont toujours laissé le peuple pour compte.»
John McDonnel voit au contraire le Brexit comme une opportunité : «De cette façon, nous pouvons parler à nouveau à ceux qui ont été laissés derrière et offrir une vision positive et ambitieuse au lieu de laisser le champ ouvert à des politiques de division dans le style de Trump.»
Du côté de la principale intéressée, on dément formellement. La porte-parole de Theresa May s'est exprimée le 15 novembre en fin de journée au sujet de ce fameux rapport. «Nous avons un plan. Je conteste fermement le contenu du rapport», a-t-elle souligné avant de rappeler que le calendrier était déjà fixé et que l'article 50 serait déclenché «dans les six mois».