En sabotant le plan de paix, l’Europe accélère sa chute

En sabotant le plan de paix, l’Europe accélère sa chute
[image d’illustration générée par l’intelligence artificielle]
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Saboté à Genève, le plan de paix de Trump est déjà mort-né. Mais son échec prévisible ne sera pas sans conséquences. Et une fois encore, ce sont sans doute les citoyens de l’Union européenne qui en paieront le prix, selon l’analyse d’Alexandre Regnaud.

Qu’il le fasse bien ou mal, le fait est que Trump continue ses initiatives pour mettre fin au conflit ukrainien. Les mauvaises langues diront qu’il veut absolument son prix Nobel de la paix, pour concurrencer Obama.

Il ne s’agit pas ici de revenir sur le contenu de son nouveau plan de paix. Cela a déjà été fait, et il a de plus déjà été entièrement détricoté à Genève par les Euro-Ukrainiens, passant de 28 à 19 points, le rendant absolument inutile. C’est plutôt de cette perspective qu’il va s’agir ici.

Alors que les tentatives précédentes (et leurs échecs) partaient uniquement du point de vue ukrainien, le plan original semblait plus réaliste et tenait davantage compte de la réalité du terrain, largement favorable à la Russie.

Au point que les va-t-en-guerre européens ont fait mine sur les plateaux de télévision de s’interroger sur son origine, pour se demander si elle ne serait pas directement russe. Une vulgaire entreprise de propagande, mais qui ne doit pas cacher le fait que le plan en question semblait avoir été élaboré en dehors de l’administration américaine habituelle et sorti directement du bureau de Trump pour atterrir directement sur celui de Poutine.

Le fait est que Trump est un pragmatique — monde des affaires oblige — et sait parfaitement qui a les cartes en main, pour reprendre une expression qu’il affectionne. La rencontre d’Anchorage n’a fait que confirmer cette réalité et a servi de base, au moins en partie, au fameux plan, comme l’a révélé Vladimir Poutine le 21 novembre lors d’une réunion opérationnelle avec les membres permanents du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie.

Le point de départ était donc moins mauvais que d’habitude, dirons-nous. Il y a pourtant aussi peu de chances que ce plan aboutisse que les fois précédentes.

Dans un premier temps, Zelensky a, de manière inhabituelle, donné un minimum de crédit à l’initiative de Trump, parlant de décisions difficiles et de tournant. Une tergiversation sans doute encouragée par l’immense scandale de corruption qui l’éclabousse directement.

Un secret de polichinelle enfin révélé par le NABU, l’agence anti-corruption ukrainienne, dont il y a fort à parier qu’elle n’aurait jamais osé lancer une telle affaire sans le feu vert de son tuteur… américain.

Mais le naturel est revenu au galop, et l’envoi précisément d’Ermak, son éminence grise au cœur de toutes les magouilles, pour négocier avec les Américains à Genève était déjà clairement une provocation qui augurait du sabotage en règle de l’initiative de paix américaine.

Pourquoi se sentir pousser de telles ailes une fois de plus malgré ces pressions inédites des États-Unis ? Parce qu’une fois de plus les technocrates et autres gouvernements européens jouent leur habituelle musique belliciste. Reprenant la chanson de Merz, Von der Leyen a clairement rejeté le principe clé du plan de Trump : « Premièrement, on ne peut pas modifier les frontières par la force. Deuxièmement, il ne saurait y avoir de restrictions imposées aux forces armées [ukrainiennes] ».

Le Telegraph britannique publiait dans le même temps un supposé contre-plan européen en 24 points, contenant les délires habituels de cessez-le-feu sur la ligne de front, de confiscation des avoirs russes au profit de la junte de Kiev, de présence militaire de l’OTAN en Ukraine, etc.

Exactement comme si Zelensky n’était pas en train de perdre la guerre sur tout le front — son pays ruiné, les cimetières débordants, les gens raflés dans les rues pour être envoyés à l’abattoir et la population quasiment sans chauffage pour l’hiver.

Le résultat est déjà là, avec un plan détricoté à Genève par les Européens et leurs marionnettes ukrainiennes et qui n’a donc aucune chance d’aboutir.

Trump avait anticipé la manœuvre, accusant l’Ukraine d’ingratitude, et son vice-président, JD Vance, mettant clairement les pieds dans le plat sur les réseaux sociaux : « Il y a cette illusion que si on donne tout simplement plus d'argent, plus d'armes ou qu'on impose plus de sanctions, la victoire sera à portée de main. Des diplomates ou des politiciens en échec qui vivent dans un monde d'illusions ne parviendront pas à atteindre la paix. Ce sont des personnes intelligentes, vivant dans le monde réel, qui peuvent le faire ».

La plus réaliste reste la réaction de la Russie. Répétant encore une fois être prête pour la diplomatie, mais consciente à la fois de l’échec prévisible du plan de Trump et de sa nette domination sur le terrain. Vladimir Poutine l’exprimait clairement lors de la réunion du 21 novembre déjà évoquée : la Russie est prête pour les négociations de paix, mais est parallèlement satisfaite de la dynamique actuelle de l’opération spéciale.

La suite dépend donc de deux facteurs : la détermination des États-Unis, et la stupidité des Européens.

Ces derniers semblent avoir compris le format d’attrition pris par ce conflit. Mais ils font une erreur fondamentale d’analyse. En premier lieu, parce que leur dogmatisme les pousse à surestimer grandement les capacités économiques du vieux continent. Mais surtout, parce qu’ils analysent mal l’évolution de l’économie russe. Depuis le début du conflit, on prédisait qu’elle serait mise à genoux, que la chute serait imminente, que les sanctions finiraient par porter leurs fruits. La même antienne répétée en boucle, façon méthode Coué, depuis plusieurs années.

Et là, enfin, la croissance russe marque un net ralentissement en 2025 après deux ans de hausse massive. Alors ils sont persuadés que finalement la méthode fonctionne et foncent de plus belle vers la guerre.

Leur morgue et leur incompétence les rendent incapables de comprendre que ce ralentissement est structurel et dû à une économie qui tourne déjà à plein régime, et pas à une crise interne. Et pour cause, à l’inverse, les politiques européennes ne font qu’accélérer, au contraire, la chute des économies de la zone, plusieurs étant déjà entrées en récession. Incapables de se remettre en question, ils foncent donc dans le mur sans comprendre que d’autres sont, eux, capables de prendre un meilleur chemin.

Et les Américains dans tout cela ? Ils ont tout intérêt à laisser l’Europe s’enfoncer dans son erreur.

Le rejet prévisible du plan de paix de Trump, par sa dénaturation profonde, le rendant inacceptable, leur donnera le prétexte d’arrêter toute aide à l’Ukraine. La rumeur existe déjà, sa réalité sera le meilleur test de la détermination réelle des États-Unis.

Ce qui poussera alors les Européens à un prévisible sursaut d’orgueil, et à vouloir assumer seuls les coûts et la logistique. Chose impossible en l’état.

Il ne leur restera donc comme seule solution que la saisie des avoirs russes gelés. Dont chacun sait qu’elle sonnera le glas de l’économie européenne, entre mesures de représailles russes et, surtout, fuite massive de tous les capitaux et investissements étrangers d’une zone désormais assimilée à du vol pur et simple. Des investissements qui pourraient donc massivement se tourner ensuite en partie vers… les États-Unis.

Si l’on résume, la Russie veut bien d’un plan de paix, mais qui l’arrange, étant donné qu’elle domine clairement — militairement et économiquement. Les États-Unis sont à la manœuvre pour offrir un prix Nobel à Trump, mais auraient davantage intérêt à pousser les Européens à la faute pour relancer leur propre économie. Et les Européens, victimes d’analyses faussées et de politiciens clairement pas au niveau, foncent dans le mur, très fiers d’eux.

Moralité, en l’état, personne n’a réellement besoin du plan de Trump. Le temps de la paix n’est pas encore venu. L’effondrement de l’Ukraine et de son sponsor européen n’est pas encore assez poussé pour pouvoir leur imposer la paix. Cependant, très clairement, à politique constante, il est inéluctable.

La principale victime, dans tout cela, sera une fois de plus les peuples d’Europe, inévitablement jetés dans la crise et dans la misère par leurs dirigeants incapables. Reste à voir s’ils se laisseront entraîner vers le fond ou s’ils finiront enfin par réagir et se débarrasser des « diplomates ou des politiciens en échec qui vivent dans un monde d’illusions », comme les appelle — bien trop poliment — JD Vance.

 

 

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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