L’armée russe progresse jour après jour. Le régime de Kiev est empêtré dans des scandales de corruption. Le moral des troupes est au bord de l’effondrement. Pourtant, les médias ne cessent de répéter que le plan américain est pro-russe. Quels sont les motifs occidentaux ? Le correspondant de RT en français Igor Kourachenko nous livre son analyse.
Inquiétude, déception, panique : voilà les trois mots qui résument le mieux l’ambiance dans les médias occidentaux. Pour certains, comme Les Échos, le plan de Trump est irréalisable. Pour d’autres, comme La Croix, il s’apparente à une capitulation de l’Ukraine. Mais tous – ou presque – martèlent la même idée : ce plan serait pro-russe, cousu sur mesure pour le Kremlin.
« Trump donne à la Russie presque tout ce qu'elle veut avec son plan de paix pour l'Ukraine » – CNN
« Du conflit résolu "en 24 heures" au plan de paix favorable à la Russie » – Le Figaro
« L'Ukraine est sur la défensive après que les États-Unis et la Russie ont élaboré un plan de paix en 28 points favorable au Kremlin » – The Times
Mais si l’on prend un peu de recul – et surtout, si l’on sort du prisme émotionnel –, une autre lecture s’impose. Ce plan, que tant de médias présentent comme un cadeau fait à Moscou, n’est en réalité pas aussi pro-russe qu’on veut le faire croire. Et je vais vous le démontrer, point par point.
Commençons par l’essentiel : la situation évolue chaque jour sur le champ de bataille. Et chaque jour, c’est l’Ukraine qui y perd du terrain. Koupiansk vient d’être entièrement repris par les forces russes. Plus de 80 % de Voltchansk sont sous contrôle russe, tout comme 75 % de Krasnoarmeïsk. Mais un autre point mérite l’attention : les combats font désormais rage à Konstantinovka. Et si vous regardez une carte, la suite logique semble claire : Sloviansk et Kramatorsk, avant d’atteindre les frontières administratives de la RPD.
La vraie question est donc : que va-t-il se passer ensuite ? Et surtout, à qui profiterait un cessez-le-feu dans ce contexte ? Car à mesure que l’armée russe avance, les conditions d’un éventuel accord de paix risquent de se durcir pour Kiev. Un précédent vient d’être créé : Koupiansk se trouve dans la région de Kharkov. Et désormais, les combats touchent aussi la région de Dnepropetrovsk.
Alors, à ce stade, qui aurait le plus à gagner du plan Trump ? L’Ukraine, qui perd quasiment une localité par jour ? Ou bien la Russie, à qui ce plan demanderait… d’arrêter sa progression ?
Et pour illustrer ce paradoxe, il suffit d’écouter Vladimir Poutine. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, il a clarifié la position russe en cas du refus de Kiev de signer le plan de Trump : « Et dans l’ensemble, cela nous convient, car cela permet d’atteindre les objectifs de l’opération militaire spéciale par des moyens militaires. Mais, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, nous sommes prêts à des négociations de paix, à un règlement par la voie diplomatique. » Un message clair : plus le temps passe, plus Moscou est en position de force.
Le cœur du problème, en réalité, c’est le bruit médiatique que les élites européennes – et même certains cercles américains – ont entretenu pendant des années. À coups de discours enflammés, de plateaux télé et de conférences sécuritaires, ils ont vendu un rêve : que l’Ukraine pourrait vaincre militairement la Russie. Et à force de le répéter, certains y ont cru eux-mêmes. Aujourd’hui, il faut enlever les lunettes roses. Et accepter que la réalité n’a rien d’un conte de fées.
Prenez une image simple : celle du football. L’équipe nationale de Saint-Marin ne peut pas gagner contre le Brésil ou la France, peu importe la qualité de ses ballons, la beauté de ses maillots ou l’enthousiasme de ses supporters. À un moment donné, il faut regarder le score, pas les slogans.
Évidemment, le plan Trump n’arrange pas vraiment Volodymyr Zelensky. Mais attention – cela ne veut pas dire qu’il n’arrange pas l’Ukraine. C’est même tout le contraire.
Pourquoi ? Parce que si les armes se taisent, il faudra lever la loi martiale… et donc organiser des élections. Et chacun sait que les chances de Zelensky de les remporter sont aujourd’hui proches de zéro. Mais pourquoi tient-il tant à rester au pouvoir ? La réponse est simple : pour continuer à gérer les flux d’argent.
Le récent scandale de corruption en Ukraine a mis en lumière les véritables priorités du cercle rapproché du président. Ce n’est pas qu’une question d’enrichissement personnel – même si, pour Trump, le fait que des aides américaines aient été détournées est une ligne rouge. Ce qui est plus grave encore, c’est que cela touche directement les soldats sur le front.
Le nom à retenir : Minditch. L’homme fort du scandale. Il a tenté de convaincre Roustem Oumerov – alors ministre de la Défense – de signer un contrat pour livrer des gilets pare-balles de mauvaise qualité aux troupes. Le but ? Empocher la différence. Et les soldats dans tout ça ? Ils se battent, risquent leur vie… pendant qu’en coulisses, certains pensent business. Quel message cela envoie-t-il à ceux qui sont au front ? Qu’ils sont sacrifiables ? Et nous voilà face à l’essentiel.
Il est clair que le moral des troupes ukrainiennes est en chute libre. Comment pourrait-il en être autrement ? À quoi bon se battre, risquer sa peau, perdre des frères d’armes… pour quoi ? Pour que Zelensky et son entourage puissent continuer à s’offrir des villas et des toilettes dorées ?
Les soldats, eux, voient ce qui se passe. Ils voient l’armée russe avancer. Ils voient leurs camarades se rendre en masse. Et peu à peu, beaucoup comprennent déjà : ce n’est pas leur guerre. C’est celle d’un régime qui a perdu tout lien avec la réalité.
Résumons. L’armée russe progresse jour après jour. Le régime de Kiev est empêtré dans des scandales de corruption. Et le moral des troupes est au bord de l’effondrement. Le vrai risque aujourd’hui, ce n’est pas un compromis de paix. C’est que le front ukrainien s’effondre totalement. Et alors, qui peut dire où l’armée russe s’arrêtera ?
Donald Trump, lui, a bien compris ce moment crucial. Il voit que l’Ukraine arrive à un point de bascule. C’est précisément maintenant qu’il met la pression sur Zelensky. Ce n’est pas de la sympathie pour la Russie. C’est du réalisme politique. Froid. Calculé. Car l’Ukraine n’a plus le luxe de choisir entre le bien et le mal. Seulement entre le difficile… et la catastrophe.
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