A la veille du 1er janvier, RT France revient sur dix événements qui auront fait l'actualité de l'année écoulée, notamment le conflit en Ukraine et ses conséquences, les élections d'Emmanuel Macron, de Lula ou de Giorgia Meloni, le décès de la reine Elisabeth II ou encore le rachat de Twitter par Elon Musk.
Février : la Russie lance son «opération militaire spéciale» en Ukraine
Dans un discours prononcé le 24 février, le président russe Vladimir Poutine annonce le lancement d'une «opération militaire spéciale» visant à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine et à venir en aide aux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk, dont Moscou a reconnu l'indépendance quelques jours plus tôt.
Le conflit, qui se poursuit en cette fin d'année, entraîne des répercussions considérables à bien des niveaux : l'Occident resserre les rangs autour de l'OTAN et des Etats-Unis et décide d'apporter un soutien militaire massif à Kiev, tout en adoptant de nombreuses sanctions économiques et financières contre Moscou. L'Union européenne réduit considérablement ses importations de pétrole et de gaz, malgré l'opposition de la Hongrie, quitte à assumer les conséquences d'une flambée des factures d'énergie qui affecte tant les entreprises que les ménages.
A l'inverse, les alliés de la Russie, dont l'Iran, jugent que l'Occident, et plus particulièrement l'OTAN, est responsable de la crise. La Chine, qui ne condamne pas l'intervention en Ukraine, renforce sa coopération économique avec Moscou à la faveur de la réorientation de l'économie russe vers l'Asie, et réaffirme à plusieurs occasions la solidité de son alliance avec la Russie. En outre, de nombreux pays, particulièrement en Afrique, rejettent les appels occidentaux à prendre parti contre Moscou : plus préoccupés par leur sécurité alimentaire, nombre d'entre eux s'abstiennent lors des multiples votes tenus à l'ONU pour condamner l'offensive russe.
Sur le terrain, l'avancée initiale de l'armée russe sur de larges pans du territoire ukrainien, avec entre autres la prise de Marioupol en mai au terme d'une longue bataille, est suivie d'une contre-offensive ukrainienne à la fin de l'été et d'un recul des forces de Moscou, qui se retirent notamment de la ville de Kherson.
Ce qui n'empêche pas le rattachement à la Fédération de Russie, fin septembre, des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et Zaporojié, à la suite de référendums contestés par Kiev et ses alliés occidentaux. Vladimir Poutine annonce, dans le même temps, une «mobilisation partielle» concernant 300 000 réservistes.
Les combats se poursuivent, en cette fin d'année, autour de lignes de front relativement stabilisées, les deux camps continuant à s'accuser mutuellement de «crimes de guerre» et de frappes visant délibérément les civils.
Interdiction de RT en mars : une censure inédite
Conséquence de la volonté de l'UE d'«interdire» les médias financés par la Russie dans la foulée du déclenchement de l'offensive en Ukraine, RT et Sputnik sont interdits de diffusion – sur le territoire des 27 – sur les réseaux de télévision et sur Internet début mars.
Ce bannissement, inédit et controversé sur le plan juridique, est contesté par un certain nombre de personnalités médiatiques et politiques françaises, tandis qu'une pétition en ligne contre l'interdiction de RT France mobilise plus de 50 000 signataires. En outre, le syndicat national des journalistes (SNJ) dénonce l'étiquetage par Twitter de comptes personnels de journalistes de la chaîne, auxquels la plateforme appose la mention «médias affiliés à la Russie». D'autres reporters peu suspects de nourrir des opinions favorables au Kremlin, à l'instar de Jean Quatremer de Libération, dénoncent également la censure européenne.
Ces protestations n'empêchent pas la justice de l'UE de confirmer, fin juillet, la suspension de la chaîne, qui, pour rappel, n'a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex-CSA). En décembre, TV-Novosti, la maison mère des chaînes RT (dont RT France), est directement visée par le neuvième paquet de sanctions de l'UE.
Election présidentielle et législative en France : Macron réélu en minorité
En avril, les électeurs français réélisent à la tête de l'Etat Emmanuel Macron, qui obtient près de 58% des suffrages face à Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour après avoir très nettement distancé ses concurrents à droite. Sur fond d'abstention élevée (environ 28%), Emmanuel Macron devient, à 44 ans, le premier président de la Ve République à être réélu hors cohabitation, au terme d'une campagne marquée entre autres par le scandale du recours aux cabinets de conseil, qui continue à empoisonner la vie du locataire de l'Elysée.
Ce dernier n'obtient en revanche qu'une majorité relative à l'issue des élections législatives de juin 2022, qui voit un retour en force de la gauche rassemblée dans la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) à l'Assemblée nationale avec 151 sièges, ainsi qu'une percée du Rassemblement national, qui obtient 89 députés. Affaiblie, la majorité macroniste recourt à pas moins de dix reprises à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter des lois, en particulier budgétaires.
La France se retire du Mali et de la Centrafrique
Sur le plan extérieur, la perte d'influence de la France en Afrique se confirme brutalement en 2022. Alors que l'armée française utilisait, depuis 2014, plusieurs bases situées au Mali dans le cadre de l'opération antiterroriste Barkhane, la dégradation continue des relations entre Paris et Bamako aboutit en mai à la rupture des accords de défense entre les deux pays.
La France quitte ensuite progressivement le pays, achevant le retrait de ses troupes mi-août.
Au grand dam de Paris, le Mali opte pour un nouveau partenariat avec la Russie qui lui fournit plusieurs hélicoptères de combat et des armes, ainsi qu'un grand nombre d'instructeurs russes, afin de poursuivre un combat difficile contre des mouvements terroristes très actifs dans l'ensemble de la région sahélienne. Mi-décembre, c'est le dernier contingent français présent en Centrafrique qui fait ses valises et quitte un pays déchiré par une guerre civile,m et qui a également décidé de se tourner vers Moscou pour assurer sa sécurité.
Royaume-Uni : la reine Elisabeth II s'éteint
Début septembre, la reine Elisabeth II s'éteint à l'âge de 96 ans, son fils Charles lui succédant. Elle aura régné plus de 70 ans sur le Royaume-Uni, sa mort suscite de nombreuses réactions internationales, dont celle d'Emmanuel Macron, qui salue une «reine de cœur» ayant «marqué à jamais son pays et son siècle».
Le deuil national ne met cependant en sourdine les multiples difficultés du pays que temporairement : frappé de plein fouet par l'inflation et la crise énergétique, le Royaume-Uni connaît une série de grèves d'une ampleur inégalée depuis la fin des années 1970 et affronte une crise politique, l'éphémère Premier ministre Liz Truss cédant sa place en octobre, au bout de seulement six semaines, à Rishi Sunak, membre comme elle du parti conservateur.
La justice britannique autorise l’extradition d’Assange vers les Etats-Unis
Egalement au Royaume-Uni, la justice refuse en mars de se saisir du recours du fondateur de WikiLeaks Julian Assange contre son extradition vers les Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Londres approuve ensuite l'extradition vers les Etats-Unis du lanceur d'alerte malgré les protestations de ses soutiens et de défenseurs de la liberté de la presse.
Toujours incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans la capitale anglaise, où il croupit depuis 2019, Julian Assange n'a pas pu s'adresser en décembre aux parlementaires européens à Strasbourg en visioconférence depuis sa cellule, ce qu'il devait faire en sa qualité de finaliste du prix Sakharov.
Malgré le silence d'un grand nombre de chancelleries occidentales sur le sujet, de nombreuses voix, dont celles de grands journaux, continuent à réclamer la libération de Julian Assange, soutenant l'activisme de longue haleine de son épouse Stella.
Elon Musk rachète Twitter
Au terme d'un véritable feuilleton, le fantasque milliardaire procède finalement au rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars. Partisan d'une vision radicale de la liberté d'expression, Elon Musk met à disposition d'un groupe de journalistes les documents internes et échanges de mails entre responsables de l'entreprise avant sa prise de contrôle, donnant lieu à la publication en plusieurs volets de révélations embarrassantes pour le réseau social.
Parmi elles, la censure de l'affaire Hunter Biden ou la collaboration active de Twitter avec le FBI et le Pentagone, la plateforme ayant obéi sans trop rechigner aux consignes des agences américaines, aussi avides de trouver des traces de «propagande étrangère» que de faciliter l'audience de comptes fidèles à la ligne de Washington.
Les décisions du patron de Tesla et de SpaceX ne font cependant pas l'unanimité, qu'il s'agisse du rétablissement du compte de l'ancien président américain Donald Trump, du licenciement de la moitié des effectifs de Twitter ou de la suspension de comptes faisant la promotion de réseaux concurrents. Prenant acte des résultats d'un vote défavorable qu'il a lui-même organisé, Elon Musk a annoncé peu avant Noël qu'il cèderait sa place dès qu'il aurait trouvé «quelqu'un d'assez insensé» pour le remplacer.
Giorgia Meloni remporte les élections législatives en Italie, après le succès de la droite en Suède
En septembre, la coalition de la droite italienne emmenée par Giorgia Meloni, alliée à Silvio Berlusconi et à Matteo Salvini, s'impose largement au Parlement. Elue sur un programme alliant baisses d'impôts, blocage des migrants traversant la Méditerranée et politique familiale ambitieuse, la dirigeante de Fratelli d'Italia (Frères d'Italie) s'oppose dès novembre à Paris au sujet de l'accueil du navire Ocean Viking : chargé de migrants, celui-ci est finalement accueilli à Toulon.
Régulièrement taxée de «fasciste» ou «post-fasciste», la nouvelle dirigeante italienne n'a pas remis en cause la ligne pro-OTAN traditionnellement suivie par Rome et n'a provoqué aucune crise significative avec Bruxelles, qui n'a émis que quelques réserves sur le budget récemment adopté par le Parlement italien.
Une autre victoire notable de la droite nationale s'est produite dans le nord du continent, avec le très bon score (20,7%) obtenu par les Démocrates de Suède emmenés par Jimmie Akesson. Ces derniers, au terme d'une campagne dominée par les thèmes de l'immigration et de la sécurité, sont devenus à la fois le premier parti de droite et le deuxième parti de Suède, la gauche social-démocrate perdant le pouvoir dans cette élection disputée.
Au Brésil, le retour de Lula aux manettes
Autre scrutin serré, l'élection présidentielle brésilienne opposant le sortant Jair Bolsononaro à «Lula», définitivement de retour sur la scène politique après ses démêlés avec la justice. Contrairement à certaines prévisions, le leader du Parti des travailleurs ne s'est imposé que d'une courte tête face au président de droite nationaliste sortant, avec un peu moins de deux millions de voix d'avance.
Jair Bolsonaro a d'ailleurs contesté, en vain, le résultat, tandis que ses partisans, dont une partie avait réclamé l'intervention de l'armée dans les jours suivant le scrutin, continuent à manifester régulièrement pour s'opposer au retour de l'ancien métallo. Dénonçant le bilan du mandat «irresponsable» de son prédécesseur, Lula a promis de mettre en œuvre une politique à la fois sociale et plus soucieuse de la protection de l'environnement, en particulier pour stopper la déforestation de l'Amazonie.
Le Qatar organise la Coupe du monde pour la première fois au Moyen-Orient et tient son pari
Un événement sportif, mais aussi très politique, clôt l'année 2022 : le Qatar a réussi, malgré de nombreuses critiques sur les atteintes aux droits humains, à organiser la Coupe du monde de football sur son sol, les matchs ayant été très suivis malgré différents appels aux boycott. Remportée par l'Argentine qui a affronté la France en finale (3-3, victoire aux tirs aux buts), la compétition a permis à l'émirat de gagner en influence, au prix de 220 milliards de dollars d'investissements.
S'il entend entend bien capitaliser sur ce succès en organisant les Jeux olympiques d'été en 2036, la Qatar est éclaboussé par le retentissant scandale de corruption présumée au Parlement européen. L'émirat aurait ainsi été très généreux en arrosant d'argent liquide une série de personnalités européennes pour qu'elles défendent son image, à commencer par la vice-présidente de l'institution Eva Kaili, rapidement démise de ses fonctions. Le scandale, qui touche les institutions européennes au cœur, a été vigoureusement dénoncé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a dû batailler ferme pour obtenir une partie des fonds européens conditionnés par Bruxelles à des réformes anti-corruption et au respect de l'Etat de droit.