Ukraine : le Kremlin maintient ses objectifs militaires, Kiev évoque une percée
Alors que Kiev affirme avoir repris ces derniers jours de nombreuses localités, la Défense russe annonce un «regroupement» de troupes situées dans la région de Kharkov, afin «d'intensifier les efforts dans la direction de Donetsk».
L'intervention militaire russe en Ukraine continuera «jusqu'à ce que les objectifs soient atteints», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov le 12 septembre. Il a par ailleurs estimé qu'il n'y avait actuellement «pas de perspective de négociations» entre Moscou et Kiev.
«Pour atteindre les objectifs annoncés de l'opération militaire spéciale visant à libérer le Donbass, la décision a été prise de faire le regroupement des troupes qui sont positionnées dans les régions de Balakleïa et d'Izioum [dans la région plus vaste de Kharkov, dans l'est de l'Ukraine] afin d'intensifier les efforts dans la direction de Donetsk», a annoncé le ministère russe de la Défense, ce 10 septembre.
La décision a été prise de faire le regroupement des troupes qui sont positionnées dans les régions de Balakleïa et d'Izioum afin d'intensifier les efforts dans la direction de Donetsk
Partant, selon la même source, «une opération a été menée en trois jours visant à organiser le redéploiement du groupe des troupes des régions d'Izioum et de Balakleïa vers le territoire de la République populaire de Donetsk» – une des deux républiques du Donbass, dont la Russie a reconnu l'indépendance vis-à-vis de l'Ukraine en février dernier, juste avant le lancement de son «opération militaire spéciale».
Le ministère russe de la Défense a ajouté que «l'ennemi [avait] été frappé par un feu nourri d'avions, de forces de missiles et d'artillerie», si bien qu'en trois jours, «2 000 combattants ukrainiens et étrangers ainsi que plus de 100 véhicules blindés et d'artillerie» auraient été neutralisés.
La veille, l'armée russe avait en outre fait savoir qu'elle envoyait des renforts militaires dans la région de Kharkov.
D'importants mouvements de population ont par ailleurs été observés dans la région. Ainsi, Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a fait savoir que des milliers de personnes avaient fui la région de Kharkov.
«Ce n'était pas la nuit la plus facile, ce n'était pas la matinée la plus facile. Au cours des dernières 24 heures, des milliers de personnes ont traversé la frontière», a expliqué le responsable dans une adresse vidéo, publiée sur sa chaîne Telegram.
Contre-offensive ukrainienne : Kiev revendique une «percée» sur plusieurs fronts
Dans le cadre d'une contre-offensive menée depuis une dizaine de jours, les autorités ukrainiennes revendiquent une progression sur plusieurs fronts, dont la région de Kharkov, mitoyenne de la Russie. Dans cette région, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé le 9 septembre que les forces de Kiev avaient «libéré et pris le contrôle de plus de 30 localités». Kiev affirme désormais avoir repris le contrôle de la ville de Koupiansk, qui se trouve sur des routes d’approvisionnement de l'armée russe, selon l'AFP.
En ce qui concerne le sud de l'Ukraine, la porte-parole du commandement militaire ukrainien local Natalia Goumeniouk, a déclaré ce 10 septembre que son armée avançait «dans plusieurs zones allant de deux à plusieurs dizaines de kilomètres».
Dans un message vidéo publié dans la soirée, le président ukrainien a souligné : «Le mouvement de nos soldats se poursuit dans différentes directions sur le front. Depuis début septembre, dans le cadre d'opérations actives, environ 2 000 kilomètres [carrés] de nos territoires ont déjà été libérés.»
Quelques instants plus tard, Valeri Zaloujny, le commandant en chef de l'armée ukrainienne a pour sa part évoqué «plus de 3 000 kilomètres carrés [...] revenus sous contrôle ukrainien» depuis début septembre, sans expliquer la différence avec le chiffre avancé un peu plus tôt par le chef de l'Etat ukrainien.
Dès le 8 septembre, les autorités ukrainiennes déclaraient avoir percé «profondément» les défenses russes dans l'est et dans le sud du pays. Ces déclarations officielles étaient survenues au moment où le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendait à Kiev, avec la promesse d'une nouvelle aide militaire de 2,8 milliards de dollars. Réagissant à ces annonces ukrainiennes le 8 septembre, le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, Vassili Nebenzia, avait déclaré que «quelques villages périphériques [avaient] été pris», tout en affirmant qu'il ne s’agissait pas, alors, «d’une percée». Le diplomate russe avait également estimé que la contre-offensive ukrainienne avait surtout servi d’«arrière-plan médiatique» à la réunion de l'OTAN en Allemagne, permettant de justifier de nouvelles livraisons d’armes occidentales.