Lors d'un échange avec des dirigeants de pays du Sud à l'occasion du Forum de Paris pour la paix le 11 novembre, Emmanuel Macron s'est dit «frappé» de voir que beaucoup de pays du Sud reprochaient aux Européens et aux Américains un double standard concernant l'«universalisme», et de l'utiliser pour «justifier ce qui [les] arrangeait».
Une accusation à laquelle le chef d'Etat français a tenté de répondre, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine. «L'intérêt de ce panel pour moi est qu'on se parle très franchement de la manière dont vous approchez cette guerre, dont la communauté internationale doit se tenir face aux prémices et aux conséquences de la guerre, et ce qu'on met derrière ce mot universalisme et dans ce contexte, comment on peut bâtir un universalisme plus efficace, plus tangible et vraiment universel. Et sans doute moins européano-centré», a-t-il ainsi lancé.
Le problème de la Libye a causé des conséquences graves pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger
Une déclaration sur laquelle est rapidement revenu son homologue de Guinée Bissau Umaro Sissoco Embalo. Celui qui préside actuellement la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a déploré que le seul conflit à l'agenda de la communauté internationale soit celui entre l'Ukraine et la Russie, alors que de multiples guerres sévissent aussi en Afrique. «J'ai l'impression que s'il y avait un dialogue sérieux, la guerre pourrait se terminer très rapidement», a-t-il par ailleurs glissé.
Puis le dirigeant guinéen a tenté d'expliquer le sentiment qui prévaut en Afrique de l'Ouest : «Il ne s'agit pas qu'il y ait un sentiment anti-français. Ce n'est pas du tout la situation. Mais le problème de la Libye a causé des conséquences graves pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger.»
«Kadhafi était un mal nécessaire pour son peuple et Saddam Hussein était aussi un mal nécessaire pour son peuple. Le peuple vivait bien sous leurs régimes. Et aujourd'hui, je me demande s'ils sont heureux sans Saddam, sans Kadhafi, même si c'était des personnes néfastes», a-t-il ainsi souligné.
Un précédent très actuel ?
Et Umaro Sissoco Embalo d'interroger, revenant aux défis actuels : «Il y avait la paix. Et maintenant, comment va-t-on acheter la paix ?»
«Je pense que nous devons réfléchir tous ensemble. Pour garantir la sécurité de l'Europe, on ne peut pas se passer de la Russie», a-t-il glissé, avant de s'adresser à Emmanuel Macron, rapportant son échange avec le président russe lors de sa visite à Moscou le 26 octobre : «[Vladimir Poutine] m'a dit que Macron était important pour finir la guerre. Il m'a parlé de toi trois fois. Il m'a dit "une grande accolade à mon ami Macron". Il a la responsabilité d'en finir avec cette guerre.»
A condition d'en finir avec les doubles standards ?