Washington redéploie ses troupes auprès des FDS dans le nord de la Syrie pour... aider la Turquie
Le chef du Pentagone a évoqué un redéploiement de troupes en Syrie auprès de son allié, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Unités de protection du peuple kurde. Pour Ankara, c'est encore et toujours une ligne rouge.
Le 28 novembre, à l'occasion d'une réunion informelle avec des journalistes au Pentagone, le secrétaire à la Défense Jim Mattis a évoqué un nouvel argument, quelque peu déroutant, pour justifier le maintien des troupes américaines dans le nord de la Syrie.
«Nous installons des postes d'observation à plusieurs endroits le long de la frontière syrienne septentrionale parce que nous voulons être ceux qui appelons les Turcs et les avertissons, si nous voyons quelque chose dans une zone dans laquelle nous opérons», a-t-il ainsi confié. L'idée du chef du Pentagone est donc de renforcer la présence américaine auprès des Forces démocratiques syriennes (FDS) – à partir de troupes déjà présentes dans le pays – pour prévenir Ankara et son armée, avec qui Washington «communiquera», de toute menace qui pourrait les viser. Sous-entendu en provenance des derniers combattants de l'Etat islamique que Washington pourrait repérer.
Une déclaration qui ne manque pas d'interloquer, les FDS étant une coalition militaire dominée par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui, selon Ankara, sont une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'elle considère comme un groupe terroriste. La Turquie les combat ouvertement, redoutant que l'établissement d'une entité kurde à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes sur son territoire.
Pas plus tard que le 28 octobre dernier, Ankara a d'ailleurs bombardé des positions des YPG dans le nord de la Syrie. Une situation qui a poussé les FDS à annoncer trois jours plus tard la suspension de leur offensive contre Daesh, dénonçant au passage la «coordination directe entre les attaques de l'armée turque et celles de l'Etat islamique».
Les Etats-Unis et la Turquie dans le nord de la Syrie : des intérêts trop divergents
Si James Mattis a opté pour une annonce tout en diplomatie envers Ankara, il a tout de même reconnu que ces postes d'observation avaient également pour vocation de faire office de protection aux FDS pour que ces derniers puissent concentrer leurs efforts contre Daesh. «L'objectif est de s'assurer que les personnes qui combattent dans [la vallée de l'Euphrate] ne soient pas entraînées hors de ce combat, et que nous puissions écraser ce qui reste du califat», a-t-il expliqué. Une décision qui risque bien de compliquer les relations déjà tendues entre Washington et Ankara.
«Allez, partez !» : #Erdogan monte encore d'un ton et exige le départ des #EtatsUnis du Nord syrien
— RT France (@RTenfrancais) 6 février 2018
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Dans le nord de la Syrie, la Turquie et les Etats-Unis peinent toutefois, pour dire le moins, à concilier leurs intérêts. En 2017, les deux puissances ont même frôlé l'affrontement direct, tout en concluant au coup par coup des accords de circonstance précaires. En janvier 2018, afin de prévenir la formation d'un quasi-Etat kurde à ses frontières, la Turquie a lancé une offensive militaire majeure contre l'enclave kurde d'Afrin, à une centaine de kilomètres, en territoire syrien.
Ankara a plusieurs fois haussé le ton contre les Etats-Unis, qui soutiennent avec d'autres puissances occidentales, dont la France, les Forces démocratiques syriennes, une coalition arabo-kurde, dans le nord de la Syrie. «Pourquoi vous restez ? Allez, partez !», avait lancé en février Recep Tayyip Erdogan à l'encontre des Américains, reprochant en outre à Washington de maintenir des forces armées en Syrie malgré la défaite de Daesh, à des fins «calculatrices».