Crise diplomatique : le ton monte entre la Turquie et les Etats-Unis
L'emprisonnement en Turquie d'un pasteur originaire des Etats-Unis accusé d'espionnage et de terrorisme continue d'envenimer les relations diplomatiques entre les deux pays. Washington menace Ankara de nouvelles sanctions.
Les Etats-Unis ont menacé le 16 août au soir de frapper la Turquie avec de nouvelles sanctions, alors que celle-ci est déjà fortement ébranlée par l'effondrement de la livre, si un pasteur américain retenu à Ankara n'est pas libéré. Le cas de cet homme qualifié d'«otage» par le président américain Donald Trump sur Twitter est au cœur d'une crise diplomatique très vive entre les deux pays depuis plusieurs jours.
Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a décidé de hausser le ton en annonçant que les Etats-Unis prendraient des sanctions supplémentaires contre Ankara si Washington n'obtenait pas la libération du pasteur Andrew Brunson. «Nous prévoyons de faire davantage s'ils ne le libèrent pas rapidement», a-t-il affirmé lors d'une réunion à la Maison Blanche du cabinet du président Trump. Dès le 17 août, la Turquie a annoncé qu'elle répliquerait en cas de nouvelles sanctions américaines.
Le pasteur Brunson, au cœur de la tempête diplomatique entre les deux alliés de l'Otan, a été placé le mois dernier en résidence surveillée après plus d'un an et demi d'incarcération. Il est accusé par Ankara d'espionnage et d'activités terroristes. Les Etats-Unis, par la voix de leur président lui-même, estiment que le pasteur est un «homme très innocent» et que la Turquie ne se comporte pas en «ami» dans la gestion de ce dossier.
«La Turquie a profité des Etats-Unis pendant beaucoup d'années. Ils retiennent notre merveilleux Pasteur Chrétien, à qui je dois maintenant demander de représenter notre Pays en tant qu'otage patriote. Nous ne paierons rien pour la libération d'un homme innocent», a encore tweeté Donald Trump.
Le puissant ministre turc des Finances Berat Albayrak, qui est aussi le gendre du président Recep Tayyip Erdogan, avait assuré plus tôt que son pays «émergerait encore plus fort» de la crise de la livre, dont la valeur a fondu de 40% par rapport au dollar cette année, alors que Washington et Ankara ont annoncé des sanctions réciproques. Il a par ailleurs fait savoir, lors d'une téléconférence avec plusieurs milliers d'investisseurs, que son pays n'était pas en contact avec le Fonds monétaire international pour un éventuel plan d'aide et qu'Ankara n'aurait pas recours au contrôle des capitaux. Ces annonces ont relativement rassuré les marchés et permis à la livre de reprendre des couleurs pour le troisième jour de suite.