Les récentes frappes américaines en Syrie sont un acte impulsif de Trump. Mais, en essayant de diluer par cela l'hostilité qui l'entoure, il ne fera que renforcer la méfiance de Moscou envers Washington, estime l'écrivain Diana Johnstone.
RT France : Quel est le but pour Donald Trump de frapper la Syrie sans une résolution de l’ONU ? Est-ce un avertissement à destination de la Chine, de la Russie, ou bien pour montrer les muscles à l’intérieur des Etats-Unis et se différencier de Barack Obama ?
Diana Johnstone (D. J.) : Cet acte paraît impulsif, sans objectif stratégique bien pensé. A première vue, la motivation principale de cette frappe est de calmer les loups qui hurlent à sa porte. La politique aux Etats-Unis est principalement faite d’émotions, de réactions hystériques, de gestes de haine, de prétentions moralisantes. Donald Trump vit entouré d’une hostilité sans précédent pour un président nouvellement élu. On complote constamment pour trouver un bon prétexte pour sa destitution.
Voici une occasion de se mettre au diapason avec l’émotion nationale en se hâtant de venger la mort horrible de bébés innocents, tout en confirmant indirectement l’opinion, qui est devenue un article de foi dans les milieux de l’OTAN, que le Président Obama a fait une faute grave en s'abstenant de bombarder la Syrie en 2013.
Bachar el-Assad n’avait absolument aucune raison de commettre une atrocité pareille avec des armes chimiques contre des civils, surtout dans ce contexte
RT France : Est-ce une coïncidence que l’attaque chimique et la riposte américaine surviennent au lendemain des déclarations de Rex Tillerson concernant le départ de Bachar el-Assad comme n'étant plus une condition préalable ?
D. J. : Cette question revient à poser la question : qui est responsable de l’attaque chimique ? Car si le moment était choisi, il ne pouvait être choisi que par les ennemis d’Assad, étant donné les circonstances. Les observateurs à la fois très bien informés et totalement honnêtes, comme Ron Paul, voient bien que Bachar el-Assad, un homme intelligent, n’avait absolument aucune raison de commettre une atrocité pareille avec des armes chimiques contre des civils, surtout dans ce contexte. Une enquête s’impose. Mais il existe un chœur de police de la pensée pour stigmatiser toute observation réaliste à ce propos comme étant une «théorie conspirationniste» – comme si les false flags n’étaient pas une constante de la guerre depuis toujours, et notamment de cette guerre-là.
RT France :Pensez-vous qu’il y a des ressemblances avec d’autres interventions américaines ?
D. J. : Un peu trop pour que ce ne soit pas évident. Et pourtant, ça semble toujours marcher, grâce aux médias et à la grande naïveté du public. La minorité de personnes en mesure d’exposer les manipulations reste marginalisée.
Donald Trump n’a pas les moyens de résister à la pression du deep state, quelles que soient ses intentions
RT France :Est-ce la fin de la coopération avec la Russie ?
D. J. : Il peut toujours y avoir de la coopération, surtout plus ou moins discrète, sur certaines questions mineures. Mais il faut être deux pour coopérer, et cet événement ne peut que renforcer la méfiance de Moscou envers Washington. La conclusion à tirer est que Donald Trump n’a pas les moyens de résister à la pression du deep state, quelles que soient ses intentions. Pour cette raison, une coopération qui exigerait des compromis, des concessions importantes, semble exclue, car Moscou ne peut absolument pas se fier à Washington.
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