Si les occasions de se retirer n'ont pas manqué, François Fillon a choisi de réagir avec «ténacité», persuadé de sa légitimité. Ce trait de caractère suffira-t-il pour les électeurs ? Analyse avec Frédéric Dosquet, spécialiste en marketing politique.
RT France : Les Républicains et l'UDI ont après une semaine tumultueuse marquée par de nombreuses défections décidé de continuer à soutenir la candidature de François Fillon. Qu'est-ce qui lui a permis d'asseoir sa légitimité au sein de sa famille politique qui ne semblait plus y croire ?
Frédéric Dosquet (F. D.) : Il faut avant tout parler de ce trait de caractère de François Fillon qui a marqué : sa ténacité. Il aurait pu abandonner depuis bien longtemps. Les occasions n'ont pas manqué. Or, il a toujours tenu sa position. Ce qui démontre un trait de caractère fort chez lui. Il faut souligner également qu'il s'est toujours senti légitime à rester puisqu'il a remporté haut la main la primaire de la droite et du centre. La manifestation de soutien du dimanche 5 mars l'a renforcé dans ce sens. Enfin, la droite n'avait aucune autre solution viable ou encore capable de remporter l'élection présidentielle de 2017.
RT France : Ce trait de caractère justement en terme de communication politique peut-il être à l'avantage de François Fillon et lui permettre d'accéder au deuxième tour ?
F. D. : Sa ténacité fait plaisir au noyau dur de la droite des Républicains. Le problème demeure que ce noyau dur ne permet pas de gagner l'élection présidentielle. C'est tout le souci qui se pose aujourd'hui à lui. Je pense que François Fillon ne passera pas le second tour. Il sera présent dans la suite de cette campagne mais il arrivera sans doute troisième.
Trois grands partis - le PS, les Républicains et l'UDI - risquent d'imploser au lendemain de la présidentielle
RT France : Après une telle tourmente qui selon plusieurs analystes va faire perdre l'élection imperdable à la droite, les Républicains peuvent-ils se relever ? Ont-ils encore un avenir notamment lors des élections législatives ?
F. D. : A partir du moment où les élus se désolidarisent de François Fillon, c'est évidemment pour sauver leurs sièges lors des élections législatives à venir. De nombreux députés, n'ayant pas suivi François Fillon jusqu'au bout, pourront le revendiquer dans leur campagne et ainsi espérer que les électeurs fassent la part des choses. Quel sera l'avenir des Républicains après ces échéances électorales ? C'est justement ce qui est très intéressant dans cette campagne présidentielle : trois grands partis - le PS, les Républicains et l'UDI - risquent d'imploser au lendemain de la présidentielle. Ces trois acteurs majeurs de la vie politique française risquent de se désagréger suite à l'affaire Fillon mais aussi à la non-campagne de Benoît Hamon et à la percée d'Emmanuel Macron qui les prend tous les trois de court.
RT France : Est-on selon vous en train de dépasser le fameux clivage gauche/droite qui anime les discussions à chaque période de campagne ?
F. D. : 2017 est à mon sens l’avènement, non pas forcément d'une rupture franche dans le clivage gauche/droite, mais d'un nouveau paysage sur l'échiquier politique français. Emmanuel Macron représente vraiment cette rupture.
RT France : Emmanuel Macron est donc pour l'instant pour vous le grand gagnant de la déroute des Républicains et de cette élection mouvementée ?
F. D. : A mes yeux, oui. Il n'y a que peu de doute là-dessus. Il faudra maintenant observer comment sa dynamique évolue dans les dernières semaines de campagne.
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