Selon l'économiste Henri Sterdyniak, le programme politique d'Emmanuel Macron «s’inscrit dans la continuité» du gouvernement socialiste actuel, mais «va dans le même sens» que le projet de François Fillon.
RT France : Que pensez-vous du programme économique d’Emmanuel Macron ?
Henri Sterdyniak (H. S.) : C’est un programme qui s’inscrit dans la continuité du gouvernement précédent, c’est-à-dire qu’on réduit les dépenses publiques, on réduit les impôts sur les entreprises les plus riches et on flexibilise le marché du travail. Cela ressemble beaucoup au programme de François Hollande, ce n’est un programme de rupture ni dans un sens ni dans l'autre. C’est moins violent que le programme de François Fillon mais, en même temps, il va dans le même sens.
RT France : Est qu’on peut qualifier ce programme de programme de gauche ou de droite ?
H. S. : Oui, on peut. C’est un programme de centre-droit avec des baisses de dépenses publiques, avec une réduction du nombre de fonctionnaires, une réduction des impôts sur le capital, une réduction du temps de travail pour donner plus de liberté aux entreprises, donc c’est quand même un programme plutôt de centre-droit.
RT France : Quels sont, à votre avis, les points forts et les points faibles de ce programme sur le plan économique ?
On essaye de garder un équilibre, mais finalement, réduire les dépenses publiques devient de plus en plus difficile.
H. S. : Le point faible, c’est que ce n’est pas un programme de relance. C’est un programme qui réduit les dépenses publiques, le nombre de fonctionnaires, qui ne prévoit pas de grandes mesures de politique industrielle, de mesures pour impulser la transition écologique. C’est un programme qui reste dans l’idée d’attirer des entreprises, en réduisant les impôts pour les très riches. Donc, c’est la logique libérale, avec un peu de mesures sociales puisqu’on augmente de 100 euros les minima sociaux. C’est un mix entre le programme de François Hollande et celui de François Fillon.
RT France : Beaucoup de commentateurs ont reproché à Emmanuel Macron de ne pas avoir précisé comment il finançait son programme. Etes-vous d’accord avec cette critique ?
H. S. : Le mode de financement, c’est surtout la réduction des dépenses publiques. D’un côté, on affirme qu’on va les réduire. De l’autre, on augmente un certain nombre de dépenses publiques, les dépenses militaires, les dépenses de sécurité, les minima sociaux, et on s’en sort en disant qu’on va réduire les dépenses publiques. En fait, on essaye de garder un équilibre, mais finalement, réduire les dépenses publiques devient de plus en plus difficile.
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