Livraisons aériennes illégales : les drones au service des criminels incarcérés

Au sein de la maison d’arrêt d’Albi, dans le Tarn (81), une nouvelle affaire de livraison par drone a éclaté. L’engin a été intercepté et plusieurs mineurs ont été interpellés. Une affaire qui illustre un nouveau fléau contre lequel les forces de l’ordre ont du mal à lutter.
Un drone survolant la prison de la Cité épiscopale du sud-ouest a été repéré samedi après-midi, aux alentours de 16 h, par un habitant des environs. La gendarmerie a rapidement localisé cinq adolescents, âgés de 15 à 17 ans, en train de piloter l’appareil dans le but de livrer des objets aux détenus. Quatre ont été interpellés, le cinquième a réussi à prendre la fuite.
Le chef d’escadron Claude Ducerf, commandant la compagnie de gendarmerie départementale d’Albi, s’est félicité de cette intervention : « Les militaires de la compagnie d’Albi ont été immédiatement engagés et, de par leur activité et leur connaissance du terrain remarquable, ont permis d’interpeller en flagrance quatre jeunes mineurs, originaires de la région toulousaine, à bord d’un véhicule avec lequel ils tentaient de prendre la fuite. »
Parmi les objets saisis, on retrouve bien entendu l’engin volant et sa télécommande, mais également six téléphones portables, 450g de résine de cannabis, plusieurs paquets de cigarettes ainsi que de l’argent liquide.
Un fléau en forte expansion
Le centre pénitentiaire d’Albi est particulièrement exposé à ce type de livraisons, notamment à cause de sa surpopulation (184 détenus pour 105 places) qui rend l'application des dispositifs classiques moins efficace.
En avril, deux personnes avaient déjà été interpellées pour une tentative similaire. D'autres incidents ont été recensés dans diverses prisons françaises, indiquant l’essor de ce type d’approvisionnement via des drones, facilité par les réseaux sociaux.
Les livraisons illicites par drone explosent partout en France : en 2023, la prison de Gradignan, entre autres, avait déjà été le théâtre de livraisons de cannabis, de téléphones ou même d'armes blanches via ces engins volants. L’administration pénitentiaire rapporte 600 survols détectés depuis le début de l’année, contre seulement 28 en 2022.
Les réseaux à l’origine de ces livraisons sont, pour certains, organisés comme de véritables « start-up ». Surnommés « Uber Shit » par les détenus, ils leur offrent un service illégal et terriblement efficace.
L’affaire d’Albi illustre l’évolution rapide des stratégies de contournement des prisons où la technologie devient un atout pour l’introduction de biens interdits. Elle soulève aussi la question de l’efficacité des moyens de contrôle et de la nécessité d’un renforcement des dispositifs anti-drone.