Le cessez-le feu en Syrie est «une très bonne opportunité» que «chacun doit saisir» selon Philip Giraldi, ex-agent de la CIA, qui estime qu'Assad a un rôle à jouer que nul ne peut nier.
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RT : Les tirs qui ont retenti dans les villes d’Alep et d’Homs impliquant le groupe terroriste Al-Nosra, vont-ils engendrer une sorte de contre-attaque ?
Philip Giraldi : Très certainement, mais, je pense que ceux qui ont réussi à mener des négociations, sont tombé d’accord que Al-Nosra ne fasse pas partie des groupes admis qui participeront [au cessez-le-feu]. Donc, je m’attends à ce que l’armée syrienne va poursuivre son opération contre Al-Nosra.
Le plus grand problème viendra des groupes qui font partie de l’accord, en particulier des Saoudiens et des Turcs
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RT : J’ai devant moi une citation du leader d’Al-Nosra Abu Mohammad al-Julani, et pour lui, le cessez-le-feu est un «piège» tendu par l’Occident pour pousser les Syriens sous la coupe d’un régime tyrannique. Pensez-vous que ce groupe est capable de faire avorter cette trêve ?
P.G. : Je ne le pense pas, tant que tous les autres œuvrent de bonne foi, tant que la Russie, les Etats-Unis et un certain nombre d’autres groupes de guerre modérés sont tombés d’accord qu’al-Nosra et Daesh sont en dehors du cadre de l’accord, cela peut marcher. Je pense que le plus grand problème viendra des groupes qui font partie de l’accord, en particulier des Saoudiens et des Turcs, qui peuvent avoir un point de vue différent sur la qualification des terroristes.
RT : C’est l’un des problèmes majeurs.
Le directeur de la CIA, John Brennan, a dit qu’il ne s’attend pas à ce que la Russie respecte le cessez-le-feu, et il a appelé à un support militaire secret des groupes rebelles si la Russie «franchit la ligne». Pouvez-vous nous préciser le rôle de la CIA en Syrie ? A votre avis, qu’est-ce qu’ils essaient d’obtenir là-bas ?
P.G. : Le CIA a formé et organisé l’un des groupes de résistants qu’on considère être parmi les plus modérés. Mais, je ne suis pas tout à fait d’accord avec Brennan sur le sujet. Je pense que lorsque les Russes et les Américains ont établi tout ça, ils ont réellement examiné tous ces différents groupes, et il y a une véritable acceptation, au moins dans leurs propres esprits, de qui représente les vrais extrémistes, et de qui s’apparente plutôt à l’opposition politique.
Assad n'est pas la vraie source du problème
RT : Beaucoup de choses ont été dites, bien sûr, et les déclarations se poursuivent. Obama a dit hier que le président Assad ne peut avoir aucune place dans la Syrie de demain. Pensez-vous que les déclarations telles que celles-ci, que l’on entend quasiment tous les jours, aident à la bonne tenue de cette trêve ?
P.G. : Je ne pense pas que [ces déclarations] sont réellement mauvaises. Je pense qu’Assad comprend tout à fait la position des Américains. La position des Américains est tout à fait irrationnelle et de dire qu’Assad n’aura pas de place dans l’avenir... l’avenir ce n’est pas pour bientôt. Je pense qu’Assad aura certainement un rôle majeur dans le présent, pour travailler avec des gens qui sont ses alliés, pour parvenir à un certain type de compréhension, qui, on l’espère, produira un vrai cessez-le-feu.
Obama doit faire face à ses propres électeurs à la Maison blanche. Et il a des gens comment Susan Rice qui aime particulièrement diaboliser Bachar el-Assad. Donc il est obligé de parler à ces électeurs, ainsi qu’à de nombreux gens du parti Démocratique à qui on a fait croire qu’Assad est la source du problème, ce qui n’est pas vrai en réalité.
RT : Pensez-vous qu’il doit y avoir un cessez-le-feu des paroles, afin de donner une chance à cette trêve ?
P.G. : Il y a beaucoup d’hommes politiques qui seront obligés de se repositionner, pour confirmer qu’ils font bien partie de ce processus. J’espère que cela va marcher, et cela ne va marcher que si tous, en particulier la Russie et les Etats-Unis, œuvrent de bonne foi.
Il y a probablement un large consensus parmi les Syriens qu’il est temps de mettre fin à cela
RT : Quelles sont selon vous les perspectives des pourparlers de paix ?
P.G. : C’est une solution politique qui se déroule en aval. Je pense qu’il y a probablement un large consensus parmi les Syriens qu’il est temps de mettre fin à cela, et qu’il est temps de trouver une solution adéquate. Bien évidemment, c’est ce que j’aimerais voir.
RT : Pensez-vous qu’on aboutira à une solution ?
P.G. : Il doit y avoir une solution trouvée à un certain moment. Pour le meilleur ou pour le pire. Je pense que c’est une très bonne opportunité et je pense que chacun doit la saisir, et voir qu’ils peuvent faire en sort qu’elle réussisse.
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