Les experts ont réagi avec retenue au plan russo-américain de cessez-le-feu en Syrie. En saluant la coopération de Moscou et de Washington, ils prévoient que plusieurs obstacles risquent de se dresser dans la mise en œuvre du plan annoncé.
Le professeur-adjoint en sciences politiques de l'Université Northeastern de Boston, Max Abrahms, a réagi avec «scepticisme et optimisme» à l'accord. Il explique que le régime de cessez-le-feu ne fonctionnera que si toutes les parties belligérantes sont à bout de force, ce qui n'est pas le cas en Syrie.
De l’avis de l’expert, «le gouvernement syrien se porte assez bien», surtout grâce à l'aide russe. «De plus, même si les forces des rebelles sont bien entamées, je crois qu'ils peuvent encore obtenir du soutien extérieur de pays comme l'Arabie Saoudite ou la Turquie», a-t-il indiqué en ajoutant que «certains acteurs principaux», tels que l'Etat islamique et le Front al-Nosra, ne font pas partie de l'accord.
«Je ne pense pas que la question soit de savoir "si le régime de cessez-le-feu sera violé". Je pense que la question est plutôt de savoir quand Daesh attaquera de nouveau», a prévenu Max Abrahms. Il a estimé que les prochaines opérations visant les terroristes pourraient également toucher les membres d'autres groupes. «Le conflit va persister en Syrie quels que soient les accords conclus», a-t-il affirmé.
La coopération de Moscou et Washington est «une bonne nouvelle»
Ray McGovern, ancien analyste de la CIA, a pour sa part salué une coopération d’un tel niveau entre Moscou et Washington. «La bonne nouvelle, c'est que la Russie et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour placer leurs dirigeants, les présidents, derrière cette initiative».
Pour autant, il a souligné qu'il fallait attendre la réaction d'autres pays défendant leurs propres intérêts en Syrie, tels que la Turquie, l'Arabie Saoudite, le Qatar et Israël.
En outre, il estime qu'il «sera difficile» d'identifier les «rebelles modérés». Selon lui, cela peut expliquer la nécessité des cartes que les militaires russes et américains vont établir dans le cadre du plan annoncé.
«En vérité, comme Obama l'avait admis il y a un an et demi, les rebelles modérés en Syrie, c'est un fantasme», a indiqué l'expert.
D'après lui, il serait «honteux» pour Washington d'admettre que les groupes soutenus par les autorités américaines n'étaient pas des «modérés», ce qui est avéré pour le Front al-Nosra.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.