Certains «éléments extérieurs» vont essayer de tout faire pour que le cessez-le-feu en Syrie échoue, estime Michael Maloof, ex-agent du Pentagone, qui qualifie les actions de l'Arabie saoudite et de la Turquie de «provocation».
RT : Pensez-vous que le cessez-le-feu qui vient d’entrer en vigueur en Syrie pourra tenir ? Etes-vous optimiste ?
Michael Maloof : Je pense qu’en fin de compte, il ne va pas tenir, même si dans un monde parfait on aurait tous préféré qu’il tienne. Je pense qu’il y aura certains «éléments extérieurs» qui vont essayer de tout faire pour que le cessez-le-feu échoue. Je pense en particulier à l’Arabie saoudite par exemple. Ce n’est vraiment pas dans leur intérêt que le régime d’Assad survive. L’idée même du cessez-le-feu consiste en une tentative de faire s’assoir toutes les parties à la table des négociations et de trouver un accord sur des élections. Mais, cela suppose, bien évidemment, qu’Assad soit impliqué. Et cela ne présage rien de bon pour des pays tels que l’Arabie saoudite et la Turquie, qui ont juré d’en finir avec lui. Et à présent, ils font défiler leurs troupes le long de la frontière.
L'Arabie saoudite et la Turquie fournissent armes et financements aux groupes qui continuent de se battre
Donc, pour moi, il s’agit d’une provocation. De plus, ils fournissent armes et financement aux groupes qui vont continuer à se battre. Donc, je vois un grand potentiel ici pour que des groupes poursuivent les combats entre eux, pour établir un territoire. Et je pense que par conséquent, il [le cessez-le feu] peut ne pas durer.
RT : Il convient de souligner encore une fois que la lutte contre Daesh et d’autres organisations extrémistes se poursuit durant ce cessez-le-feu établi entre l’armée syrienne et les forces d’opposition. Alors imaginons que ce cessez-le feu soit saboté, à quel type de réaction vous attendez-vous de la part des forces de la coalition, parce qu’on peut supposer qu’ils ont cette carte, ils savent qui est qui, et s’ils savent que quelqu’un viole le cessez-le-feu, à quel type de réaction vous attendez-vous de leur part ?
M.M. : Cela dépendra de quel groupe violera l’accord. Certains groupes d’opposition ont travaillé avec Al-Nosra et Daesh et il y a aussi des groupes que même la Russie a défini comme étant des djihadistes salafistes et je peux imaginer qu’ils vont agir ainsi [violer l’accord], même si leurs porte-paroles et leurs leaders déclarent qu’ils vont essayer de le respecter. Encore une fois, ceci n’est possible que dans un monde parfait. La réalité sur le terrain est qu’ils vont essayer d’aspirer autant de territoire qu’ils le peuvent, puis ils vont essayer de le tenir autant que possible, afin de s’établir.
Le cessez-le-feu sera difficile, mais c’est quelque chose qui vaut au moins la peine d’être essayé
RT : Comment contrôler un cessez-le-feu de ce type, étant donné la complexité de ce qui se passe sur le terrain ?
M.M. : Cela sera l’une des difficultés. Comment assurer que le cessez-le-feu va tenir ? Je pense que s’il n’y a pas de tirs, c’est une chose, mais je pense que si le cessez-le-feu peut tenir, la question qu’il faut se poser est de savoir qui doit faire respecter ce cessez-le feu à divers endroits. Et encore une fois, à moins d’avoir le total soutien de tous les éléments qui y sont impliqués, ça ne fonctionnera pas. Et bien sûr, comme vous l’indiquez, il y aura la poursuite des bombardements des forces de Daesh et d’Al-Nosra, et cela sera vraiment dans leur intérêt d’essayer d’intégrer d’autres groupes et de les exciter, afin que tout tombe à l’eau. Je pense que cela sera difficile, mais, je pense que c’est quelque chose qui vaut au moins la peine d’être essayé. Et si on a des groupes d’opposition qui disent qu’ils vont le respecter, alors essayons !
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