Crise migratoire de l’UE : arrêtez les guerres illégales, n’accusez pas les victimes

Crise migratoire de l’UE : arrêtez les guerres illégales, n’accusez pas les victimes© Giorgos Moutafis Source: Reuters
Une petite fille irakienne sur l’île de Lesbos, en Grèce, le 22 janvier 2016
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Les dirigeants européens, complices des guerres illégales menées par l’OTAN dans l’intérêt des Etats-Unis, doivent être tenus pour responsables des crimes de guerre et crimes contre la paix, au lieu de blâmer les réfugiés, estime Finian Cunningham.

L’Europe est sur une pente dangereuse et glissante d’une xénophobie et d’un racisme croissants engendrés par l’afflux des réfugiés. La nouvelle loi sur la confiscation au Danemark est le signe d’un climat sombre et pernicieux.

Mais, la véritable réponse au problème est de s’attaquer au soutien de l’Europe aux guerres criminelles de Washington. En d’autres termes, les citoyens d’Europe doivent s’adresser à la cause profonde du problème, au lieu de réagir aux symptômes. Nous devons punir les coupables, pas les victimes.

Les gouvernements européens sont accusés de crimes de guerre, mais nous leur permettons de se sortir d’assassinats de masse

Nous devons exiger des sanctions légales et les poursuites judiciaires des chefs de gouvernement sur ce qui constitue d’énormes violations du droit international.

Les gouvernements européens sont accusés de crimes de guerre, mais nous leur permettons de se sortir d’assassinats de masse. Puis, lorsqu’on est face à un problème secondaire qui est le déplacement massif de réfugiés des zones de guerres et de conflits – que nos gouvernements ont fomenté – nous nous entêtons illogiquement et lâchement à accuser les victimes de la criminalité de nos gouvernements.

Une partie de la dénonciation publique des coupables impliquerait tenir ces membres européens de l’alliance militaire de l’OTAN gouvernée par les Etats-Unis responsables aux yeux de la loi internationale. Les chefs de gouvernement et dirigeants militaires devraient comparaître pour crimes de guerre et crimes contre la paix. Les preuves sont là. Le fait que les gouvernements européens ont mené des guerres douteuses à l’étranger, en toute impunité, est la véritable honte et la racine du problème.

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Les guerres en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie et en Ukraine ainsi que les assassinats au moyen de drones commis au Pakistan, en Somalie, au Yémen, plus les opérations militaires secrètes au Mali, au Niger et en Côte-d’Ivoire ont toutes impliqué la complicité des membres d’Etat européens. La Grande-Bretagne et la France en particulier se sont le plus impliqués dans des interventions militaires menées par l’OTAN, gouverné par les Etats-Unis, qu’il s’agisse d’opérations déclarées ou d’opérations secrètes, respectivement en Libye et en Syrie.

La Libye représente probablement le cas le plus flagrant de guerre illégale conduite par l’OTAN

Le nombre incalculable de personnes déplacées à travers l’Asie Centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique est le résultat direct du militarisme européen en conjonction avec celui de Washington. Même l’intervention française au Mali et en République centrafricaine sont contestables au regard du droit international. Les deux ont été lancées sans résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Au cours des cinq dernières années, la Libye représente probablement le cas le plus flagrant de guerre illégale conduite par l’OTAN et ses membres européens, y compris la Norvège, le Danemark, le Pays-Bas et l’Italie en plus de la Grande-Bretagne et la France. Ces pays, ainsi que les Etats-Unis ont violé le mandat de l’ONU pour bombarder le pays d’Afrique le plus prospère et le plus stable jusqu’à le transformer en un chaos sanglant. Des milliers de civils ont été tués durant les sept mois de blitzkrieg américano-européen, qui a connu son point d’orgue avec l’assassinant cruel du leader Mouammar Kadhafi.

La Libye a été saccagée et réduite à un Etat en faillite, envahie par des groupes extrémistes illégaux et armés, et ce sont les gouvernements européens qui sont les auteurs de cette plongée dans le barbarisme. Pourquoi dans une Europe soi-disant civilisée, respectueuse de la loi et récompensée par des Prix Nobel, on n’entend pas les appels à la justice pour ces crimes atroces ?

Et pourtant, il y a une semaine, les chefs militaires américains et européens appelaient à encore plus d’intervention en Libye et en Syrie. Cette déclaration d’intervention militaire – bien que son but énoncé est de «combattre le terrorisme» est en soit un acte d’agression illégale au regard de la loi internationale, a prévenu l’illustre avocat spécialisé dans les crimes de guerre Christopher Black lors d’un échange avec l’auteur de cet article. Donc, où est passé l’indignation publique et les appels à la poursuite judiciaire pour cet excès flagrant de plus de criminalité par nos gouvernements européens et leur allié américain ? Même si certains pays n’ont pas été directement frappés par l’armée de l’OTAN, tels que l’Erythrée, le Soudan, le Cameroun, les réfugiés originaires de ces endroits viennent en Europe en grande partie à cause de la porte ouverte vers l’Europe qu’est devenue la Libye après avoir été détruite par l’OTAN.

Les réfugiés viennent en Europe en grande partie à cause de la porte ouverte vers l’Europe qu’est devenue la Libye après avoir été détruite par l’OTAN

Cette semaine, on a vu le Parlement danois voter des mesures qui permettent à sa police de confisquer les biens d’une valeur supérieure à 1 300 euros aux demandeurs d’asile. Cette action a suscité une controverse internationale au sujet des craintes d’atteintes aux droits de l’Homme portées par les autorités danoises.

La loi danoise n’est qu’un exemple d’une longue litanie de mesures indiquant que l’Europe devient un lieu de plus en plus hostile envers les réfugiés. Des pays tels que la Hongrie, la Slovénie, la Pologne et l’Autriche ferment leurs frontières. Même l’Allemagne et la Suède, précédemment plus ouvertes, réduisent leur admission des réfugiés et renvoient de nombreux d’entre eux là d’où ils viennent.

D’un autre côté, c’est compréhensible que les habitants de différents pays s’inquiètent de l’augmentation du nombre des étrangers. Surtout lorsque les étrangers sont visiblement différents du point de vue de leur couleur de peau, de leurs habits et de leurs pratiques religieuses. Allons à l’essentiel. Les musulmans d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient représentent un problème pour de nombreux Européens. La recrudescence des attaques sexuelles dans des villes Allemandes et suédoises qui auraient été commises par des «jeunes hommes d’apparence arabe» a alimenté une réaction populaire. Mais, il existe le danger d’une sur-réaction hystérique qui nourrit les intérêts politiques des groupes racistes. Un dessin d’un journal satirique français représentant le petit garçon syrien mort noyé le montrant comme un prédateur sexuel après avoir grandi est une incitation irresponsable et méprisante.

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Tout comme qualifier les réfugiés de «sympathisants des terroristes». Suites aux attaques djihadistes terroristes à Paris le 13 novembre, la France et la Grande-Bretagne ont connu une spectaculaire augmentation des attaques aux relents antimusulmans. Les terroristes de Paris ont pu avoir infiltré la foule des réfugiés syriens en Europe. Mais, une véritable attention doit être portée sur le pourquoi et le comment ces djihadistes sont venus en Syrie en premier lieu, et sur le pourquoi des millions des gens ont été déplacés de ce pays.

Cette semaine, on a également signalé que les demandeurs d’asile en Grande-Bretagne sont obligés de porter des bracelets de couleur vive afin de bénéficier des distributions de nourriture. Ce type d’identification visible a eu quelques conséquences fâcheuses : certaines de ces personnes ont été molestées dans la rue, a rapporté The Guardian.

Le vrai problème est que les citoyen européens ne tiennent pas responsables leur gouvernements sans scrupules

Autre mesure, les portes des maisons des demandeurs d’asile dans la ville britannique de Middlesbrough ont été peintes en rouge par les autorités locales. Encore une fois, la ségrégation a conduit à des attaques menées par des voyous racistes.

Officiellement ou non officiellement, l’Europe devient une forteresse raciste, xénophobe. Etant donné l’historique de guerres du continent lui-même, e déplacements de population, de fascisme, de persécutions génocidaires, cela aurait dû être profondément troublant qu’une fois de plus, il se trouve sur une pente glissante vers une telle mentalité nihiliste. C’est doublement inquiétant lorsqu’on entend des apologistes des mesures radicales contre les réfugiés parler de «préserver le sang et la culture européenne». Etant donné les millénaires d’immigrations en Europe, de quel «sang pur» parlons-nous, à l'exception de pernicieuses notions mythiques ?

Comparer l’Europe à un bateau surchargé de migrants en train de couler est aussi stupide qu’irresponsable. L’admission par l’Europe d’un million de réfugiés l’année dernière s’élève à 0,2% de sa population de 500 millions de personnes. L’accueil par le Danemark de 21 300 demandeurs d’asile l’année dernière représente moins de 0,4% de sa population nationale.

La «crise» des réfugiés en Europe se transforme en une panique xénophobe et irrationnelle qui n’est pas justifiée par les faits. Elle amène les gens sur un dangereux territoire politique fait de persécutions, de discrimination raciste et en fin de compte, en sociétés fascistes qui empiètent sur tous les droits des citoyens.

Bien plus important encore, l’hystérie déplacée à propos des réfugiés distrait du vrai problème. Celui qui consiste à dire que les Etats européens sont complices des guerres d’agression illégales et d’interventions secrètes de changement de régime.

Les leaders politiques tels que le britannique David Cameron et le français François Hollande ainsi que Nicolas Sarkozy avant lui doivent être poursuivis par les cours internationales pour crimes contre la paix. Le vrai problème est que les citoyens européens ne tiennent pas responsables leur gouvernements sans scrupules. Punir les coupables, pas les victimes. Si on ne résiste pas à la tyrannie hors-la-loi, alors, nous serons ses prochaines victimes.

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