L'UE et les Etats-Unis refusent de reconnaître Loukachenko, qui dénonce une «révolution de couleur»
Après une déclaration américaine dans le même sens, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a mis en cause la «légitimité démocratique» d'Alexandre Loukachenko malgré sa prestation de serment. Ce dernier dénonce une «révolution de couleur».
L'Union européenne a annoncé ce 24 septembre qu'elle refusait de reconnaître Alexandre Loukachenko comme président de la Biélorussie en raison d'un «manque de toute légitimité démocratique». Réélu avec environ 80% des voix lors de la dernière élection présidentielle, ce dernier avait prêté serment la veille, entamant officiellement son sixième mandat, en pleine crise politique. Le haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell a pour sa part accusé Minsk d'avoir produit des «résultats falsifiés» pour l'élection du 9 août 2020. Les Etats-Unis ont eux aussi, la veille, fait savoir qu'ils ne reconnaissaient pas le dirigeant biélorusse comme chef d'Etat légitime.
Bruxelles dans les pas de Washington
«L'élection du 9 août n'était ni libre ni équitable. L'UE ne reconnaît pas les résultats falsifiés. En conséquence, la soi-disant "prestation" de serment du 23 septembre et le nouveau mandat dont se réclame Alexandre Loukachenko n'ont aucune légitimité démocratique [et] contredisent directement la volonté de larges pans de la population biélorusse», a affirmé Josep Borrell dans un communiqué cité par l'AFP.
Berlin avait expliqué le 23 septembre ne pas reconnaître le président biélorusse Alexandre Loukachenko, faute de «légitimité démocratique».
Ce même jour, un porte-parole du département d'Etat des Etats-Unis avait fait savoir, dans une déclaration soumise à l'AFP : «Les élections du 9 août n'étaient ni libres ni justes. Les résultats annoncés étaient truqués et ne confèrent aucune légitimité.»
Fausses couronnes et manifestations
L'opposition biélorusse a quant à elle raillé une cérémonie de prestation de serment qui se serait selon elle tenue «en secret», n'ayant pas été retransmise à la télévision. La figure de l'opposition et ex-candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa, l'a ainsi qualifiée de «farce», depuis la Lituanie où elle s'est exilée.
Dans la foulée, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Minsk contre Alexandre Loukachenko, pour certaines vêtues symboliquement de fausses couronnes en carton. 150 personnes ont été arrêtées, selon l'AFP, et le rassemblement a été dispersé, notamment à l'aide de canons à eau.
Une «révolution de couleur», selon Loukachenko
Réélu lors de la présidentielle du 9 août pour un sixième mandat avec 80% des voix, Alexandre Loukachenko est confronté depuis lors à une contestation de grande ampleur, des dizaines de milliers de personnes sortant régulièrement dans la rue à Minsk et dans d'autres villes pour dénoncer sa réélection, qu'ils jugent frauduleuse. Des manifestations de soutien au chef d'Etat ont également eu lieu. Les premiers jours, les rassemblements de l'opposition ont fait de nombreux blessés dans des affrontements avec les forces de l'ordre et donné lieu à des milliers d'arrestations. Des figures de l'opposition ont été incarcérées ou ont quitté le pays.
Le chef de l'Etat biélorusse qui, comme Pékin ou Moscou, accuse les Occidentaux d'avoir fomenté la protestation, a promis une réforme constitutionnelle, dont les contours restent à définir, pour répondre à cette crise politique.
Dans son discours lors de sa prestation de serment, le dirigeant biélorusse a fait référence aux «révolutions de couleur», nom donné aux soulèvements soutenus par l'Occident. «Notre Etat était face à un défi sans précédent [...] mais nous sommes parmi les seuls, sinon les seuls, chez qui la révolution de couleur n'a pas fonctionné», a-t-il souligné.
Plus tard, vêtu d'un uniforme militaire, il a tenu à remercier les soldats : «Vous avez sauvé la paix sur ce bout de terre, vous avez défendu la souveraineté et l'indépendance de notre pays.»