Biélorussie : les manifestations contre la réélection du président Loukachenko se poursuivent
Plus d'une semaine après l'élection présidentielle biélorusse, qui a vu le président sortant Alexandre Loukachenko l'emporter largement, les manifestations contestant les résultats de ce scrutin et dénonçant le pouvoir se poursuivent dans le pays.
Le 25 août, partisans et opposants au président Loukachenko ont de nouveau manifesté pour faire entendre leur voix.
A Minsk, plusieurs dizaines d'enseignants se sont réunis devant le ministère de l’Education pour manifester contre le président biélorusse Alexandre Loukachenko, récemment réélu, qui avait menacé de licencier les éducateurs qui ne soutenaient pas «l'idéologie d'Etat».
Plusieurs centaines de citoyens biélorusses ont également défilé le même jour dans la capitale de la Biélorussie pour soutenir quant à eux le président réélu Alexandre Loukachenko dans le cadre d'une manifestation autorisée.
La lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch a été convoquée par les enquêteurs biélorusses dans le cadre des poursuites déclenchées contre le «conseil de coordination» formé par l'opposition et dont elle est membre, ont indiqué ses alliés.
Selon ce «conseil» formé pour promouvoir un transition politique au biélorusse, Svetlana Alexievitch a été convoquée par les enquêteurs pour le 25 août, en tant que témoin dans l'affaire lancée contre cet organisme accusé de «menacer la sécurité nationale».
Ce 23 août, des dizaines de milliers de personnes battent de nouveau le pavé à Minsk pour protester contre le résultat de l’élection présidentielle du 9 août. Depuis déjà deux semaines, les manifestants exigent la démission du président biélorusse Alexandre Loukachenko.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a mis en garde contre le risque de voir la Biélorussie se convertir en une «seconde Ukraine», estimant nécessaire de «traiter» avec le président Alexandre Loukachenko, dans un entretien publié le 23 août dans le quotidien espagnol El Pais.
«Maduro et Loukachenko sont exactement dans la même situation. Nous ne reconnaissons pas qu'ils ont été légitimement élus. Toutefois, que cela nous plaise ou non, ils contrôlent le gouvernement et nous devons continuer à traiter avec eux, bien que nous ne reconnaissions pas leur légitimité démocratique» a expliqué le chef de la diplomatie européenne.
L'Union européenne a dénoncé ce 21 août les poursuites engagées par les autorités biélorusses contre le «conseil de coordination» formé par l'opposition, qualifiant cette attitude d'«intimidation», selon un communiqué.
En répondant à la constitution de ce conseil par l'ouverture d'une procédure pénale, «les autorités de l'Etat biélorusse sont revenues une fois de plus à l'intimidation fondée sur des motifs politiques», a affirmé une porte-parole des services extérieurs de l'UE, Nabila Massrali, citée par l'AFP.
Le procureur général de Biélorussie a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «appels à des actions visant à porter atteinte à la sécurité nationale», après que l’opposition a formé un «conseil de coordination» encourageant une transition du pouvoir.
Le philosophe Bernard-Henri Levy est allé à la rencontre de l'opposante biélorusse, Svetlana Tikhanovskaia en Lituanie le 19 août. Sur son compte Instagram, BHL s'est déclaré «bouleversé par cette rencontre» jugeant que le président Loukachenko était un «tyran».
Les opposants bélarusses Valery et Veronika Tsepkalo sont arrivés en Pologne, a annoncé le 19 août le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz, dont le pays a proposé sa médiation, aux côtés de deux pays baltes voisins pour résoudre la crise politique en Biélorussie.
Jacek Czaputowicz «a accueilli Valery et Veronika Tsepkalo, qui sont arrivés en Pologne» le 18 août, a tweeté le ministre, publiant aussi des photos du couple en sa compagnie.
- Właściwym i pożądanym krokiem byłoby przeprowadzenie nowych wyborów spełniających rekomendacje organizacji międzynarodowych, zaproszenie obserwatorów i zapewnienie udziału społeczeństwa obywatelskiego w tym procesie - podkreślił min. #Czaputowicz.https://t.co/p71cjcEqn2
— Ministerstwo Spraw Zagranicznych RP 🇵🇱 (@MSZ_RP) August 19, 2020Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a ordonné ce 19 août au gouvernement d'empêcher les troubles à Minsk et de renforcer les frontières, au 11e jour d'action et de protestation de l'opposition qui conteste les résultats de la présidentielle du 9 août. «Il ne doit plus y avoir aucun trouble à Minsk. Les gens sont fatigués et demandent la paix et la tranquillité», a déclaré Alexandre Loukachenko après une réunion avec son Conseil de sécurité, selon des propos retransmis par l'agence de presse d'Etat Belta. «L'écrasante majorité [de la population] est habituée à vivre dans un pays calme et nous devons rendre ce pays calme de nouveau», a-t-il ajouté.
En Biélorussie se déroule ce 9 août l'élection présidentielle. Les urnes avaient ouvert dès le mardi 4 août pour les citoyens qui ne pouvaient pas se déplacer dimanche, avait rapporté notamment Le Monde.
En lice, cinq candidats enregistrés et validés par la Commission électorale centrale (CEC) :
- L'actuel président du pays Alexandre Loukachenko, à la tête de l'ex-république soviétique depuis 1994.
- Svetlana Tikhanovskaïa, une enseignante d'anglais de formation qui a remplacé au pied levé son mari, le vidéo-blogueur de renom Sergueï Tikhanovsky, après son arrestation en mai pour «organisation et préparation d'actions violant gravement l'ordre public».
- Anna Kanopatskaïa, ancien membre de la chambre basse du Parlement biélorusse.
- Andreï Dmitriev, coprésident de l'association «Dire la vérité».
- Sergueï Tcheretchen, président du Parti social-démocrate biélorusse Gramada.
D'autres prétendants à l'investiture présidentielle ont été écartés de la course ces derniers mois.