Biélorussie : affaire pénale ouverte contre le «conseil de coordination» de l'opposition
Le procureur général de Biélorussie a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «appels à des actions visant à porter atteinte à la sécurité nationale», après que l’opposition a formé un «conseil de coordination» encourageant une transition du pouvoir.
Les autorités biélorusses ont annoncé le 20 août l'ouverture d'une affaire pénale pour «atteinte à la sécurité nationale» à l'encontre du «conseil de coordination» formé par l'opposition et destiné à promouvoir une transition du pouvoir. L'opposition biélorusse, en effet, conteste les résultats de l'élection présidentielle du 9 août qui a vu le président Alexandre Loukachenko réélu avec environ 80% des voix, contre quelque 10% pour la principale figure de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa.
«La création et l'activité d'un tel conseil sont destinées à la prise du pouvoir et à porter atteinte à la sécurité nationale de la Biélorussie», a fait valoir dans une vidéo diffusée sur le réseau social Telegram le procureur général, Alexandre Koniouk, cité par l'AFP. Il a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «appels à des actions visant à porter atteinte à la sécurité nationale», une accusation passible de peines allant de trois à cinq ans de prison.
Le «conseil de coordination» de l'opposition s'est réuni pour la première fois le 19 août, appelant à l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle «en conformité avec les normes internationales» et à l'«ouverture immédiate des négociations» avec les autorités. Il comprend notamment dans son présidium la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch et Ales Bialiatski, le directeur de Viasna, la principale organisation biélorusse de défense des droits humains, selon l'AFP.
La création de ce conseil avait été qualifiée par le président Alexandre Loukachenko de «tentative de s'emparer du pouvoir» de la part de l'opposition.
Bras-de-fer international autour de l'élection biélorusse
A l'étranger, l'Union européenne s'est dite le 19 août «aux côtés des Biélorusses» et a fait savoir qu'elle ne reconnaissait pas le résultat du scrutin, à l'issue d'un sommet extraordinaire de ses 27 Etats membres. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a promis des sanctions supplémentaires contre un nombre «substantiel» de dirigeants biélorusses, responsables selon eux de «violences, de répressions [des manifestations] et de fraudes électorales».
A l'inverse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a estimé le 19 août que la Chine s'opposait «à la division et aux troubles créés par des forces extérieures dans la société biélorusse». Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui déclaré le 18 août que «l'ingérence dans les affaires intérieures de la Biélorussie» et la «pression extérieure sur les dirigeants biélorusses» étaient «inacceptables».
L'annonce de la réélection d'Alexandre Loukachenko a déclenché dès le 9 août des manifestations dans toutes les grandes villes du pays, qui se sont renouvelées depuis. La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations dans les soirs qui ont suivi le scrutin.
Des personnes libérées ont témoigné à l'AFP de conditions de détention déplorables, d'abus et de violences : privation d'eau, de nourriture et de sommeil, passages à tabac ou encore incarcération par dizaines dans des cellules prévues pour quatre ou six personnes. En outre, ce 19 août, un troisième décès de manifestant a été rapporté par le site d'information tut.by : selon ses proches cités par ce média, un Biélorusse est décédé à l'hôpital d'une blessure «par balle» reçue lors d'une de ces manifestations réprimées par la police anti-émeute. Ce même 19 août, le ministère de la Santé a confirmé dans un communiqué la mort de Guennadi Choutov, 43 ans, suite à une «forte détérioration» de son état de santé, ne mentionnant pas la cause de ses blessures.
La Commission électorale centrale de Biélorussie a rejeté toutes les plaintes au titre d'une non-validité des résultats de l'élection présidentielle. Pour autant, le 17 août, le président biélorusse avait fait savoir qu'une nouvelle élection présidentielle pourrait se tenir à condition qu'une nouvelle Constitution soit adoptée par référendum.