Les Saoudiens envisagent «toutes les options», y compris «militaires» après l’attaque contre Aramco
Le ministre d’Etat des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir a estimé l'Iran responsable de l'attaque contre deux sites pétroliers du royaume. Il s'est dit prêt à étudier «toutes les options», y compris une intervention militaire.
A la suite de l’attaque du 14 septembre contre deux installations de la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures Aramco, le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir a déclaré le 24 septembre, lors d’une conférence tenue en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, que le royaume wahhabite cherchait à «mobiliser le soutien international et examiner toutes les options – diplomatiques, économiques et militaires – avant de prendre une décision».
«Nous voulons éviter la guerre. Mais dans le même temps, nous devons dire aux Iraniens : "Votre comportement ne peut pas continuer"», a-t-il ajouté. Adel al-Jubeir a par ailleurs assuré que les Nations unies apportaient leur aide au royaume afin de l’aider à identifier le site duquel ont été lancées les deux attaques. Celles-ci s’étaient répercutées sur l’économie de la monarchie saoudienne mais aussi sur le cours mondial de l’or noir.
Selon le numéro deux de la diplomatie saoudienne, l’enquête, à laquelle va participer la France, devrait être achevée «assez rapidement» même si celui-ci a suggéré que la durée des investigations pourrait durer plusieurs semaines. Si les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, ont immédiatement revendiqué les attaques d’Abqaiq et de Khurais, le dignitaire saoudien accuse directement son allié chiite. Adel al-Jubeir a certifié que Téhéran était responsable des frappes car «l’équipement» retrouvé sur place appartenait à la République islamique. Il a assuré qu’il ne restait plus qu’à «localiser le site de lancement», se disant certain que cela venait du nord, alors que le Yémen se situe dans le sud de la péninsule. «Une fois l’enquête terminée, nous ferons les annonces et blâmeront les responsables», a-t-il conclu.
«Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque»
Riyad avait présenté le 18 septembre des débris de projectiles comme une «preuve» de la culpabilité iranienne, arguant que les Houthis n’avaient pas accès à ce genre de matériel. Dans la foulée, le président de la République française et les chefs de gouvernement allemands et britanniques – qui vendent tous des armes à l’Arabie saoudite dans la guerre qu’elle mène aux Houthis au Yémen depuis 2015 à la tête d’une coalition militaire régionale – avaient également rendu la République islamique «responsable». «Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d'autre explication plausible», avaient-ils fait savoir dans un communiqué commun publié le 23 septembre.
De leur côté, les Américains, par la voix de leur secrétaire d’Etat Mike Pompeo, avaient insisté sur le fait que rien ne prouvait à ce stade que ces attaques avaient été lancées du Yémen. Donald Trump a lui appelé, le 24 septembre, les autres pays à se joindre aux Etats-Unis dans sa politique de pression maximale à l’égard de Téhéran, affirmant néanmoins qu’un chemin vers la paix était envisageable. Il a enfin confirmé vouloir continuer d’imposer des sanctions économiques au pays jusqu’à ce que les Iraniens abandonnent ce que le 45e président des Etats-Unis considère comme une volonté de se procurer l’arme nucléaire.
L’Iran a démenti catégoriquement son implication dans ces attaques, se demandant si celle-ci n’étaient pas l’œuvre directe des Saoudiens. La République islamique a par ailleurs fait savoir que les Houthis avaient «humilié les Etats-Unis» en contournant le système de défense antimissile de la monarchie wahhabite.
Le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite mène une coalition militaire régionale depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts, et trois millions de déplacés, d'après les Nations unies. Il s'agit de «la pire catastrophe humanitaire actuelle» selon l'ONU. Récemment, des lignes de fractures sont apparues au sein même de la coalition, après la prise du palais présidentiel à Aden par le 10 août par des séparatistes soutenus par les Emirats arabes unis, au détriment du gouvernement appuyé par Riyad.