Le chat d'Assange au cœur des nouvelles restrictions imposées à son maître par l'Equateur
Si l'Equateur a rétabli le droit d'Assange à bénéficier d'un accès à Internet et aux communications téléphoniques, il a cependant durci ses conditions de séjour dans l'ambassade équatorienne de Londres où il est enfermé depuis 2012.
Les partisans de WikiLeaks ont été ravis d'apprendre que l'Équateur rétablirait la connexion Internet de Julian Assange. Cependant, ses hôtes, qui sont paradoxalement devenus ses geôliers, lui auraient en revanche imposé une longue liste de restrictions nouvelles.
Tout en déclarant qu'il était autorisé à jouir de son «droit de communication et à la liberté d'expression», un document de neuf pages déjà divulgué en ligne interdit au journaliste de se livrer à des activités politiques ou de faire quoi que ce soit pour s'immiscer dans les affaires des autres États.
Le document stipule expressément que l’Équateur ne peut être tenu responsable du contenu des communications d’Assange mais lui interdit néanmoins de se livrer à des activités susceptibles de nuire aux relations entre l’Équateur et d’autres États. Les communications d'Assange ont été coupées il y a sept mois, après qu'il a critiqué le traitement réservé par les autorités espagnoles aux électeurs lors du référendum sur l'indépendance de la Catalogne.
L'ère Correa définitivement révolue
Contrairement au précédent gouvernement dirigé par Rafael Correa, qui avait accordé la citoyenneté au lanceur d'alerte, le gouvernement de Lenin Moreno tient à se distancer de Julian Assange. Celui-ci doit d'ailleurs payer pour son propre WiFi, utiliser uniquement ses propres appareils, et fournir à l'ambassade le numéro de série, le numéro de modèle et la marque de ces appareils. Il doit également payer ses soins médicaux et son transfert à l'hôpital en cas d'urgence. Cette option lui a d'ailleurs été maintes fois refusée par les autorités britanniques, qui ne voulaient pas garantir son passage en toute sécurité sans risque d'arrestation en cas de transfert. La santé d’Assange a fait l’objet de préoccupations au cours de ses six années de confinement à l’ambassade.
Ajoutant l'insulte à la blessure, l'ambassade a menacé de placer le chat de Julian Assange dans un refuge pour animaux
Les visiteurs du fondateur de Wikileaks sont également visés par de nouvelles restrictions. Ils doivent soumettre leurs demandes de visite par écrit à l'autorité de l'ambassade, en indiquant leur nom, leur nationalité, leur profession et leur lieu de travail, le motif de leur visite, leurs comptes de messagerie et de médias sociaux, ainsi que les numéros de série des téléphones et autres appareils qu'ils souhaitent faire entrer dans l'ambassade...
Les nouvelles règles exigent même le relevé des numéros IMEI des téléphones de ces visiteurs, ces numéros d'identification uniques propres à chaque appareil téléphonique. Bien que les visiteurs assidus bénéficient d'un processus de filtrage moins restrictif, leur accès peut être révoqué à tout moment sans explication. Toutes les données relatives aux visiteurs seront transmises au ministère des Affaires étrangères de l'Équateur et à d'autres parties non spécifiées.
L'Equateur se réserve en outre le droit de recourir à la police britannique pour arrêter des visiteurs ou saisir du matériel de communication si le journaliste venait à enfreindre cette longue liste de règles. Et pout couronner le tout, l'ambassade a encore menacé de placer le chat de Julian Assange dans un refuge pour animaux si les services de l'ambassade estimaient que celui-ci n'était pas suffisamment bien entretenu. Nommé James, ce chat a été offert à Julian Assange par son avocat français Juan Branco.
Le document ajoute que l’ambassade cessera de payer les frais de nourriture, de soins médicaux, de blanchisserie et les dépenses liées à Julian Assange le 1er décembre. À partir de ce moment, seuls l’eau, le chauffage, l’électricité, les communications et le loyer lui seront payés.
Toute violation de ces nouvelles règles entraînerait la révocation de l'asile. On ignore ce que cette révocation signifierait pour la citoyenneté équatorienne d'Assange qui lui a été accordée en 2017. Lenin Moreno n'a pas caché son désir de se débarrasser de l'homme qu'il a qualifié de «problème hérité», tandis que l'administration Trump a déclaré son intention de poursuivre Julian Assange.
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