Deuxième anniversaire du Brexit : Emmanuel Macron incarne-t-il le leadership Union-européiste ?

Deuxième anniversaire du Brexit : Emmanuel Macron incarne-t-il le leadership Union-européiste ?© Stephane Mahe Source: Reuters
Emmanuel Macron est déterminé à devenir le patron des union-européistes
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Le 23 juin 2016, les Britanniques ont voté pour le retrait du Royaume-uni de l'Union européenne. Et depuis deux ans, l'euroscepticisme gagne du terrain partout en Europe. La France, par la voix d'Emmanuel Macron, veut contrecarrer cette influence.

Deux ans après le vote sur le Brexit, le 23 juin 2016 et la volonté du peuple britannique de  sortir de l'UE, les puissances économiques européennes cherchent à relancer la machine bruxelloise. Une machine largement enrayée depuis plus de deux ans. D'abord, on pourrait évoquer la fronde du groupe de Visegrad en 2015 (Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Pologne) contre les quotas d'accueil de migrants dans leur pays. Ensuite, l'UE a fait les frais des différentes élections qui se sont enchaînées, et notamment des législatives : la victoire du nationaliste anti-immigration Viktor Orban en Hongrie en avril 2018, le succès des conservateurs et des nationalistes en Autriche en 2017, le plébiscite en Italie pour des partis eurosceptiques et anti-immigration en mars 2018, etc.

Cette contagion eurosceptique souvent décrite comme populiste est une crainte pour les europhiles, auxquels appartient Emmanuel Macron. Le président de la République française a d'ailleurs évoqué le 21 juin à Quimper la «lèpre qui monte» en Europe, «le nationalisme qui renaît, la frontière fermée que certains proposent», critiquant, par cette posture, les choix démocratiques des peuples.

La France a peur. Le Brexit a fait naître des angoisses économiques et politiques. La diminution du budget européen à cause de la sortie du Royaume-uni pourrait en effet désagréger la politique agricole commune (PAC), dont la France est la première bénéficiaire, avec près de neuf milliards d'euros d'aides par an. La Commission a effectivement proposé début mai une baisse de 5% du budget dédié à la PAC pour la période 2021-2027 afin de compenser le départ du Royaume-uni, avec une enveloppe totale de 365 milliards d'euros, mais certains craignent déjà des coupes encore plus sévères. Emmanuel Macron a rappelé dans le même discours de Quimper : «Ce qui est proposé aujourd’hui est inacceptable. Cela revient à dire que le coût du Brexit sera payé par les paysans européens. Nous ne l’accepterons pas.»

La menace d'un choix démocratique par lequel les nations françaises ou allemandes exigeraient la sortie de l'UE est une peur patente pour leurs dirigeants. Si l'apocalypse annoncée par certains éditorialistes, experts et personnalités politiques après le Brexit en 2016 n'a pas eu lieu, l'avenir économique du Royaume-uni reste incertain. Airbus, par exemple, menace de quitter le pays et fait planer le doute sur le sort des 15 000 personnes employées par le géant de l'aéronautique sur plus de 25 sites dans le pays, où il fabrique les ailes de ses avions civils et militaires. Airbus fait aussi travailler indirectement plus de 100 000 personnes, à travers un réseau de 4 000 fournisseurs et contribue à hauteur d'environ 9 milliards d'euros à l'activité économique britannique. La France comme l'Allemagne redoutent les conséquences négatives d'un tel scénario pour leur économie, qui remettraient certes en cause leur attractivité, mais aussi les traités de libre-échange, les accords commerciaux, le marché intérieur dit «unique», l'euro et finalement le projet européen.

L'UE cherche son leader

Face à ce marasme, qui peut prétendre à la place de leader de l'Union européenne et faire se lever une vague europhile ? Depuis les années 1990, l'Allemagne paraît être la place forte de l'intégration européenne et la locomotive de la construction européenne.

Mais la politique migratoire très ouverte d'Angela Merkel en 2015 et 2016 a fortement affaibli la chancelière, même dans son propre camp. Les événements de Cologne et les agressions sexuelles dans d'autres villes commises par des étrangers ou des migrants, les attaques terroristes et la montée du salafisme ont nourri cette critique. Ainsi, Angela Merkel semble d'abord préoccupée par la gestion d'une crise gouvernementale interne et la stabilité politique de l'Allemagne. De plus, depuis la crise grecque, Berlin a une attitude contestée pour sa mainmise sur les orientations économiques de l'UE, ce qui n'aide pas à rendre l'Allemagne populaire.

Après le Brexit, Matteo Renzi, le président centre-gauche du Conseil des ministres d'Italie (troisième puissance économique de l'UE), pouvait incarner un européisme jeune, moderne et progressiste. Sauf que les Italiens lui ont infligé plusieurs camouflets dans les urnes avec, par exemple, la percée eurosceptique du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue lors des élections générales de mars 2018. Exit donc Matteo Renzi.

Les regards fédéralistes se tournent donc vers Emmanuel Macron, nouveau président français depuis mai 2017, régulièrement comparé à... Matteo Renzi. Mais ses projets fédéralistes tâtonnent, notamment la création d'un budget de la zone euro confronté au scepticisme des Pays-Bas et de pays hors-zone euro comme le Danemark et la Suède. Sur le plan intérieur, si Emmanuel Macron semble – comme en son temps Matteo Renzi en Italie – le plus européistedes responsables politiques européens, il doit aussi faire face à un euroscepticisme ambiant. Le dernier référendum, en 2005, avait vu 54,68% des Français refuser le traité constitutionnel européen. 13 ans après, aucun dirigeant français pro-UE n'a osé interroger la nation sur la question européenne. Par ailleurs, invité à réagir sur le Brexit, le président Emmanuel Macron confessait à la BBC, le 20 janvier 2018, que les Français choisiraient «probablement» la même voie que les Britanniques, si référendum il y avait. 

Bastien Gouly

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