Un drame évitable ? Un an après l'attaque de Berlin, les familles de victimes attendent des réponses

Un drame évitable ? Un an après l'attaque de Berlin, les familles de victimes attendent des réponses© John MACDOUGALL Source: AFP
Le mémorial pour les victimes de l'attaque de Berlin, le 31 décembre 2016 (image d'illustration)
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Un an après l'attaque terroriste du marché de Noël à Berlin, les proches des victimes attendent toujours des explications sur les ratés des autorités, prévenues à maintes reprises de la volonté de son auteur mais qui ne l'ont jamais arrêté.

Il y a un an, le 19 décembre 2016, Anis Amri fonçait délibérément avec un camion sur un marché de Noël, en plein centre de Berlin. Une attaque revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique et qui a coûté la vie à 12 personnes et en a blessé 56 autres. Le Tunisien, âgé de 24 ans, avait ensuite réussi à fuir l'Allemagne pour rejoindre la France puis l'Italie, avant d'être finalement abattu par la police de Milan le 23 décembre.

Cet acte terroriste a bouleversé de nombreuses vies, dont celle de Petr Cizmar, 39 ans, et de son fils de 5 ans, qui ont perdu leur femme et leur mère, Nada Cizmar, lors de cette nuit fatale. Une tragédie d'autant plus difficile à digérer pour Petr Cizmar, qu'il estime qu'elle aurait pu être évitée sans les «erreurs et les échecs» de la part des services de sécurité allemand.

«Ce qui me met vraiment en colère, c'est ce qui s'est passé avant l'attaque terroriste», a-t-il confié, amer, au micro de RT. «On savait que cette personne était dangereuse et pourtant les autorités ne l'ont pas arrêtée, ne l'ont pas expulsée, pour quelque raison que ce soit. Ou peut-être, vous savez, étaient-ils juste incompétents», a-t-il poursuivi.

Pas expulsé, malgré les recommandations de la police

Arrivé en Allemagne à l'été 2015 en provenance d'Italie, Anis Amri y a fait une demande d'asile en avril 2016. Mais son parcours n'est pas celui d'un réfugié lambda qui aurait quitté son pays, en l’occurrence la Tunisie, pour trouver une vie meilleure en Europe. L'accumulation des informations de l'enquête montrent qu'Anis Amri avait un lourd passé criminel. Dans son pays, il avait écopé de cinq ans de prison pour vol qualifié, avant de purger une peine de quatre ans de prison en Italie pour l'incendie d'une école.

Lorsqu'il a déménagé à Berlin, il était déjà dans le radar des autorités qui l'avaient interpellé à son arrivée avec un faux document d'identité italien. En mars 2016, la police criminelle (LKA) du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie avait même prévenu le représentant du ministère de l'Intérieur allemand à Dusseldorf dans des termes on ne peut plus clairs : «Selon les données disponibles, il peut être envisagé qu'[Anis] Amri représente une menace terroriste, sous la forme d'une attaque [suicide].» Dans des conversations cryptées interceptées par la LKA, Anis Amri avait employé le mot «Dougma», interprété comme «attentat suicide».

Si la LKA avait transmis ce message au ministère allemand de l'Intérieur, recommandant d'expulser le jeune tunisien, le gouvernement régional n'avait pas suivi cette recommandation, jugeant que les preuves contre lui étaient insuffisantes et qu'elles ne tiendraient pas devant les tribunaux.

Une menace terroriste qui avait de nouveau été soulevée quelques semaines avant l'attentat, les services de renseignements marocains ayant prévenus leurs homologues allemands des «tendances» d'Anis Amri, et de sa «volonté de perpétrer une attaque terroriste», comme le rapporte Die Welt.

La responsabilité du drame est «absolument» partagée par les autorités, selon Petr Cizmar

Autant de révélations qui ont poussé Petr Cizmar et d'autres proches de victimes à envoyer une lettre ouverte à la chancelière Angela Merkel pour lui faire part de leurs griefs, avec en premier lieu «le manque de contre-terrorisme en Allemagne». «A une époque où la menace des islamistes a considérablement progressé, vous n'avez pas réussi à augmenter les ressources et à réformer les structures officielles pour faire face à ces dangers», ont-ils notamment écrit selon le Telegraph.

«La première chose que je voudrais savoir c'est pourquoi [Angela Merkel] n'a pas communiqué avec nous [depuis l'attaque]. Peut-être existe-t-il des raisons, je ne sais pas. Je suis juste curieux de voir ce qu'elle va répondre», a expliqué Petr Cizmar à RT, soulignant que sa plus grande satisfaction serait que quelque chose soit fait afin que «cela ne se reproduise plus».

«Ce qui me contrarie, c'est que personne n'a pris ses responsabilités, il a seulement été dit que c'était un enchaînement d'erreur», a-t-il en outre noté, soutenant que la responsabilité du drame était «absolument» partagée par les autorités. Et d'aller jusqu'à se demander si elles l'avaient «laissé se produire pour une raison quelconque», ce qui serait «vraiment une honte».

Le 18 décembre, Angela Merkel a rencontré pour la première fois des familles de victimes. «Je sais que certains auraient souhaité une telle réunion plus tôt», a-t-elle déclaré, citée par Deutsche Welle. «Mais il est important pour moi de préciser aujourd'hui combien nos sentiments vont vers les proches et les blessés. Rien ne peut compenser ce changement total dans la vie des gens, mais nous montrerons de la sympathie et améliorerons les choses là où elles doivent être améliorée», a-t-elle assuré.

Lire aussi : Les autorités allemandes ferment la mosquée fréquentée par le terroriste au camion de Berlin

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