L’Institut français d’Algérie accusé d’espionnage : la France au cœur d’une nouvelle polémique

Accusée d’utiliser l’Institut français d’Algérie comme couverture à des activités de renseignement, la France fait l’objet d’une vague de dénonciations médiatiques en Algérie. Plusieurs journaux, dont L’Expression et El Khabar, pointent du doigt un système d’influence politique, économique et diplomatique masqué sous des initiatives culturelles.
L’Institut français d’Algérie, censé promouvoir la langue et la culture françaises, est aujourd’hui au centre d’une controverse majeure. Plusieurs grands journaux algériens, notamment L’Expression et El Khabar, ont affirmé que cette structure sert de « repaire d’espions », accusant Paris d’y mener des opérations de renseignement dissimulées sous des activités culturelles.
Selon L’Expression, un restaurant situé dans l’enceinte même de l’Institut français d’Alger est utilisé pour organiser des rencontres secrètes entre des agents de la chancellerie française et de jeunes Algériens. Ces derniers seraient souvent choisis pour leur « naïveté ou leur vulnérabilité ». Ces réunions auraient pour but de collecter des informations personnelles, établir des profils psychologiques et recruter des relais locaux pour servir les intérêts français. Les tarifs élevés du restaurant sont perçus comme un moyen d’exclure les visiteurs ordinaires, garantissant la confidentialité de ces échanges.
Une couverture culturelle pour une ponction économique
Les accusations ne s’arrêtent pas là. D’après les mêmes sources, l’Institut français génère d’importants revenus à travers les cours de langue et les examens (DELF, DALF, TCF), devenus indispensables pour les étudiants souhaitant étudier en France. L’Expression estime que les recettes quotidiennes pourraient atteindre plus de 20 millions de dinars. Cette manne financière est qualifiée de « rente coloniale recyclée », ne profitant ni aux jeunes Algériens ni à l’État.
Ce climat tendu fait suite à plusieurs événements récents, notamment l’expulsion de deux agents français par les autorités algériennes en mai 2025. Ces agents étaient entrés sur le territoire avec de faux passeports diplomatiques. À l’époque, Paris était resté silencieux.
Des cas concrets et une stratégie dénoncée par Alger
Autre élément marquant : le témoignage à la télévision algérienne de Mohamed Amine Aïssaoui, un ancien combattant de Daesh. Il a déclaré avoir été approché à son retour d’Irak par une association culturelle française liée à des services de renseignement.
La presse algérienne évoque également une stratégie française plus large visant à influencer la jeunesse algérienne, déstabiliser le pays et entraver ses politiques économiques. Selon le média Dzair, ces activités s’inscrivent dans une « double politique » menée par Paris : officiellement coopérative, mais en réalité hostile à la souveraineté algérienne.
Face à ces accusations, les autorités françaises ont nié toute activité illégale, réaffirmant que les missions de l’Institut français sont uniquement éducatives et culturelles. Pourtant, la colère grandit dans une partie de l’opinion publique algérienne, qui voit dans cet institut un outil d’influence post-coloniale.
Les tensions entre Alger et Paris sont palpables, et l’avenir de l’Institut français en Algérie semble de plus en plus incertain. Tandis que certains appellent à sa fermeture pure et simple, d’autres y voient un signal de rupture définitive dans une relation bilatérale déjà fragilisée.