Après ses multiples défaites, Daesh entamerait-il son déclin financier ?
Si les pertes de territoires et les frappes ciblées sur les champs pétrolifères, ont fait passer les finances de Daesh de 1,9 milliard de dollars en 2014 à 870 millions de dollars en 2016, le groupe reste menaçant, assure une étude britannique.
Le Centre d'étude sur la radicalisation et la violence politique (ICSR) situé au Royaume-Uni estime que les revenus de Daesh commencent à s'assécher. Le groupe terroriste a perdu de grandes portions de territoires et les frappes de l'aviation russe et de la Coalition sur ses puits de pétrole et ses convois de transport l'ont privé d'importants revenus.
La principale source de financement groupe terroriste provient des taxes qu'il perçoit auprès des populations qui vivent dans les territoires qu'il occupe. On trouve ensuite la vente de pétrole brut, le trafic d'antiquités pillées dans les zones qu'il conquiert et qui en possèdent ou encore les rançons payées contre la libération d'otages.
ISIS's revenues have halved in two years - our new report explains @ICSR_Centre published here with @EYnewshttps://t.co/RmScL3xgIKpic.twitter.com/6UEW6N9WRW
— John Holland-McCowan (@jhollandmccowan) 18 février 2017
Pour le directeur de l'ICSR, Peter Neumann, l'Etat islamique et ses infrastructures impliquent des dépenses coûteuses tels que l'entretien des routes, le paiement des salaires des fonctionnaires, le financement d'un système de santé... Daesh «doit payer pour des choses qu'Al-Qaïda n'a jamais eu à financer», a-t-il confié à l'Associated Press.
Le manque de liquidités commence à se faire ressentir, au point que le prétendu califat a été contraint de réduire la solde qu'il versait à soldats en dépit de l'accroissement des prélèvements effectués auprès des populations des territoires qu'il occupe.
Le coup d'arrêt de l'expansion de l'Etat islamique a perturbé le modèle économique de l'oganisation terroriste, qui repose sur la nécessité d'avoir toujours de «nouveaux territoires à piller», explique Peter Neumann.
En dépit de l'assèchement de ses finances, Daesh ne reste pas moins dangereux, notamment en Occident, où le groupe peut continuer de frapper à moindre frais, comme lors de l'attentat de Nice où le terroriste avait utilisé un simple camion, ou grâce à l'utilisation d'explosifs à fabriquer soi-même à moindre coût tel que le TATP, utilisé lors de l'attentat de Bruxelles.
«Si s'attaquer aux ressources de l'Etat islamique met la pression sur l'organisation et son projet étatique, de plus larges efforts seront toujours nécessaires pour vaincre le groupe», conclut le rapport.
Le déclin présumé de Daesh pourrait aussi avoir comme conséquence un retour de combattants sur le sol européen. D'après un rapport de l'Union européenne publié en décembre dernier, plus de 1 700 djihadistes pourraient déserter l'Irak et la Syrie pour rentrer en Europe.
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