L'avenir de Palmyre et de la Syrie dépend de la capacité des Russes et des Turcs à tenir les parties au conflit responsables du maintien du cessez-le-feu, juge Kamal Alam, analyste militaire au Royal United Services Institute.
RT : L'armée syrienne, soutenue par les forces aériennes russes, a avancé vers Palmyre, actuellement contrôlée par les terroristes de l’Etat islamique. Pensez-vous que Palmyre puisse encore être sauvée ?
Kamal Alam (K. A.) : Je pense que Palmyre en tant que ville peut certainement être sauvée. Quant à ce qui reste de la cité, c'est discutable, étant donné que Daesh était en train de faire sauter de nouveaux édifices là-bas. Mais je pense que la ville sera certainement sauvée à un moment donné. Ce n’est qu’une question de temps.
RT : L'armée syrienne pourra-t-elle tenir la ville cette fois-ci, si elle la reprend ?
K. A. : L'armée syrienne a été éparpillée dans l’ensemble des régions du pays. A la fin de l’année dernière, ils avaient perdu Palmyre car ils étaient en train de reprendre Alep, ce qui les a mis sous grande pression à Palmyre. Cette fois-ci encore, ils se déplacent vers Al-Bab dans le Nord, qui est stratégiquement plus important, pour s'assurer que les groupes soutenus par les Turcs ne prennent pas cette ville. Il n'est pas sûr qu'ils puissent s’y installer pour longtemps. Je pense qu'avec l'aide des alliés, ils essaieront de la tenir plus longtemps cette fois-ci.
RT : Pourquoi ne voyons-nous pas de réaction importante des médias internationaux à l'opération anti-terroriste à Palmyre ? Cette histoire ne devrait-elle pas intéresser les gens ?
K. A. : Certainement. Pour le moment, étant donné que la nouvelle administration américaine prend encore ses marques, ils ne savent pas quoi faire avec la Syrie. Les pays européens n'ont pas vraiment pris soin de Palmyre. Ils parlent d'héritage culturel. Mais c'est l'héritage culturel de la Syrie. Ils semblent avoir complètement ignoré cette question. Et il faut se rappeler que Daesh a pris Palmyre après avoir traversé le désert en Irak. On pourrait dire que le fait de ne pas traiter la menace avec sérieux a conduit à ce que Palmyre tombe en premier lieu. Il semble que, dans les capitales européennes, voire en Amérique, on ne se soucie pas trop de la ville de Palmyre.
Si les gouvernements turc et russe sont en mesure de faire en sorte que le cessez-le-feu soit respecté, les perspectives pour la Syrie sont bonnes
RT : Pourquoi Daesh est-il tellement obsédé par la destruction de Palmyre ?
K. A. : Il y a seulement deux raisons à cela. L'une c’est le vandalisme et le fait qu’ils considèrent que dans leur version de l'islam ce genre d'idoles est interdit. Mais il y a aussi un important marché de contrebande sur lequel ils vendent beaucoup d'antiquités au marché noir via la Turquie et d'autres pays de la région. Je pense qu'ils veulent que Palmyre soit détruite pour un mélange de raisons financières et religieuses.
RT : Quel avenir attend, selon vous, la Syrie et particulièrement Palmyre ? Verra-t-elle la paix après des années de guerre et de terreur ?
K. A. : Je pense que cela dépend vraiment de la façon dont les accords de paix d'Astana et de Genève vont fonctionner. Si les gouvernements turc et russe sont en mesure de faire en sorte que le cessez-le-feu soit respecté, je pense que les perspectives pour la Syrie sont bonnes, tout comme pour Palmyre. En grande partie cela dépend de la capacité des Russes et des Turcs à tenir les deux parties responsables pour le maintien de la trêve.
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