Blocage d'une déchetterie à Ivry-sur-Seine : échauffourées entre syndicalistes et forces de l'ordre
Une centaine de syndicalistes et de salariés ont bloqué le centre de tri de déchets d'Ivry-sur-Seine. Les forces de l'ordre ont été surprises et dépassées. Des activistes ont soudé des poteaux en métal pour empêcher l'accès aux infrastructures.
Des échauffourées ont éclaté à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne, 94), ce 14 janvier au matin, entre une centaine de manifestants et les forces de l’ordre. En effet, une centaine de syndicalistes interprofessionnels et salariés ont bloqué l’incinérateur et le centre de tri de déchets afin de demander le retrait pur et simple du projet de loi sur la réforme des retraites. Certains militants ont même soudé des poteaux en métal afin d'empêcher l'accès aux infrastructures.
IVRY - Des syndicalistes CGT soudent des poteaux en métal pour bloquer les accès au dépôt. pic.twitter.com/BBT3Wrt8mv
— Clément Lanot (@ClementLanot) January 14, 2020
Jonathan Perrinet-Arraut, membre de la CGT RATP, s’est exprimé au micro du reporter de RT France, débutant par contextualiser le blocage de la ville d’Ivry-sur-Seine : «tout d’abord, on a répondu à la sollicitation de nos camarades éboueurs et des déchetteries de la ville de Paris, avec l’UD [unité départementale] 93 et l’UD 94, ainsi que les camarades de l’interpro[fessionnel] cheminots, de l’éducation nationale et de la RATP dont je fais partie.»
Le syndicaliste CGT RATP poursuit avec l’objectif de cette mobilisation : «pour nous la CGT, le mot d'ordre comme Philippe Martinez a pu le répéter hier lors d’un rassemblement à Vitry, c’est le retrait de cette réforme mortifère qui va faire baisser les pensions et qui est un projet de régression sociale pour l’ensemble des travailleurs de la France.»
Blocage d’un incinérateur à Ivry : «C'est tous ensemble qu'on pourra faire reculer le gouvernement» #ReformeRetraites#Ivry@CgtRatppic.twitter.com/WvA8wn8miU
— RT France (@RTenfrancais) January 14, 2020
Le Premier ministre Edouard Philippe a fait savoir aux organisations syndicales et patronales, le 11 janvier, qu’il était disposé à retirer provisoirement l’âge pivot du projet de loi sur la réforme des retraites. Ce «compromis» a été jugé par le président de la République Emmanuel Macron «constructif et de responsabilité», a fait savoir l'Elysée. De plus, le principal syndicat réformiste, la CFDT, par la voie de Laurent Berger, a salué une «victoire» : «Nous avons obtenu le retrait de l’âge pivot, une victoire pour la CFDT ! Nous allons maintenant poursuivre notre action pour un système de retraite plus juste et solidaire !»
Jonathan Perrinet-Arraut est revenu sur la lettre d’Edouard Philippe adressée aux organisations syndicales. «Quand on lit la propre lettre qu’Edouard Philippe a envoyée aux responsables syndicaux, on voit qu’il enlève juste une partie de l’âge pivot pour les personnes qui sont nées après 1965. Dans ce même courrier, il est inscrit que l’âge pivot sera de facto à partir de 2025 à 64 ans. […] Non, il n’y a pas de pas en avant. Si la CFTC, l’UNSA et la CFDT ne se mettent pas d’accord avec le Medef, l’âge pivot sera de facto réintroduit dans la loi».
Le syndicaliste CGT RATP rappelle que la convergence des luttes est selon lui essentielle pour avoir plus de force et de poids contre le gouvernement. «Bien sûr la lutte va continuer, même si c’est dur. On va amplifier le mouvement. On voit que les avocats sont en grève massive. La Banque de France aussi est en grève. Les raffineries, les dockers, la RATP, la SNCF, l’Education nationale… beaucoup de secteurs sont en lutte, même si les chaînes d’information, parfois, n’en parlent pas et que ce n’est pas visible». Avant de continuer : «Effectivement, on a besoin de toute le monde. C’est tous ensemble qu’on pourra faire reculer le gouvernement. Pour nous l’âge pivot n’est pas un recul, parce que c’est une mascarade, c’est une pièce de théâtre entre Edouard Philippe et Laurent Berger. Nous, c’est le retrait de la réforme, et c’est tous ensemble qu’on pourra le réaliser.»
Méhadée Bernard, maire-adjointe d'Ivry-sur-Seine, s'est également exprimée au micro de RT France : «Comme dans les dépôts de la RATP, comme avec les enseignants, comme auprès des personnels de santé, comme auprès des territoriaux, je crois que la place des élus de gauche, aujourd'hui, est dans les luttes.»
Plus de raison de manifester ?
De leur côté, les membres du gouvernement appellent à stopper les mobilisations et grèves, invoquant un pas fait par le Premier ministre vers les organisations syndicales.
Le «jusqu'au-boutisme» de certaines organisations syndicales contre la réforme des retraites, après le retrait sous conditions de l'âge pivot «n'est pas une solution», a estimé le 14 janvier le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a rejeté tout abandon de la réforme. «Il y a une belle réforme des retraites» portée par le gouvernement, a assuré le ministre sur C News, ajoutant que les organisations qui demandent son retrait «se mettent en travers d'une réforme de justice».
Par ailleurs, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, «croit» que le conflit sur la réforme des retraites touche à sa fin et estime «qu'aucun gréviste ne peut aujourd'hui se sentir humilié par la manière dont se conclut ce conflit». «Je le crois et je le souhaite», a-t-il répondu le 14 janvier sur France 2 à une question sur la fin de ce conflit social qui dure maintenant depuis 41 jours. «Je le crois parce que je vois les trains, les métros qui recommencent à fonctionner et je le souhaite parce que [...] tous les éléments sont en place pour que cette grève» se termine «et notamment le fait qu'aucun gréviste ne peut aujourd'hui se sentir humilié par la manière dont se conclut ce conflit», a-t-il argumenté.