«Mensonge et déception» : des professeurs proposent une «rupture conventionnelle» à Blanquer
A Brest, 80 professeurs ont mené, le 13 janvier, une action symbolique pour fustiger la politique menée par Jean-Michel Blanquer. Ils pointent du doigt la rupture conventionnelle expérimentée dans la fonction publique depuis le 1er janvier.
Ils dénoncent «les ravages humains, sociaux», provoqués par l'«idéologie libérale» du gouvernement. Ce 13 janvier, près de 80 enseignants bretons se sont réunis devant l'antenne de l'Inspection académique à Brest (Finistère), rapporte le quotidien régional Le Télégramme. Objectif : proposer à Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education, une «rupture» de son contrat.
Employé comme ministre depuis le 17 mai 2017, votre action rime avec mensonge et déception
«Employé comme ministre depuis le 17 mai 2017, votre action rime avec mensonge et déception. Les ravages humains, sociaux, provoqués par votre idéologie libérale sont criants. Constatant votre échec, nous proposons donc une rupture conventionnelle de votre contrat, dans le cadre du décret n°2019-1593 du 31 décembre 2019», pouvait-on lire sur leur affiche.
Une action symbolique
Cette action, teintée d'ironie, est symbolique : outre leur opposition à la réforme des retraites, ces enseignants brestois entendaient exprimer leurs craintes concernant la rupture conventionnelle, rendue possible depuis le 1er janvier 2020 dans le cadre de la loi Dussopt dans la fonction publique, à titre expérimental. Les employés des «trois fonctions publiques» (fonction publique d’Etat, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière) peuvent y avoir recours, jusqu'au 31 décembre 2025.
«On a peur que ce soit une manière de déguiser des licenciements, comme cela se fait dans le privé», explique au Télégramme un représentant syndical SUD Education.
Selon certains syndicats, la rupture conventionnelle est une atteinte au statut de fonctionnaire. «La loi dite de "transformation de la fonction publique" est une attaque frontale contre le statut de fonctionnaire. La loi prévoit ainsi de nouveaux contrats à durée déterminée non renouvelables, ne permettant ni l’accès au CDI, ni à la titularisation», écrit SUD Education.
Rupture conventionnelle dans le public : SUD éducation dénonce une nouvelle atteinte au statut de la fonction publique
— SUD éducation (@SUD_education) 12 janvier 2020
La rupture conventionnelle n’est pas autre chose qu’un licenciement déguisé https://t.co/Y2SqdnRaf6pic.twitter.com/JzYQfKhAs2
«La rupture conventionnelle n’est pas autre chose qu’un licenciement déguisé : l’agent démissionne en échange d’une indemnité, en ne bénéficiant au cours de la procédure que d’une protection syndicale minimale», ajoute le syndicat, pour qui il s'agit d'un «instrument de plus au service d’une politique managériale visant à briser les solidarités collectives», ajoute le syndicat.
Dans les faits, les démissions de l'Education nationale restent marginales. Pour autant, entre 2012 et 2016, les démissions de stagiaires ont augmenté de 209%, selon le dernier bilan social de l’Education nationale publié en juin 2019.
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