29e jour de grève à la SNCF : la mobilisation bat le record de 1986-87
En entrant dans son 29e jour de grève, la mobilisation à la SNCF bat le record du front social de l'hiver 1986-1987. Les transports en commun sont toujours largement perturbés, sur le réseau SCNF mais aussi RATP, en Ile-de-France.
Les appels lancés par Emmanuel Macron depuis l’Elysée le 31 décembre dans ses vœux seront restés sans réponse. Le président de la République, qui avait plaidé «l’apaisement» plutôt que «l’affrontement» lors de son allocution, doit faire face à la plus longue mobilisation dans les transports depuis plus de trente ans. En effet, ce 2 janvier marque le 29e jour de grève à la SNCF, dépassant ainsi les 28 jours de blocage constatés entre décembre 1986 et janvier 1987.
Selon les prévisions de la SNCF, un TGV sur deux devrait circuler en moyenne, comme du côté des TER, contre un quart seulement des trains Intercités.
🔴 Grève nationale interprofessionnelle: la circulation ferroviaire reste perturbée sur l’ensemble du réseau mercredi 1er et jeudi 2 janvier 2020.
— Groupe SNCF (@GroupeSNCF) December 31, 2019
Communiqué de Presse🔗: https://t.co/jyQ4DsBvGtpic.twitter.com/E2FUaROhXc
Toujours d'après l’entreprise ferroviaire, en Ile-de-France, trois Transilien sur dix devrait assurer leur trajet normalement.
Le trafic des RER sera lui encore largement «perturbé», avec un train sur deux sur les RER A et B aux heures de pointe, et un train sur quatre sur les RER C et D aux heures de pointe. Un train sur trois circulera sur le RER E.
Dans Paris, les lignes de métro devraient presque toutes être fonctionnelles malgré un trafic «très perturbé» selon la RATP. D’après la régie, 15 des 16 lignes seront ouvertes aux heures de pointe, la ligne 7 bis étant la seule totalement fermée. Trois bus sur quatre devraient être en circulation et le trafic sera «quasi normal» sur les lignes de tramway.
En outre, Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, a prévenu le 1er janvier sur Twitter : «Message à tous les salariés du pays : les cheminots et les agents de la RATP doivent être rejoint par d’autres. Il faut poser la question de la grève partout, et aussi la question de sa reconduction. On a besoin de vous !»
Message à tous les salariés du pays : les cheminots et les agents de la RATP doivent être rejoint par d’autres. Il faut poser la question de la grève partout, et aussi la question de sa reconduction. On a besoin de vous ! https://t.co/jy5dXCnAGW
— Laurent BRUN (@LaurentBRUN20) January 1, 2020
Dans la matinée du 2 janvier, le dépôt RATP de Belliard, dans le XVIIIe arrondissement de Paris était bloqué. Plusieurs personnalités politiques se trouvaient sur place comme Eric Coquerel (député insoumis), Danielle Simonnet (élue parisienne insoumise) ou encore Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste).
Au piquet de grève du dépôt #RATP Belliard paris 18. Solidarité avec les grévistes avec de nombreux soutiens dont @Simonnet2 et @olbesancenotpic.twitter.com/Nrr3Qab5QC
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) January 2, 2020
Les mobilisations de 1986, 1995 et 2010 dépassées
Cette cinquième semaine de grève dans les transports dépasse donc la mobilisation 0 LA SNCF qu’avait connue l'Hexagone, du 18 décembre 1986 au 15 janvier 1987. A l’époque, les cheminots s’étaient mobilisés pour la défense de leurs salaires et de leurs conditions de travail, sans obtenir satisfaction.
Le conflit social qui secoue la France depuis début décembre aura également surpassé la grande grève de 1995 contre le projet de réforme du régime des retraites des fonctionnaires porté par Alain Juppé. Elle avait duré 22 jours, du 24 novembre au 15 décembre, et avait abouti au retrait du projet de réforme.
En 2010, le gouvernement Fillon avait lui aussi connu une mobilisation interprofessionnelle contre son projet de réforme prévoyant un report de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. La SNCF avait connu une grève de 17 jours.
Plus récemment, en 2018, les cheminots avaient expérimenté un format de grève inédit au rythme de deux jours chômés tous les cinq jours, pour contester une réforme transformant la SNCF en société anonyme et mettant fin au recrutements au statut de cheminot au 1er janvier 2020. La mobilisation s'étaient étendue sur 36 jours cumulés en trois mois.
Le Premier ministre recevra les syndicats le 7 janvier à Matignon alors que ceux-ci ne cessent de demander le retrait du projet de réforme. Lors de ses vœux, Emmanuel Macron avait appelé à trouver un «compromis rapide» à la crise qui paralyse le pays.