Pas de sortie de l'état d'urgence sous la présidence de François Hollande
Le président de la République a exclu toute sortie anticipée de l'état d'urgence après l'«attentat» contre le FMI et la fusillade du lycée de Grasse. La décision de maintenir, suspendre ou lever l'état d'urgence relèvera du prochain gouvernement.
Toujours locataire de l'Elysée, François Hollande, a estimé le 16 mars que l'explosion d'un courrier piégé au siège parisien du Fonds monétaire international (FMI) et la fusillade dans un lycée de Grasse, justifiaient le maintien de l'état d'urgence.
Après avoir qualifié l'attaque au colis piégé contre le FMI d'«attentat», le chef de l’Etat n'a pas hésité à marteler : «J'ai annoncé, et le Parlement a bien voulu suivre la position qui était la mienne et celle du gouvernement, que l'état d'urgence durerait jusqu'au 15 juillet, il durera jusqu'au 15 juillet.»
Un peu plus tôt dans la journée, le président de la République avait déjà fait savoir qu'il souhaitait que «l'état d'urgence soit maintenu jusqu'au 14 juillet». «Ce sera au prochain gouvernement et au Parlement, qui aura son mot à dire, de choisir de le maintenir ou pas après le 14 juillet», avait-il ajouté.
La veille, le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas avait pourtant estimé que les conditions étaient réunies pour «sortir de l'état d'urgence». Des propos qu'un député du Front National, Gilbert Collard, n'a pas hésité à qualifier le 16 mars de «folie psychologique».
Les discours du chef de l'Etat et du garde des Sceaux n'apaiseront certainement pas non plus Nadim Houry, le directeur du programme Terrorisme et lutte antiterroriste à Human Rights Watch. Dans une tribune virulente parue le 13 mars sur le site internet de HRW, Nadim Houry avait en effet estimé que la levée de l'état d'urgence était avant tout une question de «calculs politiques».
«Cela peut expliquer que la dernière prolongation ait été déterminée par le calendrier électoral renvoyant la balle au prochain président et au futur parlement», avait-t-il notamment estimé, avant d'ajouter : «On pourrait appeler cela de la procrastination politique, voire, plus exactement, de la lâcheté politique.»
Lutte contre le terrorisme : @amnesty dénonce l'adoption de «lois orwelliennes» en #Europehttps://t.co/WWnARKVmo7pic.twitter.com/TLy3iJW8xC
— RT France (@RTenfrancais) 17 janvier 2017
En décembre 2016, le Parlement français a voté la prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 15 juillet, ce qui permet d'englober la période des élections présidentielle et législative. La France connait depuis cette cinquième prolongation sa plus longue période d'état d'urgence depuis la création de ce régime législatif d'exception hérité de la guerre d'Algérie.
A l'occasion de cette nouvelle prolongation, le député écologiste Noël Mamère n'avait pas mâché ses mots : «Cet état d'urgence est sans fin puisqu'il est adossé à la menace terroriste qui est toujours là. [...] Il faut arrêter de nous expliquer que l'état d'urgence a servi à arrêter le terrorisme.»
L'état d'urgence a été instauré en France après les attentats perpétrés par Daesh en novembre 2015 et au cours desquels 130 personnes ont été tuées et près de 400 autres blessées.