Dans une «guerre urbaine» ou «périurbaine», il y a toujours des civils qui sont victimes de dommages collatéraux, même si on a les moyens technologiques de les identifier, explique Paul Vallely, major général de l’armée américaine à la retraite.
L’armée de la coalition appuyée par les Etats-Unis à Mossoul en Irak a repris un pont reliant la partie libérée de la ville avec la partie ouest, toujours contrôlée par Daesh.
En un peu moins d’une semaine, plus de 10 000 civils ont fui la zone de conflit, alors que les forces irakiennes avancent dans les quartiers ouest de la 2e ville irakienne.
L’intensification des combats a mené à une augmentation du nombre de victimes. Au moins la moitié des victimes seraient des civils car l’opération contre Daesh se déplace vers les zones urbaines denses.
RT : Vous êtes-vous rendus à Mossoul, où les combats font rage actuellement et où des civils vulnérables sont exposés. Le gouvernement irakien a-t-il fait quelque chose pour empêcher les civils d'être pris entre deux feux ?
Paul Vallely (P. V.) : Effectivement, dans une bataille comme celle-là, quand vous menez ce qu’on appelle une «guerre urbaine» ou «périurbaine», les civils sont toujours touchés. Cela arrive dans tous les types de combats de rue, que ce soit de «quartier à quartier» ou «bâtiment à bâtiment». C’est toujours une tragédie. Mais pour neutraliser complètement et vaincre les forces de Daesh au sein de cette zone urbaine, c’est ce qu’il faudrait faire en temps de guerre.
Ils ont organisé un convoi entier de bus pour les emmener dans des camps de réfugiés
C’est terrible, pour les femmes, les enfants et les personnes âgées, mais on les évacue de la ville de Mossoul dans les délais les plus courts. Ils ont organisé un convoi entier de bus pour les emmener dans des camps de réfugiés où ils pourront recevoir un traitement médical, etc. Et les conseillers américains sont là pour travailler avec les forces irakiennes afin de faciliter cela, des avions et des hélicoptères transportent même ceux qui sont les plus gravement blessés.
RT : La plupart des gens estiment qu’il faut lutter contre le terrorisme, mais que peut-on faire pour éviter tant de victimes civiles dans cette guerre contre les terroristes ?
P. V. : C'est toujours difficile. Vous pouvez utiliser la surveillance aérienne. Ils utilisent des drones, des satellites, vous pouvez effectivement le surveiller depuis les airs et les voir... ces civils dans les rues qui sont évacués de Mossoul. Alors, tout ciblage des hélicoptères ou des avions, ou même de l’artillerie va essayer de les isoler par rapport à des endroits où l'on présume que les forces de Daesh sont concentrées. Ce sont des combattants armés. Il existe donc un moyen de les discerner, mais, malheureusement, cela ne sera jamais une guerre urbaine à 100% .
On savait qu’il serait très difficile de pénétrer dans l’Etat islamique dans la zone urbaine, aussi bien que déceler leur emplacement et cibler les forces Daesh
RT : Les forces de la coalition ont-elles sous-estimé l'ennemi ?
P. V. : Non, elles ont toujours déclaré, du moins depuis quatre ou cinq mois à mon souvenir, qu'elles savaient qu’il serait très difficile d'aller chercher l’Etat islamique dans la zone urbaine, de déceler ses positions et de cibler spécifiquement les forces de Daesh. Les forces irakiennes se sont emparées d’un grand nombre de véhicules, de chars et de blindés à Mossoul, ce qui les a rendus très mobiles pour faire le tour des positions de Daesh. Elles ont déjà repris et neutralisé la partie est de Mossoul. Maintenant, c'est au tour de l'ouest de la ville, la zone de l’aéroport. Une fois que ce sera fait, elles vont s’occuper de toutes les personnes évacuées de leur mieux.
Il y a beaucoup de villages sur ce territoire, mais c’est un désert. Ce sont donc des cibles commodes sans problèmes pour identifier les endroits où les forces peuvent se déplacer
RT : La reprise de Mossoul est l'objectif principal des troupes irakiennes et de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Mais que se passera-t-il Daesh aura été chassé de la ville ? Pensez-vous que ses combattants se déplaceront simplement vers une autre partie du pays, en se saisissant de nouvelles zones civiles ?
P. V. : C’est vrai, en quelque sorte. Mais, encore une fois, n’oubliez pas que nous pouvons utiliser la surveillance aérienne pour voir s’ils utilisent des véhicules pour évacuer d’autres villes et villages du Nord de l’Irak ou même à Raqqa en Syrie, qui sera la prochaine cible étant donné que le siège de Daesh s'y trouve. Il y a beaucoup de villages sur ce territoire, mais c’est un désert. Ce sont donc des cibles commodes sans problèmes pour identifier les endroits où les forces peuvent se déplacer. Et croyez-moi, la plupart d'entre-eux utiliseront des véhicules. Il y aura peu de marches, mais on pourra les remarquer en plein jour et dans la nuit. Nous allons essayer de les suivre partout où ils vont.
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