Alors que l'offensive contre Daesh à Mossoul se poursuit, près de 750 000 civils seraient encore piégés dans la ville. Cette situation désespérée inquiète le porte parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés Matthew Saltmarsh.
RT : L'évacuation des civils de Mossoul avait été promise par les Etats-Unis. Actuellement 750 000 personnes sont encore piégées dans la ville. Que se passe-t-il pour eux ?
Matthew Saltmarsh (M. S.): Nous sommes évidemment très inquiets pour tous les civils encore pris au piège dans l'ouest de Mossoul. Comme vous le savez, c'est une zone qui est densément peuplée. Nous nous attendons à ce que les combats dans l'ouest de la ville, lorsqu'ils seront à proprement parler lancés, soient extrêmement intenses. Ils nécessiteront surement d'agir rue par rue. Le risque est donc très élevé d'aboutir à de nombreuses victimes civiles et de personnes déplacées. Le gouvernement irakien a annoncé qu'il y aurait potentiellement 250 000 civils qui pourraient avoir à fuir les combats. Notre priorité est actuellement et uniquement de préparer cette éventualité et l'accueil des réfugiés. Nous préparons cela dans les environs de la ville. Nous installons un camp et protégeons autant de produits de première nécessité - nourriture, eau et aide médicale - que nous pouvons.
Les denrées alimentaires se font rares, leurs prix explosent littéralement, l'eau potable est quasiment épuisée
RT : L'une des stratégies les plus efficaces dans ce genre de situation revient souvent à instaurer des couloirs humanitaires. Est-ce envisageable pour Mossoul ?
M. S. : Nous n'avons eu aucune confirmation formelle là-dessus mais nous sommes en discussion avec les différents acteurs impliqués dans cette bataille pour mettre en place les moyens suffisants pour nous approcher au maximum de ceux qui se trouvent dans le besoin. Nous savons, grâce aux rapports militaires et aux témoignages des quelques personnes qui ont réussi à en échapper, que la situation est dramatique à l'intérieur de la ville : les denrées alimentaires se font rares, leurs prix explosent littéralement, l'eau potable est quasiment épuisée. Dans certains rapports, on apprend que des gens brûlent des meubles et du plastique. La situation humanitaire est désespérée. Nous faisons notre possible pour pouvoir aider tous ceux qui seront déplacés à cause des combats.
RT : Pensez-vous que des structures et des organisations internationales comme la votre pourraient utiliser leur pouvoir pour pousser les acteurs sur place à trouver des solutions pour alléger le calvaire des civils piégés dans Mossoul ?
M. S. : Notre priorité est avant tout celle de préparer des structures d'accueil pour les déplacés. Nous avons déjà huit camps complets. Un neuvième est presque prêt. Nous travaillons étroitement avec le gouvernement irakien. Nous pensons qu'entre 60 000 et 80 000 places devraient bientôt être disponibles. Notre objectif en ce moment est d'aider au mieux les civils qui ont réussi à fuir et ceux qui pourraient arriver prochainement. L'important est de pouvoir leur offrir un abri et toute l'aide dont ils ont besoin le plus rapidement possible.
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