L'insécurité existe dans nombre de capitales du monde, les touristes le savent. Mais quand un tel événement survient précisément en France, cela fait sensation sur les télévisions du monde entier, estime le spécialiste en tourisme Didier Arino.
RT France : Le braquage de Kim Kardashian peut faire peur aux touristes. D'autre part, Anne Hidalgo a déclaré que «cet acte, très rare, survenu dans un espace privé» ne remettait pas en cause «le travail des policiers et la sécurité de l’espace public». Le cas de Kardashian est-il un cas isolé auquel les visiteurs de la capitale ne doivent pas faire attention ou la conséquence des problèmes d'insécurité qui existent dans la ville ?
Didier Arino (D. A.) : On peut constater, heureusement, qu'à Paris, tous les gens ne se font pas braquer dans leur hébergement. Sinon, ce serait dramatique. En revanche cela reflète tout de même une situation d’une certaine insécurité dans la capitale. Ce n’est pas la première fois que des touristes sont détroussés, on a eu des problèmes avec des voyous qui ont détroussé des touristes chinois et japonais, même si ce ne sont pas des actes d’une grande violence. Ce qui s’est passé avec Kim Kardashian, cela relève plutôt du grand banditisme. Il y en a partout dans le monde, des situations de ce type. En revanche, c’est désastreux pour l’image de la France, pour l'image de Paris, car c’est véhiculé sur l’ensemble des télévisions du monde entier. D’ailleurs, les chaines américaines ne manquent pas de souligner une forme d’insécurité en France, alors que cette insécurité existe dans nombre de capitales du monde. Mais c’est vrai que c’est un épisode de plus. Comme une série dans la capitale française.
Ce que l’on sait, c’est que on n’est pas à l’abri dans la capitale
RT France : Y-a-t-il un risque que de pareils cas se reproduisent dans l’avenir ?
D. A. : Ce que l’on sait, c’est que on n’est pas à l’abri dans la capitale. Mais la situation est forcément la même à Moscou, à New York... Ce qui est plus ennuyeux, certainement, c’est cette petite délinquence qui pose vraiment problème au quotidien pour les touristes étrangers, et qui est certainement encore plus désastreuse. Car il me semble, en tant que professionnel, que ce ne serait quand même pas compliqué de faire en sorte que ceux qui ont été arrêtés ne restent pas dans la capitale. Il y a aussi beaucoup d’étrangers qui commettent des actes illicites, notamment des gens en provenance des pays de l’est. C’est beaucoup plus ennuyeux pour l’ensemble du tourisme français. Cela altère l’image de la France.
On paie donc très cher ce que certains qualifieront de liberté, quand d’autres parleront de laxisme et de laissez-aller
RT France : Ce n’est pas le premier problème. Après les attentats de Paris et de Nice, il y a déjà eu un affaiblissement des flux touristiques en France. Comment faire revenir en France ces touristes et restaurer l’image de la sécurité dans le pays ?
D. A. : On peut, comme ça, voir le verre à moitié vide. Mais si on prend le verre à moitié plein, on peut dire que la France n’a subi qu’une chute de 7 à 8% de sa fréquentation touristique étrangère. C’est relativement peu lorsque l'on compare à d’autres pays ayant subi le même type d’événements. La Turquie et la Tunisie, c’est au moins 50%. La France supporte relativement bien le choc. Si l’on prend l’aspect négatif de la chose, on peut dire que tant qu’on ne résoudra pas le problème de sécurité, tant qu’on n’aura pas un discours cohérent, [rien ne sera reglé]. On est quand même sous état d’urgence à l’heure actuelle en France. Et l’état d’urgence a une signification pour bon nombre d'étrangers. Pendant l’état d’urgence on a des blocages, des manifestations, toute une série d’événements qui sont compréhensibles pour les Français, mais incompréhensibles pour des clientèles lointaines. Il est vrai que dans les dictatures, on ne laisse pas les manifestations se dérouler, c’est beaucoup plus pratique. Mais la France est une démocratie et tous ces événements ternissent un peu son image. On paie donc très cher ce que certains qualifieront de liberté, quand d’autres parleront de laxisme et de laissez-aller. C’est à chacun de voir, mais, en tout cas cela pose problème au tourisme hexagonal : on a une baisse de fréquentation, alors que le tourisme dans les autres pays occidentaux est en croissance cette année.
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