Doit-on accepter la polygamie comme un droit civil après le «mariage pour tous» ? Serait-ce une tentative d’imposer des valeurs étrangères à l’UE ou l’autorisation d’une pratique banale ? Rencontre avec un partisan et un adversaire de la polygamie.
En réponse à l’autorisation des unions civiles entre personnes de même sexe par la ville de Milan, un célèbre activiste musulman a demandé que la polygamie soit également rendue légale. Hamza Roberto Piccardo, fondateur de l’Union des communautés et organisations islamiques, a écrit sur son compte Facebook qu’il fallait reconnaître la polygamie comme un droit civil et l’accepter au même titre que le mariage entre personnes de même sexe. Cette idée a provoqué l'indignation des politiciens locaux et le maire de la ville s’est rapidement désolidarisé de l’activiste islamique.
RT a discuté de ce choc des cultures avec le commentateur politique David Vance et avec Azad Chaiwala, fondateur des sites Secondwife.com et Polygamy.com.
David Vance a qualifié la situation d’«absurde et dangereuse».
Selon lui, en Italie «moins de 2% de la population est musulmane et moins de 0% de la population soutiendrait un appel à la polygamie». Pour lui, il n'y a aucune demande pour la polygamie au-delà de ce petit groupe d’activistes.
Des milliers de gens pratiquent dans les faits la polygamie, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse.
«Par ailleurs, c’est très inquiétant, parce qu’en réalité, ça veut dire qu’une partie de la communauté islamique en Italie, et peut-être ailleurs, cherche à nous imposer ses valeurs. La polygamie fait partie de leurs valeurs, pas des nôtres, ça ne fait aucun doute», a indiqué David Vance, ajoutant : «Cette comparaison fallacieuse avec des unions civiles entre personnes de même sexe est également absurde. En Italie, la communauté majoritaire les soutient, alors que, comme partout ailleurs en Europe, si je ne me trompe pas, il n’y a pas de soutien majoritaire à la polygamie.»
Cependant, selon Azad Chaiwala, des milliers de gens pratiquent dans les faits la polygamie, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse.
«La réalité, c'est que quand vous dites “eux“ et “nous“, à qui faites-vous vraiment allusion ? D'autre part, je peux témoigner que la polygamie est de toute façon pratiquée par 90% des gens …parce que moi, je gère ces deux sites : Secondwife.com, site spécifiquement destiné aux musulmans et polygamy.com, site ouvert à tous. Nous avons déjà presque 100 000 abonnés. Beaucoup proviennent du Royaume-Uni ou d’Europe continentale, mais certains, peut-être des milliers, viennent d’Italie et tous ne sont pas musulmans», dit-il.
David Vance a répondu en citant Gilbert Keith Chesterton, écrivain anglais, qui a dit qu’avant de démanteler une barrière il fallait d’abord savoir pourquoi on l’avait installée.
«Les libéraux occidentaux qui ont décidé de redéfinir le mariage – historiquement, l’union entre un homme et une femme – ont, d’une certaine manière, ouvert la voie aux opportunistes, dans le cas présent cet activiste musulman en Italie, qui vont pousser le sujet de la polygamie», explique-t-il en ajoutant : «Je crois qu’il n'y a aucune demande pour la polygamie en dehors de ce petit groupe d’activistes.»
La polygamie est illégale dans toute l'Europe. Elle est contraire à la loi. Donc, pratiquer la polygamie, c’est commettre un délit.
Chaiwala a riposté en insistant sur le fait qu’il y avait bien une demande, compte tenu de l’augmentation des abonnés actifs à ses sites.
«C’est un choix personnel. Qu'est-ce que la polygamie vous a fait de mal ? Quelle expérience négative avez-vous de la polygamie ?»
Ce à quoi David Vance répond : «D’abord, je n’ai effectivement aucune expérience de la polygamie, tout comme une grande majorité d’Européens. Deuxièmement, il y a quelque chose que votre site devrait peut-être prendre en compte : la polygamie est illégale dans toute l'Europe. Elle est contraire à la loi. Donc, pratiquer la polygamie, c’est commettre un délit et, je suppose qu’il existe une infraction pour cela. Vous devriez donc faire attention avant de promouvoir des choses dans des pays où elles sont illégales. C’est comme ça que cela fonctionne dans les démocraties occidentales.»
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