Qui est derrière les événements tragiques d’Istanbul ? Quel avenir pour la Turquie du point de vue sécuritaire ? L’analyste Tobias Feakin répond aux questions de RT.
RT : Est-ce normal que l'Etat Islamique (Daesh) n'ait pas encore revendiqué cet attentat ?
Tobias Feakin : Nous connaissons ce schéma selon lequel Daesh, ses fans ou ceux qui le soutiennent se signalent rapidement comme responsables d'un attentat particulier ou comme associés à un individu prétendant avoir prêté allégeance à Daesh. Dans le cas présent je ne peux vraiment l’interpréter. Le président Erdogan est obligé de faire face à une situation troublée en Turquie et à une dynamique sécuritaire incroyablement compliquée...
Ils veulent des clivages là où il y a l'unité et la force
Certains diraient qu'il a un énorme problème de radicalisation aux frontières (de la Turquie) : il y a un afflux de combattants revenant de Syrie et du nord de l'Irak, ce qui a poussé à renforcer le contrôle frontalier, surtout à la frontière avec la Syrie. Mais cela n'a pas l'effet immédiat escompté. Erdogan a, aussi, la main incroyablement lourde quand il entreprend des opérations de sécurité au sud-est de la Turquie. Ce qui induit actuellement cette situation sécuritaire incroyablement complexe et dangereuse à l'intérieur même des frontières turques.
RT : Pourquoi la Turquie a-t-elle pu devenir le cible de Daesh ?
T. F. : Il s'agit là de la stratégie «diviser pour régner» et de la déstabilisation. Pourquoi Daesh attaque le continent européen ? Pourquoi ont-ils attaqué Paris ? Pourquoi ont-ils attaqué Bruxelles ? Ils veulent des clivages là où il y a de l'unité et de la force, ce qui est clairement associé à l'UE et aux accords de Schengen. C'est indiqué dans la propagande qu'ils exposent en ligne : ils veulent troubler et détruire en exploitant ce qu'ils qualifient les «[zones] grises». En Turquie où se développent les croyances islamistes les plus radicales, des attentats comme celui-là sont un excellent moyen d'exploiter les clivages de plus en plus forts au sein du pays...
RT : L'attentat de l'aéroport d'Istanbul a eu lieu trois mois après un autre attentat à l'aéroport de Bruxelles. Y a-t-il des similarités dans ces deux cas à votre avis ?
T. F. : Nous pouvons certainement percevoir des similarités, absolument. Nous voyons que les attentats surviennent là ou les passagers se rassemblent avant leur voyage, aux comptoirs d'enregistrements ou au point de contrôle de la sécurité, où il y a des points de congestion. C'est une tactique que les groupes terroristes utilisent depuis une quinzaine d'années pour cibler les aéroports. Et ils semblent changer de point d'attaque en fonction de l'emplacement de la sécurité dans l'aéroport.
Malheureusement, les groupes comme Daesh, ou Al-Qaïda dans le passé et toujours aujourd'hui, s'efforcent de comprendre comment les règles de sécurité ont changé et ont été renforcées, en tentant d'exploiter les brèches qui surviennent, la sécurité étant focalisée sur d'autres zones.
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