La politique de sanctions ne fait que crisper les positions au lieu de porter des fruits, estime le sénateur Christophe-André Frassa (Les Républicains), commentant le vote sur l’allégement des sanctions contre la Russie au Sénat.
RT France : Pourquoi vous êtes-vous prononcé en faveur de cette proposition ?
Christophe-André Frassa (C.-A. F.) : C’est simple. Je pense qu’il fallait que la France retrouve sa liberté de diplomatie vis-à-vis de l’ensemble de ce qui se passe actuellement. Le principe même du dialogue, c’est d’avoir un interlocuteur. Un des volets de cette résolution était une demande au gouvernement de lever les sanctions personnelles. Il y quelque chose d’aberrant : les principales personnalités comme par exemple le président de la Douma russe sont sur une liste qui les exclut de venir dialoguer avec les partenaires européens. On est dans un système aujourd’hui, avec ces sanctions personnelles, qui fait qu’on est dans l’incapacité d’avoir un dialogue constructif apaisé avec nos partenaires russes sur une question primordiale.
RT France : Pensez-vous que le gouvernement va réagir à ce vote ?
C.-A. F. : Nous le souhaitons évidemment. Je pense que notre résolution, au Sénat, va dans un sens d’apaisement. Elle est mesurée. Elle s’inscrit dans le calendrier où, dans quelques jours, il va y avoir à nouveau une réunion sur la situation en Ukraine. Je pense que le gouvernement a tout intérêt à prendre en considération cette résolution. Parce que sur 348 sénateurs 302 se sont prononcés pour et seulement 16 contre. C’est quand même un signal fort que le Sénat a adressé au gouvernement. A noter, que cette résolution a été portée par deux sénateurs : un de gauche, l’autre du centre, tous les deux appartenant à la majorité.
RT France : Certains disent que la résolution du Sénat est beaucoup plus timide que celle de l’Assemblée nationale. Comment répondriez-vous à ceci ?
C.-A. F. : Oui, on aurait pu aller plus loin. Il vaut mieux peut-être y aller petit à petit. Depuis qu’il y a des sanctions contre la Russie, je me suis rendu plusieurs fois en Russie et je sais que de nombreux acteurs de l’économie – je parle de l’économie française – sont aujourd’hui dans un certain désarroi parce que les principales victimes collatérales sont nos entreprises françaises basées en Russie. Il y a aussi des filières agricoles françaises - notamment la filière porcine – qui sont des victimes collatérales de cette situation. Il faudrait peut-être aussi commencer à y réfléchir. Il doit y avoir un pas qui doit être fait, du côté européen ainsi que du côté russe. Cette résolution est peut-être moins forte ou, en tout cas peut le paraître - ce qui n’est pas mon sentiment -, mais elle permet au gouvernement d’arriver à Bruxelles vis-à-vis de ses partenaires avec un texte qui permettra dans un premier temps la levée des sanctions personnelles. Ce qui est pour un préalable à le reprise de la discussion de manière sereine.
RT France : La décision de l’Europe sur la prolongation des sanctions doit tomber fin juin. Pensez-vous que les sanctions seront prolongées ?
C.-A. F. : Je souhaite qu’on arrête cette politique de sanctions. Elles ne portent pas de fruits, elles crispent. Je souhaite qu’on lève les sanctions et qu’on trouve un autre mécanisme, qu’on ait un vrai dialogue. On a vu ce que la politique des sanctions et de l’embargo a donné avec d’autres pays – cela ne sert à rien.
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