Donald Trump voudrait voir la Russie réintégrée au G8... mais qu'en pense Vladimir Poutine ?
En amont du G7 organisé du 24 au 26 août à Biarritz, le président américain s'est montré ouvert à un futur retour de la Russie au sein de ce qui pourrait alors devenir, de nouveau, le G8. Une suggestion qui a d'ores et déjà fait réagir certains...
Au mois de mars 2014, dans la foulée du rattachement de la Crimée à la Russie, les sept nations se définissant historiquement comme «les plus grandes puissances avancées du monde» (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), décidaient d'exclure la Russie de leurs sommets réguliers, transformant alors le G8 en G7. Si le dossier criméen demeure un point sensible à l'origine de frictions diplomatiques entre certaines puissances occidentales et Moscou, notamment à travers la mise en place de sanctions et de mesures de rétorsion entre plusieurs pays et la Russie, la question de son retour au sein d'un potentiel nouveau G8 refait surface.
Beaucoup de sujets dont nous discutons ont à voir avec la Russie, je la verrais bien revenir dans le G8
De fait, à rebours de l'exclusion de la Russie décidée le 24 mars 2014 à la Haye (Pays-Bas) lors d'une réunion demandée par Barack Obama – alors président des Etats-Unis – son successeur, Donald Trump a, le 20 août, plaidé pour un retour du plus vaste pays du monde au sein du club des puissants. «Beaucoup de sujets dont nous discutons ont à voir avec la Russie, je la verrais bien revenir dans le G8», a-t-il en effet déclaré à la presse depuis la Maison Blanche.
En outre, un haut responsable de l'administration américaine cité par CNN, a affirmé le même jour qu'au cours d'un entretien téléphonique entre Donald Trump et Emmanuel Macron, les deux dirigeants s'étaient entendus afin d'inviter la Russie à faire de nouveau partie du groupe dès 2020.
La France veut normaliser ses relations avec la Russie
«La France veut normaliser ses relations avec la Russie [...] C'est Emmanuel Macron qui a suggéré l'idée [de réintégrer la Russie dans le groupe], et Donald Trump l'a approuvée», a précisé la source citée par la chaîne de télévision américaine. Officiellement, la France n’a pas fermé la porte à un retour de la Russie, prenant «acte», le 21 août, de l'ouverture américaine, tout en jugeant cruciale l'évolution de la situation en Ukraine.
La réintégration de la Russie au sein du groupe pourrait potentiellement être voulue par d'autres membres du G7 qui, depuis un certain temps déjà, ne cachent pas leur enthousiasme à l'idée de voir la Russie rejoindre le groupe. En juin 2018 par exemple, Giuseppe Conte – alors président du Conseil italien – se montrait pour sa part favorable à une première suggestion de Donald Trump en ce sens. «Je suis d'accord avec le président Donald Trump : la Russie devrait faire partie du G8. C'est dans l'intérêt de tous», avait-il tweeté. D'autres membres du club pourraient en revanche contester une telle démarche, s'y montrant jusqu'alors hostiles.
Qu'en dit le Kremlin ?
Le 21 août, le gouvernement fédéral allemand s'est par exemple opposé à ce que la Russie fasse de nouveau partie du groupe. Cité par Reuters, le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a en effet campé sur le refus initial allemand, rappelant que la Russie avait été exclue après ce qu'il a qualifié de «déstabilisation [russe] de l'est de l'Ukraine» et d'«annexion de la Crimée».
Parmi les autres pays qui se montreraient a priori récalcitrants face au retour de la Russie, le Royaume-Uni n'a, pour l'heure, pas réagi à la dernière ouverture de Donald Trump. Pour rappel, Londres s'était opposé, en juin 2018, à la proposition américaine de réintégrer Moscou dans ce qui pourrait redevenir le G8. Alors Premier ministre britannique, Theresa May avait en effet estimé qu'il y avait «une bonne raison à la transformation du G8 en G7», affirmant ne pas vouloir aborder ce sujet «tant que la Russie ne change[rait] pas d'attitude sur le dossier ukrainien».
Lors de sa venue au fort de Brégançon où il a rencontré son homologue français, Vladimir Poutine avait été interrogé sur l'absence de la Russie au sein du G7. Le président russe a flegmatiquement répondu qu'il ne pouvait pas participer à un format qui «n'existe pas». «Comment pourrais-je revenir dans une organisation qui n'existe pas ? Aujourd'hui c'est le G7 qui existe», a-t-il ainsi répondu, esquissant un sourire...