Crise en Algérie : le chef de l’armée estime que «pour chaque problème existe une solution»
Le patron de l'armée algérienne s’est une nouvelle fois exprimé, ce 18 mars, sur les manifestations contre Abdelaziz Bouteflika. Tout en saluant le pacifisme des manifestants, il a estimé que des solutions existaient pour résoudre la crise politique.
L’armée aurait-elle un rôle à jouer dans la résolution de la crise actuelle en Algérie ? Si le chef d’Etat-Major de l’armée algérienne Ahmed Gaïd Salah avait assuré à plusieurs reprises que la grande muette n’interviendrait plus dans la vie politique algérienne, il a une nouvelle fois réagi à la situation politique actuelle dans laquelle se trouve le pays, via un communiqué publié ce 18 mars. Saluant la «profonde conscience populaire», le général qui est également vice-ministre de la Défense, a estimé que «pour chaque problème exist[ait] une solution, voire plusieurs».
«L’espoir de voir l’Algérie, toujours et à jamais, au-dessus de tous les défis, est un espoir permanent qui se renouvelle et qui s’enracine dans les esprits et les cœurs. Un espoir augurant d’un avenir meilleur et d’une capacité à relever les enjeux, tous les enjeux. Ces ambitions d’un avenir meilleur font la fierté de l’Armée nationale populaire, qui s’enorgueillit d’être l’un de ses artisans, en s’inspirant de cette force, appuyée par son lien étroit avec son grand peuple et par la sympathie de ce dernier envers ses Forces armées», a notamment déclaré Ahmed Gaïd Salah.
Une allusion sans ambiguïté aux slogans scandés par de nombreux manifestants lors des différents rassemblements contre le président algérien Abdelaziz Bouteflika et son cercle rapproché : «Le peuple et l'armée sont frères.»
Abdelaziz Bouteflika en train de perdre un soutien de poids ?
Le ton du général algérien est bien différent de celui qu’il avait adopté après la tenue des précédentes manifestations. Le 8 mars, alors que des centaines de milliers d’Algériens étaient descendus dans les rues pour exprimer leur refus de voir le chef d’Etat briguer un cinquième mandat, il avait mis en garde contre des «forces malintentionnées jalouses de la stabilité et de la paix qui règnent en Algérie», lors de sa visite d’inspection à l’académie militaire de Cherchell (ouest d’Alger).
Le 10 mars, lors d’une visite dans une école préparatoire aux études d’ingénierie à Rouiba (est d'Alger), Ahmed Gaïd Salah avait amorcé un changement de ton à l’égard des manifestants : «L’Algérie est chanceuse de son peuple et l’armée est chanceuse de son peuple. Le peuple a conscience des défis d’un monde sans pitié», s’était-il félicité tout en assurant que «les liens entre l’Armée et la population [étaient] forts et spontanés».
Ahmed Salah Gaïd a pourtant toujours affiché sa fidélité à Abdelaziz Bouteflika. Il avait, à plusieurs reprises, dressé un bilan élogieux du président algérien en mettant notamment en avant les vertus de sa politique de «réconciliation nationale» gage, selon lui, de la stabilité du pays. Chose rare, le nom du locataire d'El Mouradia, qu'il cite régulièrement, n'apparaît plus dans ses derniers discours.
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