Ce que l'on sait des colis suspects envoyés à des personnalités démocrates américaines
Six colis suspects ont été envoyés à des personnalités démocrates, sans qu'aucune victime ne soit à déplorer. L'enquête suit son cours, mais à l'approche des élections de mi-mandat, les démocrates accusent déjà Donald Trump.
Alors que les élections de mi-mandat approchent à grands pas, le climat politique américain s'est encore dégradé le 24 octobre. En quelques heures, six alertes au colis suspect se sont succédé, de New York à la Floride en passant par Washington, sans compter une fausse alerte en Californie, et une à la Maison Blanche.
L'affaire a commencé dans la matinée lorsque le service fédéral chargé de la protection des anciens présidents a annoncé avoir intercepté deux colis contenant «des engins explosifs potentiels». Ils étaient destinés à l'ex-secrétaire d'Etat démocrate Hillary Clinton, qui réside dans la banlieue de New York, et à l'ancien président démocrate Barack Obama, qui habite à Washington.
Peu après, la chaîne d'information CNN, évacuait ses bureaux new-yorkais après la découverte d'un colis suspect. Le colis contenait un engin «apparemment explosif» et une «poudre blanche», en cours d'analyse, selon le chef de la police new-yorkaise. Il était adressé à John Brennan, l'ancien directeur de la CIA reconverti en commentateur sur CNN, à qui Donald Trump a retiré son habilitation de sécurité en août dernier.
This is a photograph of the suspicious package sent to the CNN building in New York City earlier this morning. Police say it appeared to be a live explosive device. https://t.co/aG9JsTfwhxpic.twitter.com/tcICHJErda
— CNN Breaking News (@cnnbrk) 24 octobre 2018
La police de Floride a ensuite indiqué avoir trouvé un colis suspect près du bureau de l'élue au Congrès Debbie Wasserman Schultz, ancienne présidente du comité national du parti démocrate, qui avait démissionné à la suite des révélations de Wikileaks lors de la primaire de son parti en 2016, indiquant qu’un complot avait été monté contre le candidat Bernie Sanders. Deux autres personnalités démocrates, l'ancien procureur général Eric Holder, responsable du fiasco de l'opération «Fast and Furious» en 2009, et la députée californienne Maxine Waters, ont aussi été visées par des colis suspects.
Enquête en cours, Trump appelle le pays à se «rassembler»
Aucune colis n'a explosé et aucune victime n'est à signaler, mais les polices locales et fédérales ont tout de même été placées en état d'alerte, le maire et le gouverneur de New York dénonçant une «volonté de terroriser». Le 22 octobre, un dispositif explosif artisanal avait été déposé dans la boîte aux lettres du milliardaire américano-hongrois, George Soros, avant d'être récupéré et détruit par la police.
A l'heure actuelle, aucune arrestation n'a été effectuée. Le FBI a simplement confirmé que les colis destinés à George Soros, Hillary Clinton, Barack Obama, Eric Holder et John Brennan étaient «d'apparence similaire», portant plusieurs timbres et une même adresse d'expéditeur : celle de Debbie Wasserman Schultz.
«Le gouvernement fédéral mène une enquête agressive et nous allons trouver les responsables et les présenter à la justice. Très rapidement j'espère», a déclaré le président américain Donald Trump, appelant le pays à se «rassembler». Le chef de la police new-yorkaise s'est dit persuadé que le ou les coupables seraient identifiés «dans les prochains jours».
Les démocrates accusent Trump, des conservateurs évoquent une attaque sous fausse bannière
Mais dans un climat politique hautement délétère, les deux camps n'ont pas attendu les résultat de l'enquête pour se renvoyer la responsabilité. Les démocrates ont ainsi accusé Donald Trump d'être indirectement responsable. «De façon répétée, le président cautionne la violence physique et divise les Américains avec ses mots et ses actes», ont lancé les leaders démocrates Nancy Pelosi et Chuck Schumer. Une rhétorique reprise par le fils du milliardaire George Soros dans un éditorial publié par le New York Times.
La chaîne d'information CNN, brocardée comme principal pourvoyeur de «fake news» par le chef d'Etat américain, a accusé ce dernier d'«incompréhension totale face à la gravité de ses attaques continues contre les médias». «Le président et la porte-parole de la Maison Blanche devraient comprendre que leurs mots ont du poids», a fait valoir le président de CNN, Jeff Zucker dans un communiqué.
Statement from CNN Worldwide President Jeff Zucker: pic.twitter.com/OXyIT6oSLT
— CNN Communications (@CNNPR) 24 octobre 2018
De l'autre côté de l'échiquier politique, certains commentateurs politiques conservateurs n'ont pas hésité pas à évoquer une attaque sous faux drapeau. Rappelant les déclarations récentes des personnalités démocrates appelant à la violence contre les républicains, le journaliste de Newmax John Cardillo conclut : «Il est simplement logique de se demander qui a réellement envoyé ces bombes.»
When you watch:
— John Cardillo (@johncardillo) 24 octobre 2018
- Scalise shot
- GOP pols harassed
- Holder say "kick 'em"
- Obama say "throw them out"
- Hillary say only civility if Dems win
- Waters say harrass Trump supporters
- Antifa beating people
It's only logical to question who actually sent the bombs.
«Six bombes envoyées aux démocrates. Aucune n'explose. [...] L'opération semble conçue pour une optique politique/médiatique maximale, pas des dégâts maximum», a suggéré Paul Sperry, qui travaille notamment pour le think tank conservateur Hoover Institution.
6 bombs sent to Democrats. 0 go off. All crudely made pipe bombs and conspicuously obvious explosives, and all easily screened and discovered. Stunt seems designed for maximum political/media optics, not maximum damage
— Paul Sperry (@paulsperry_) 24 octobre 2018
Intervenu en pleine campagne pour les élections de mi-mandat du 6 novembre, l'envoi de ces colis suspects éclipse le thème qui dominait jusqu'à présent la campagne, à savoir l'immigration, alimenté par la marche de milliers de migrants depuis le Honduras vers la frontière mexico-américaine.
Les enjeux de ce scrutin sont cruciaux pour l'avenir de la politique américaine. D'un côté, l'idée d'une procédure de destitution de Donald Trump revient avec insistance dans les rangs démocrates, qui pourraient la mettre en œuvre s'ils venaient à reprendre le contrôle de la chambre basse. De l'autre, les républicains sont tenus de conserver une majorité pour être en mesure de gouverner.
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