Que se passera-t-il si Vladimir Poutine est réélu président de la Russie ?

Que se passera-t-il si Vladimir Poutine est réélu président de la Russie ?© Andrei Smirnov Source: AFP
Affiche de Vladimir Poutine lors d'un congrès de Russie unie en 2009
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Paix en Syrie, redressement économique, levée des sanctions... Les défis qui attendent Vladimir Poutine en cas de réélection sont d'autant plus grands qu'il ne disposera que de six ans pour les relever s'il ne veut pas les léguer à son successeur.

Au vu des sondages, Vladimir Poutine devrait très probablement être réélu président de la Fédération de Russie le 18 mars prochain, lors du premier tour de l'élection présidentielle. Sa très forte popularité, ainsi que l'avance très confortable dont il jouit sur ses sept concurrents dans les sondages semblent en effet lui promettre la victoire. Mais s'il gagne l'élection sans trop de difficultés, c'est surtout son quatrième mandat que Vladimir Poutine devra réussir.

Entre 2012 et 2018, le président russe a en effet pris un certain nombre de décisions ayant eu d'importantes conséquences pour son pays. Si la guerre en Syrie a marqué le grand retour de la Russie sur la scène internationale, les sanctions européennes et américaines couplées à l'embargo alimentaire russe décidé en représailles font émerger de nouveaux défis économiques et diplomatiques.

Gagner la paix en Syrie

En septembre 2015, répondant à l'appel du président syrien Bachar el-Assad, Vladimir Poutine avait décidé d'une intervention militaire en Syrie, la première en dehors des frontières de l'ancienne Union soviétique depuis la guerre d'Afghanistan (1979-1989). A l'automne 2017, Moscou annonçait le début du retrait de ses troupes, alors que l'Etat islamique se voyait militairement défait en Syrie. 

Entre ces deux dates, la Russie s'est imposée comme un acteur incontournable au Moyen-Orient, alors même que les Etats-Unis opéraient une sensible mise en retrait. L'échec des pourparlers de paix encadrés par l'ONU a en outre encouragé Moscou, aux côtés de Téhéran et d'Ankara, à proposer un nouveau cadre de discussion lors du sommet d'Astana en 2017. Le dossier syrien a permis à Vladimir Poutine de faire de la Russie un acteur clef de la guerre mais également de la paix.

Reste qu'elle est encore très loin d'être gagnée. L'un des principaux objectifs du président russe, s'il est réélu, consistera donc bel et bien à prouver que la Russie est capable de mener à bien une intervention efficace et d'éviter que la Syrie ne devienne l'équivalent de la guerre en Irak des Etats-Unis. Le soutien indéfectible qu'il apporte à son homologue syrien Bachar el-Assad, ainsi que la neutralisation des combattants islamistes ont été l'alpha et l'omega de la position de Vladimir Poutine ces dernières années. Seule une stabilité politique durable en Syrie papportera la preuve du bien fondé de sa stratégie.

Conforter la relance économique

En 2017, la Russie jouissait d'un taux de croissance légèrement inférieur à 2%. Vladimir Poutine peut se targuer d'avoir réussi à amortir les effets négatifs de l'embargo alimentaire qu'il a décidé en 2014 : l'inflation diminue et la récession semble ne plus être qu'un mauvais souvenir. En outre, entre autres indicateurs passés au vert, le rouble se consolide et l'épargne croît. 

Ces résultats ont de quoi conforter Vladimir Poutine, mais ils ne masquent pas le fait que la croissance russe demeure timide et en-deçà de la moyenne mondiale. Ils ne font pas oublier non plus l'une des difficultés majeures de la Russie : la pauvreté. En novembre dernier, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev la qualifiait de «problème le plus criant» et l'attribuait à un «développement insuffisant de l'économie». Près de 20 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté, même si le marasme économique des années 1990 est désormais révolu.

Vladimir Poutine a d'ailleurs fait de la lutte contre la pauvreté l'une de ses priorités. Il a en outre annoncé qu'il souhaitait, au cours de son éventuel quatrième mandat, permettre à l'économie d'atteindre 8% de croissance, en investissant massivement dans les technologies. Un chiffre cependant peu réaliste au regard de la conjoncture économique actuelle. Mais l'ambition reste claire : dépasser l'Allemagne et devenir la cinquième puissance économique mondiale (la Russie est à la sixième place, selon les estimations de la Banque mondiale pour l'année 2016).

La délicate question des sanctions

Conséquence du conflit en Ukraine, l'UE et les Etats-Unis ont imposé des sanctions économiques contre la Russie en juillet 2014. A l'époque, Barack Obama avait désigné Vladimir Poutine comme étant personnellement responsable de la dégradation des relations entre la Russie et l'Occident. Le temps a passé : Barack Obama n'est plus là et Donald Trump, s'il a bien dû approuver de nouvelles sanctions voulues par le Congrès à l'été 2017, ne l'a fait qu'à contre-cœur. 

Les sanctions américaines contre la Russie commencent d'ailleurs à agacer les pays de l'Union européenne, qui constatent leur nocivité pour l'économie du continent. Lourdes de conséquence pour Bruxelles et pour Moscou, ces mesures décidées unilatéralement outre-Atlantique ont paradoxalement ouvert la voix à une possibilité de dialogue. La visite de Vladimir Poutine à Paris quelques semaines après l'élection d'Emmanuel Macron et les propos aux échos sensiblement plus empreints de pragmatisme qu'a pu tenir ce dernier au sujet des sanctions économiques laisse entrevoir une issue possible à une situation entièrement bloquée jusque-là. Vladimir Poutine rappelait récemment encore que la France était un partenaire clef de la Russie en Europe, non seulement parce qu'elle est un partenaire commercial de premier plan, mais également parce qu'elle entend incarner un nouveau leadership au sein de l'UE.

Si le peuple russe le lui donne, le quatrième mandat de Vladimir Poutine s'inscrira dans la poursuite de cette dynamique d'apaisement des relations extérieures. Prochain grand rendez-vous symbolisant ces efforts : le président russe recevra notamment Emmanuel Macron au Forum économique de Saint-Pétersbourg. Comme il l'a fait au cours des années passées, il continuera d'être très actif sur le plan diplomatique, multipliant le dialogue tous azimuts et les rencontres bilatérales. Rien qu'en 2017, le président russe a effectué pas moins de 21 voyages officiels, dont un quart en Europe. Cette présence active sur le devant de la scène internationale contribue en grande partie à sa popularité auprès des électeurs russes, qui voient en lui l'artisan du grand réveil de la Russie.

C'est pour rappeler cette réussite que, le 1er mars, devant les membres réunis des deux chambres du Parlement russe, traçant les grandes lignes de son action future sans paraître douter de sa réélection, Vladimir Poutine rappelait au monde entier qu'il devrait dorénavant «compter avec la Russie». Quant à la Russie, il lui faudra un jour compter sans Vladimir Poutine. Pour l'heure, aucun successeur potentiel ne semble capable de s'imposer. D'aucuns évoquent la possibilité d'une réforme constitutionnelle qui transformerait la Russie en un régime plus parlementaire. Tel sera peut-être pour le président russe le principal enjeu de ce quatrième mandat : préparer l'après-Poutine.

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