Passes, deal et vol : des migrants mineurs contraints de se prostituer pour survivre (VIDEO)
En Grèce, des milliers de migrants mineurs sont livrés à eux-mêmes, sans famille et pour certains sans abri. Pour survivre, sans aucune aide, ils sont contraints à basculer dans l’illégalité : prostitution, vol, deal... RT les a rencontrés.
Ils sont Afghans pour la plupart, ou encore Syriens, Irakiens, Bangladais... Parmi les 18 000 migrants mineurs présents sur le sol grec en 2017, environ 4 000 sont isolés, sans famille ni revenus, et 2 290 n'ont pas d'abri, selon des chiffres du Conseil européen pour les réfugiés et les exilés. Ces adolescents, bloqués en Grèce à cause de la fermeture de la frontière turque, ne savent plus comment trouver de l’argent. Vendre leur corps, voler des téléphones, écouler de la drogue qu'ils consomment parfois... Voici le choix qu'il leur reste pour pouvoir survivre. Ils se réunissent alors dans les squares athéniens et se laissent approcher par des hommes plus âgés qu’eux, qui convoitent du sexe tarifé à vil prix. Puis ils négocient une passe pour moins de 15 euros.
Dans le cadre d'un documentaire à paraître prochainement, RT a rencontré à Athènes l’un de ces jeunes, âgé de 17 ans. Il dit être arrivé en bateau via la Turquie six mois plus tôt. Le soir, il attend que des hommes, en général plus âgés que lui, viennent le solliciter.
Une caméra cachée filme l’échange. «Un massage pour dix euros», demande le client du prostitué mineur. «Tu as besoin de plus !», lui répond le jeune garçon. Il propose un acte sexuel pour récupérer 10 euros supplémentaires. Le client tente de marchander ce prix de misère.
Le jeune migrant explique avoir commencé le jour où un homme lui a promis de l’aider, de le nourrir et l’a invité chez lui. A son domicile, l’adolescent réfugié est allé prendre une douche. «L'homme s’est approché, disant qu’en Grèce, on ne donne pas d’argent s’il n’y a pas de sexe», avoue le jeune prostitué.
«Nous sommes déjà en prison en Grèce»
Ecœuré, désœuvré, un autre mineur prostitué confie à la caméra qu’il se sent comme «un homme sans valeur». Si on les menace de les incarcérer ? «Ce n’est pas grave. Nous sommes déjà en prison en Grèce», reprend le premier jeune homme. A cause de l'inefficacité des procédures et des délais requis, de nombreux migrants sont contraints de rester de longs mois dans des camps avant d’espérer régler légalement leur situation ou d’envisager de fuir dans un autre pays.
Malgré une récente baisse, le taux de chômage reste particulièrement élevé en Grèce, où il atteint 39,5% chez les jeunes. Le pays peinant à fournir du travail à sa propre population, on peut imaginer avec quelles difficultés les migrants peuvent espérer trouver un emploi légal.