Al-Baghdadi : parcours d'un djihadiste devenu chef d'une organisation terroriste tentaculaire

Al-Baghdadi : parcours d'un djihadiste devenu chef d'une organisation terroriste tentaculaire© Prakash Singh Source: AFP
Un effigie du leader de Daesh, al-Baghdadi, est brûlé lors d'une manifestation chiite en Inde
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Le dirigeant de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi, aurait été tué dans une frappe aérienne russe en Syrie. Si la mort du «calife» pourrait déstabiliser Daesh, la vie du chef de cette puissante organisation terroriste reste peu connue du grand public.

L'armée russe a annoncé le 16 juin vérifier si une frappe menée le 28 mai avait tué le chef du groupe terroriste Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, près de la ville Raqqa, dernier grand bastion de Daesh en Syrie. 

L'Etat islamique est actuellement pris en étau entre l'armée irakienne (appuyée par des forces supplétives kurdes et chiites), l'armée syrienne, et la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) appuyée par la coalition internationale menée par les Etats-Unis.

Ce n'est pas la première fois que le «calife» autoproclamé est donné pour mort. En 2015, des médias britanniques avait ainsi annoncé qu'il avait été grièvement blessé dans un raid aérien de la coalition dans la province de Ninive, en Irak. Mais, en novembre 2016, un message audio d'al-Baghdadi, diffusé par l'organe de propagande de Daesh appelait les combattants djihadistes à «tenir» Mossoul face à l'avancée de l'armée irakienne. Conquise en 2014 par l'Etat islamique au cours d'une opération militaire éclair, la deuxième ville d'Irak était devenue le bastion irakien du groupe terroriste.

En mars dernier, un responsable américain avait affirmé qu'al-Bagdadi était «vivant» mais qu'il avait «quitté Mossoul» à l'approche des troupes irakiennes. Il est possible que son éventuelle disparition puisse encourager l'exacerbation de tensions internes au sein de l'organisation terroriste, sur le reculoir, confrontée à d'importantes pertes de territoire, et donc de moyens humains et financiers.

Itinéraire d'Abou Bakr al-Baghdadi

D'une discrétion inversement proportionnelle à la médiatisation des actes de terreur commis par Daesh à travers le monde, l'histoire personnelle et le parcours d'Al-Baghdadi sont encore entourés de mystères.

Né en 1971 à Samarra, en Irak, et élevé dans une famille sunnite, pauvre et pieuse, le futur «calife» a étudié la théologie à Bagdad avant de créer un groupuscule djihadiste lors de l'insurrection sunnite de 2003 survenue après l'invasion de l'Irak par la coalition militaire dirigée par les Etats-Unis. 

Capturé par les Américains, il est emprisonné dans le camp de Bucca, une gigantesque prison fermée en 2009. Près de 300 000 détenus, tant des djihadistes que d'anciens soldats de Saddam Hussein ou de simples citoyens, ont transité dans ce camp de détention, surnommé «l'école du djihad».

Al-Baghdadi sort de Bucca en novembre 2004 et prête allégeance à l’organisation terroriste Al-Qaïda. Adoubé par Oussama Ben Laden, il prend alors la tête de la branche irakienne d’Al-Qaïda : l'Etat islamique en Irak (EII). Toutefois, en avril 2013, deux ans après la mort d'Oussama Ben Laden, il profite du chaos provoqué par la guerre en Syrie pour renommer l’EII en Etat islamique en Irak et au Levant (Daesh), et tente d'imposer sa loi à la branche syrienne d'Al-Qaïda. 

Surnommé le «fantôme» par ses partisans, Al-Baghdadi – de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim al-Badri – apparaît pour la première fois en public en juillet 2014 lorsqu'il proclame la création d'un «califat islamique» au Proche-Orient depuis la grande mosquée d'Al-Nouri à Mossoul. 

Se proclamant commandeur des croyants, il prétend prendre le leadership du «djihad» sur Al-Qaïda, restaurer la gloire de l'islam des origines et diriger un vaste territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie, riche en pétrole et comptant près de sept millions d'habitants. Il appelle à cette occasion les musulmans du monde entier à lui prêter allégeance.

Trois ans après la proclamation du «califat», le territoire de Daesh s'est réduit comme peau de chagrin. Toutefois, il y a lieu de s'interroger sur la capacité persistante d'influence et de nuisance du groupe djihadiste, qui dispose encore de puissantes «filiales» ou autres «émirats» en Afrique (Boko Haram au Nigéria ou Daesh en Libye, dans le Sinaï égyptien), en Afghanistan, en Egypte, aux Philippines et ailleurs.

Pour la journaliste Sofia Amara – spécialiste du Proche-Orient et auteur d'un documentaire consacrée à la vie du leader djihadiste – la situation est loin de se pacifier : «La boîte de Pandore est grande ouverte, et ceux qui en sortent sont des monstres. Même si al-Baghdadi est tué, il y en aura un autre. Le pire est à venir.»

Lire aussi : Dans un ultimatum adressé à l'Elysée, Daesh menacerait la France d’un «bain de sang»

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