Les Qataris se ruent dans les supermarchés après la fermeture de l'unique frontière du pays (IMAGES)
La rupture diplomatique avec le Qatar annoncée par l'Arabie saoudite et ses alliés fait craindre des pénuries aux habitants et aux ressortissants étrangers établis dans ce pays caractérisé par une grande dépendance alimentaire.
L'annonce le 5 juin au matin de la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar par l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Egypte, le Yémen a provoqué de vives inquiétudes au sein de la population qatarie, notamment à cause d'éventuelles pénuries. Ce bouleversement diplomatique dans les pays du Golfe a notamment eu pour conséquence la fermeture de l'unique frontière terrestre du Qatar, avec l'Arabie saoudite, faisant ainsi craindre des problèmes d'approvisionnement des magasins dans les jours à venir.
Le site anglophone qatari d'informations Doha News rapporte que «de nombreux consommateurs remplissent leurs caddies de provisions de lait, d'eau, de riz et d’œufs dans plusieurs magasins» de Doha, la capitale de l'émirat. En plein ramadan, les magasins ne sont jamais aussi achalandés, selon le média qatari.
Sur les réseaux sociaux, des photographies de chariots remplis ont rapidement circulé, témoignant de l'anxiété dans laquelle se trouve la population du Qatar quant à l'évolution de la situation.
Qataris panicking and hoarding food, after #Saudi Arabia introduced a trade war by closing its border to #Qatar. pic.twitter.com/e6Dqe75NEA
— Ali Özkök (@A_Ozkok) 5 juin 2017
En effet, la fermeture de la frontière entre l'Arabie saoudite et le Qatar menace directement l'importation de denrées alimentaires et de produits de consommation courante, note le quotidien libanais francophone L'Orient Le Jour. D'autres photographies montrent des étalages vidés en quelques heures dans différents commerces du pays.
Supermarket in #Qatar#panicAttackpic.twitter.com/rwEwkw3iAl
— Baroudy (@barondy) 5 juin 2017
La supérette Lulu Supermarket, Al Rayann, #Doha#Qatarpic.twitter.com/fiE4w6Ujhj
— Badubai (@badubaii) 5 juin 2017
Plusieurs témoins n'hésitent pas à évoquer des scènes de «panique».
Just received these two pictures from a Supermarket in #Qatar. #Panicpic.twitter.com/9uwT0aQlgT
— Julien Elie EL-HAJJ (@HajjJulien) 5 juin 2017
Panique dans un pays qui importe massivement ses denrées alimentaires
Pour tenter de rassurer la population, le gouvernement qatari a fait savoir que «les espaces aériens et maritimes rester[aient] ouverts», rapporte le quotidien anglophone qatari The Peninsula. Le ministère qatari des Affaires étrangères a également réagi face aux craintes des habitants de l'émirat. Il a assuré que la fermeture de la frontière saoudienne n'aurait pas d'impact sur l'approvisionnement des magasins et n'handicaperait donc pas la vie des Qataris ni des nombreux résidents étrangers.
Le Qatar, Etat entièrement bâti en zone aride, produit moins de 10% de ses biens de consommation courante, selon une étude publiée l'an passé par le cabinet d'analyse Future Directions. En 2012, le pays importait presque 100% de ses céréales et de ses huiles, 93% de sa viande, 86% de ses fruits et 83% de ses légumes – une dépendance alimentaire exceptionnelle qui explique en partie les craintes des habitants.
Le 5 juin, l'Arabie saoudite, l'Egypte, Barhein et les Emirats arabes unis ont tous annoncé rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Un revirement sans précédent dans la diplomatie des pays du Golfe. Doha est accusé depuis plusieurs années de soutenir le terrorisme islamiste, notamment en raison de ses accointances avec les Frères musulmans, les taliban ou encore le Hamas.