«Partout où on allait, on était bombardé» : les réfugiés de Mossoul sur l'offensive contre Daesh

«Partout où on allait, on était bombardé» : les réfugiés de Mossoul sur l'offensive contre Daesh© Andres Martinez Casares Source: Reuters
Des femmes dans la ville de Mossoul
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En explorant les parties détruites de Mossoul, RT a pu recueillir de nouvelles preuves à l'appui du rapport de Amnesty International accusant la coalition de bombarder sans distinction les maisons avec des civils, comme les cibles de Daesh.

Les débris des maisons détruites, des écoles et des hôpitaux ont transformé la deuxième plus grande ville d'Irak en un cimetière urbain après le début de l'offensive entamée en octobre par la coalition sous la direction des Etats-Unis et les forces gouvernementales irakiennes pour libérer la ville.

Alors que les explosions et les tirs étaient entendus au loin, l'équipe de RT a vu dans la soirée des avions de la coalition faisant des aller-retours vers Mossoul toutes les 5-10 minutes. Ils ont vu également un hélicoptère irakien lançant des missiles contre les cibles de Daesh le jour suivant, et entendu des histoires qui font froid dans le dos, notamment celles de terroristes de Daesh utilisant les civils comme boucliers humains lors des frappes aériennes.

Mais au lieu d'organiser des corridors humanitaires pour que les civils quittent la ville, le gouvernement irakien, comme le souligne le rapport d'Amnesty International publié récemment, a appellé les résidents de Mossoul à rester à l'intérieur de la ville. Malheureusement pour beaucoup d'entre eux, le refuge qu'ils imaginaient être leurs maisons est devenu leurs tombes, alors que les forces irakiennes et américaines ont continué de les prendre pour cibles.

«Des centaines de civils ont été tués par des frappes aériennes à l'intérieur de leurs maisons ou dans des endroits où ils avaient cherché refuge après avoir suivi les conseils du gouvernement irakien de ne pas partir lors de l'offensive censée libérer la ville de Mossoul du groupe armé se faisant appeller Daesh», révèle Amnesty International dans son rapport détaillé basé sur des témoignages. 

La ville elle-même et le camp de réfugiés près de Mossoul sont pleins de gens dont les maisons ont été frappées ou détruites peu de temps après qu'ils les ont abandonnées, en ignorant les conseils du gouvernement.

«Quand nous étions dans notre maison, elle a été frappée par un obus. Nous sommes allés chez mes parents, elle a été frappée par un missile. Partout où on allait, on était bombardés. J'ai entendu dire qu'une frappe aérienne avait détruit notre maison», a raconté un enfant à RT.

«Pourquoi n'y a-t-il pas de précision ? C'est nous qui sommes victimes des frappes aériennes alors que Daesh est une petite souris, pourquoi bombardent-ils la ville ? La ville a disparu», a confié à RT Abu Sayif, résident de Mossoul. «Ils n'ont pas de pitié, pas de pitié, les frappes aériennes sont très mauvaises.»

«C'est le bombardement, ils détruisent tout», ajoute Akram un résident.

D'autres sur le terrain à Mossoul confient à RT que Daesh continue d'utiliser les civils comme boucliers humains pendant les frappes aériennes quotidiennes, de terroriser les résidents et empêcher à quiconque de quitter Mossoul Ouest.

«Daesh nous fait beaucoup de mal, ils nous affament. Il n'y a pas d'eau potable, il n'y a pas de gaz, il n'y a pas de nourriture», raconte Abdlrazaq Abdalkarem Qasim, résident de Mossoul.

«Il y a quatre ou cinq familles qui ne peuvent pas partir, l'intensité des combats a baissé. Ces gens [l'armée irakienne] continuent de se battre, mais ils ne peuvent pas les vaincre, ils [Daesh] utilisent beaucoup de snipers», explique Basim Muhammad Jasim, un autre résident de Mossoul.

«Nous sommes préoccupés par la manière dont meurent les civils depuis le début de l'opération [le 17 octobre]», déclare Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise qui a mené des enquêtes sur le terrain à Mossoul. «Amnesty International craint qu'il y ait un usage disproportionné de la force et cela pourrait constituer des crimes de guerre.»

Donatella Rovera a ajouté que la coalition américaine ne parvenait pas à prendre «toutes les précautions possibles et réalisables pour minimiser les pertes civiles», surtout quand il s'agit de cas où des infrastructures civiles sont détruites.

«Les munitions et tactiques employées à certains moment causent des pertes civiles – notamment dans les cas où les combattants de Daesh sont sur le toit des maisons – des munitions lourdes ont été utilisées qui ont détruit ces maisons et tué les civils qui se trouvaient à l'intérieur», explique-t-elle.

Après la publication du rapport de l'organisme, le Pentagone a admis que sa campagne aérienne à Mossoul «avait probablement joué un rôle» dans l’augmentation du nombre des victimes civiles dans la ville.

«Si ces innocents ont été tués par la coalition, c'était un accident involontaire de la guerre», a déclaré le 28 mars le lieutenant général Steve Townsend, commandant de la coalition de l'opération Inherent Resolve au moment où le Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations unies annonçait qu'au moins 307 personnes avaient été tuées et 273 blessés en un peu plus d'un mois à Mossoul.

Les Etats-Unis affirmednt avec insistance de 200 civils au maximum ont été tués lors des frappes aériennes de la coalition à Mossoul, mais pour l'organisation de contrôle Airwars basée aux Royaume-Uni ce nombre pourrait être dix fois plus élevé.

Quelque 400 000 civils sont encore piégés dans la vieille ville de Mossoul, détenue par les combattants d'ISIS. Ils font face à une pénurie de nourriture et d'électricité, selon les déclarations d'un représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Irak à Reuters, qui a ajouté qu'entre 8 000 et 12 000 personnes quittaient la ville tous les jours.

Lire aussi : Reportage de RT à Mossoul : exode des civils et ville en ruines, le lourd tribut de la libération

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