Des dizaines de civils tués après une frappe de la coalition à Mossoul, une enquête ouverte
- Avec AFP
La coalition internationale menée par les Etats-Unis enquête sur les frappes aériennes qu'elle a portées contre Daesh à Mossoul, en Irak, et qui ont tué des dizaines de civils, selon des témoins.
Des responsables irakiens et des témoins ont attribués les bombardements, qui ont tué des dizaines de personnes ces derniers jours dans l'ouest de Mossoul, à la coalition dirigée par les Etats-Unis. Le bilan officiel n'est pas connu précisément, un responsable irakien évoquant des centaines de victimes.
La coalition internationale a reconnu avoir bombardé le secteur où ces pertes civiles ont été constatées. «A la demande des forces de sécurité irakiennes, la coalition a frappé des combattants et du matériel de Daesh le 17 mars à Mossoul-Ouest dans le secteur correspondant aux allégations de victimes civiles», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
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L'armée de l'air irakienne, qui bombarde également les djihadistes dans la deuxième ville du pays pour soutenir son infanterie, n'a jamais publié d'estimations des victimes civiles.
Boucliers humains
Le 25 mars, Bachar al-Kiki, le chef du conseil de la province de Ninive, a fait état de «dizaines de corps encore ensevelis sous les décombres» après les bombardements aériens à Mossoul, sans préciser quand et où ces raids avaient eu lieu, ni qui les avait effectués.
Le gouverneur de la province, Nawfal Hammadi, a accusé la coalition d'être à l'origine des frappes qui ont tué plus de 130 civils dans le quartier d'Al-Jadida. Il a ensuite évoqué «l'ensevelissement de centaines de corps de martyrs dans les décombres des maisons d'Al-Jadida».
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«Daesh essaie de stopper par tous les moyens l'avancée des forces irakiennes. Il rassemble des civils [...] et les utilise comme boucliers humains», a déclaré Nawfal Hammadi.
D'autres responsables ont parlé de centaines de morts dans d'autres frappes qui ont eu lieu durant plusieurs jours.
Omar Mohanned Sumayr et son oncle Manhal, des civils qui ont aujourd'hui fui Mossoul, ont assuré qu'un immeuble avec 170 personnes à l'intérieur avait été détruit dans une tentative aérienne de neutraliser les combattants de Daesh.
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«Des snipers de Daech sont montés sur les toits, ils ont ouvert le feu sur les forces irakiennes» et un avion les a bombardés avec un missile, a affirmé Manhal. «Notre immeuble est à côté de celui qui a été détruit», a-t-il poursuivi.
Un général irakien, soucieux de préserver son anonymat, a indiqué que les frappes avaient endommagé plus de 27 bâtiments résidentiels, dont trois ont été complètement détruits.
Cette possible bavure est la seconde attribuée à la coalition internationale cette semaine. Le 21 mars, au moins 33 civils avaient péri en Syrie, dans la province de Raqqa contrôlée majoritairement par Daesh, dans un bombardement aérien.
Terribles pertes
L'ONU a exprimé sa «profonde inquiétude» et appelé toutes les parties engagées dans le conflit à épargner les civils à Mossoul. «Nous sommes abasourdis par ces terribles pertes humaines», a déclaré Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak. «Rien n'est plus important que de protéger les civils», a-t-elle poursuivi.
Les combats se concentrent actuellement aux abords de la vieille ville, un dédale de petites rues densément peuplées, guère propice à l'avancée des blindés et où l'usage d'armes lourdes risque de mettre en péril les civils retenus en otage par les djihadistes.
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Il y aurait 400 000 habitants dans la vieille ville, selon un représentant du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en Irak. Et environ 600 000 personnes se trouvent dans des zones encore contrôlées par Daesh, qui représentent 60% de Mossoul-Ouest.
Depuis le lancement, il y a un mois, de l'offensive sur Mossoul-Ouest, 201 275 personnes ont fui les combats dans cette partie de la ville, a indiqué le ministère irakien des Migrations et des Déplacés.
En 2014, Daesh s'était emparé de larges pans du territoire irakien, au nord et à l'ouest de Bagdad. Depuis, les forces de sécurité l'ont chassé de l'essentiel de ces secteurs mais Mossoul-Ouest reste le dernier bastion urbain du groupe djihadiste en Irak.