Pour Amnesty international, les Etats-Unis pourraient être accusés de crimes de guerre à Mossoul
Après avoir été incités à rester chez eux par les forces irakiennes, plus de 150 civils ont été tués dans des frappes de la coalition sur Mossoul, occupée par Daesh. Selon l’ONG, cela remet en cause le caractère licite de ces opérations.
«Les preuves recueillies sur le terrain à l'est de Mossoul font état du schéma alarmant des frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis qui ont détruit des maisons entières abritant des familles. Le grand nombre de civils tués laisse penser que les forces de la coalition n'ont pas pris les précautions adéquates pour éviter leur mort, en violation flagrante du droit international humanitaire, ce qui pourrait constituer une crime de guerre.» Tel est le bilan de Donatella Rovera, conseillère principale d’Amnesty International pour les situations de crise, à l'issue de sa mission en Irak.
Les autorités irakiennes demandent une enquête indépendante sur les frappes à #Mossoul#irakhttps://t.co/NtDXLKr9Wepic.twitter.com/1l8u7wGDHQ
— RT France (@RTenfrancais) 27 mars 2017
«Au lieu d'évacuer les civils de zones nouvellement reprises afin de minimiser le risque qu’ils ne soient blessés dans les attaques, les forces irakiennes semblent les avoir mis encore plus en danger en les encourageant à rester chez eux et en établissant des positions militaires à proximité», a-t-elle poursuivi. Elle a aussi ajouté que l'augmentation spectaculaire des pertes civiles dues à ces frappes aériennes et aux combats au sol entre l'armée irakienne et les combattants de Daesh au cours des derniers mois, soulevait la question du caractère licite de ces opérations.
Le 17 mars 2017, une des attaques aériennes les plus meurtrières menée par la coalition a tué jusqu'à 150 personnes dans le quartier de Jadida, à l'ouest de Mossoul, poussant in fine la coalition à annoncer qu'elle menait une enquête sur cette attaque. Une semaine après l'attaque, la coalition a reconnu avoir bombardé le secteur sans pour autant assumer la responsabilité des pertes civiles.
Des dizaines de civils tués après une frappe de la coalition à #Mossoul, une enquête ouvertehttps://t.co/QQZ9ewaYfGpic.twitter.com/1k8v7RXrif
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Le 28 mars, le président irakien a annoncé avoir suspendu l’opération dans l’ouest de Mossoul dans le but de «trouver des moyens plus satisfaisants pour lutter contre Daesh» et d’enquêter sur les erreurs des Etats-Unis.
«Les relations entre les deux pays sont stratégiques, et une frappe contre un bâtiment abritant des civils ne signifie pas qu’ils l’ont visé exprès», a-t-il néanmoins ajouté.
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Aucun changement dans la stratégie des Etats-Unis «n’est prévu»
Le Pentagone a de son côté renoncé à changer de méthode dans sa lutte contre Daesh. «Le Général Votel [le chef du Commandement central américain] ne prévoit pas de changements. Notre stratégie est bonne et nous comptons nous y tenir», a déclaré le porte-parole du Commandement central américain, John Thomas.
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Selon des témoignages, les résidents de Mossoul doivent faire face à des tirs aveugles de mortier effectués non seulement par les combattants de Daesh mais aussi par les forces irakiennes dans des zones habitées. L'ONG ajoute que les tirs de mortiers ne peuvent pas cibler avec précision une cible militaire et que ce type d'armement ne devrait ainsi jamais être utilisé dans des quartiers densément peuplés.
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